Il y a dans ces romans autobiographiques un petit quelque chose qui me dérange. Ne pas pouvoir trancher entre le vrai et l’imaginaire me gène. Pourtant, en quoi cela pourrait-il changer la lecture ? Je ne sais pas trop, mais je n’arrive pas à m’y faire. Certes, pour des questions juridiques, je peux comprendre qu’on s’en tienne au terme « roman », mais même là encore, reste un goût d’inassumé.
En plus, dans ce livre qui explore justement la fiabilité des souvenirs et cette tendance que nous avons tous à remodeler notre mémoire pour la rendre consistante, n’aurait-il pas justement fallu trouver un autre mot ? Un terme indiquant qu’il s’agit d’un livre basé sur des souvenirs, forcément inexacts et remodelés par les années et qui n’engagent en rien de plus ?
Retour sur des années heureuses dans un home d’enfants en Valais. Heureuses ? Vraiment ? Pour toutes et tous ?
C'est un grand chalet aux fenêtres encadrées par des volets peints en vert foncé.
« J'ai passé toutes mes vacances, de mes six ans à mes vingt ans, dans un Home d'enfants situé dans une vallée suisse. Comme à tant d'autres jeunes aux familles absentes, ces heures de marche dans la montagne, les punitions et les frites me plaisaient infiniment. Le chalet était tenu par la famille Ammann, les parents et leurs enfants Patou et Vava. Trois décennies plus tard, je suis retournée dans la vallée, que j'ai trouvée intacte. Quand je commence à écrire ce livre, je le rêve pur comme ce passé. Mais j'apprends que Patou est en prison pour escroquerie, que Vava, mon amie d'enfance, est en souffrance psychique et passe ses journées sur les réseaux sociaux.
Sidérée, j'ai enquêté de manière obsessionnelle. Pourquoi ont-ils renoncé à la réalité pour vivre au pays du mensonge ? Mais répondre à cette question n'était pas suffisant : il m'a fallu ouvrir les yeux sur mes propres impostures. »