Ce qu’il reste de tout ça

C’est très doux, calme, assez suisse en fait. Un peu comme ces reportages Passe-moi les jumelles.

L’histoire d’un couple, une famille, le temps qui passe et la transmission, l’héritage que l’on laisse à ses enfants. Bien plus qu’une somme d’argent, une histoire, une vie.

L'idée était toujours dans sa tête, mais c'est qu'on ne veut pas y penser. C'est plus facile de garder ça bien caché, alors à la longue ça fait comme si on oublie. Il y a une place particulière pour ce genre de folie dans un cerveau, dans un cœur, mais pas forcément dans la vie. La vie est prenante, alors on donne. Mais c'est qu'une idée s'abîme si on n'en fait rien. Elle s'étend de la tête jusqu'à la poitrine, et puis partout. Comme un œuf qui se répand lorsque sa coquille est brisée.
Ce qu’il reste de tout ça de Fanny Desarzens
Rien de fou-fou, juste la vie.

Avec beaucoup de tendresse, Fanny Desarzens raconte, et c’est beau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce n'est ni la montagne ni la mer. Ça se passe entre les deux, c'est un plateau dans ce niveau du monde. Et ce qui surprend d'abord c'est la couleur. La même teinte qui se décline dans tout ce grand espace. Partout, c'est vert. Ce sont tous ces champs qui quadrillent la terre. Arrangés comme ça ils sont comme des carreaux d'une grande nappe, les uns à côté des autres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Ça fait comme dans une file de gens, on est chargé par exemple d’un paquet et on le donne au suivant parce que c’est trop lourd. Ou au contraire c’est quelque chose de léger qu’on confie au creux de la main à celui qui suit, on referme les doigts sur la paume pour dire : prends en soin. »

Ce qu’il reste de tout ça met en lumière des gens apparemment sans histoire. Mais c’est justement cette banalité qui décuple la portée de leurs actes. Comme ces menues privations pour mettre à l’abri ceux qui leur succéderont.

Un roman qui dit l’attention de toute une vie pour transmettre un bout de soi et léguer des possibles.

Après Galel et Chesa Seraina, qui lui ont valu plusieurs prix littéraires et un accueil élogieux, Fanny Desarzens confirme avec ce troisième roman son statut d’une des autrices les plus talentueuses de sa génération.