Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Si j’imagine que le roman en 1963 a dû paraître impressionnant, il faut dire qu’il a un petit peu vieilli quand même. De plus, difficile de le prendre avec distance, tant les reprises cinématographiques ont modelé mon inévitable à priori.
Reste qu’à sa lecture, il est facile de comprendre pourquoi il a tant fasciné les réalisateurs par son génial scénario et toutes les analogies qu’il met en évidence par ce miroir (pas si déformant que ça) qui nous renvoie une bien sale image de notre humanité.
La planète des singes, un livre qui ne se présente plus et dont l’adaptation avec le flingueur Charlton Heston est assez fidèle malgré une fin qui m’avait semblée plus bien plus aboutie et fantastique sur grand écran
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Jinn et Phyllis passaient des vacances merveilleuses, dans l'espace, le plus loin possibles des astres habités.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Y a-t-il des êtres humains ailleurs que dans notre galaxie ? C’est la question que se posent les trois passagers d’un vaisseau spatial survolant une planète proche de Bételgeuse : on y aperçoit des villes, des routes curieusement semblables à celles de notre Terre. Après s’y être posés, les voyageurs découvrent que cette planète est habitée par des singes qui vont les capturer et les soumettre à diverses expériences. Il leur faudra, devant ces singes, faire la preuve de leur humanité...
Raphaël Enthoven, écrit bien, très bien ! C’est clair, on a le sentiment de comprendre et même d’apprendre et de réfléchir. Mais tout cela, après quelques chapitres, m’a semblé tellement scolaire. Oui, tout est bien déroulé, c’est même parfois drôle ou même personnel (comme le veut la consigne ?). Les digressions permettent de s’échapper pour mieux revenir et bim : voilà ! C’est ça.
Alors, peut-on le lui reprocher ? Je ne sais pas, mais tout cela me laisse quand même l’impression d’avoir écouté un beau parleur.
Et pour le fond ? L’auteur prend le pari que la machine ne pourra jamais philosopher, qu’à tout jamais cela lui restera hors de portée. Et c’est là, justement, que se situe notre humanité.
Attend-on le tome deux, notre humanité n’est pas algorithmique ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Imaginez qu'un beau jour votre conjoint vous demande pour quelle raison vous l'aimez. Et que vous, malheureux, vous aventuriez à répondre à cette question piège...
On peut douter que votre histoire d'amour y survive.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) De la science au droit, de la médecine aux questions militaires, l'intelligence artificielle bouleverse tous nos champs de compétence. Tous ? Non ! En philosophie, l'IA ne sert à rien. Le prototype d'agent conversationnel ChatGPT, qui peut répondre à toute question, trouver une recette de cuisine à partir du contenu d'un réfrigérateur, rédiger un article ou composer un poème sur le sujet de notre choix, qui puise dans l'intégralité du savoir disponible pour en livrer une synthèse en quelques secondes... se trouve comme une poule devant un couteau quand on lui demande de réfléchir.
Quelle énigme ! Pourquoi le geste tout simple qui consiste à trouver une problématique, c'est-à-dire à transformer une question en problème pour en faire la colonne vertébrale d'une réflexion, demeure-t-il hors de sa portée ? À quoi tient cette singularité, ce je-ne-sais-quoi ? Pourquoi la pratique de la philosophie est-elle inaccessible à l'intelligence artificielle ? Et pourquoi l'humanité demeure-t-elle un casse-tête pour la machine ? C'est la même question.
Ce troisième livre de Sébastien Bohler continue dans dans la même ligne et est peut-être le plus intéressant (non, ils le sont tous ! Mais c’est peut-être le plus déculpabilisant et, paradoxalement, le plus alarmiste), en tout cas le premier qui vise un coupable plus global que les précédents, Le bug humain et Où est le sens ?
Et si l’humanité se dirigeait à sa fin (emportant avec elle nombre de victimes) non pas à cause des humains qui la compose, mais de son intelligence de groupe déficiente. Et si l’humanité était un psychopathe à enfermer, à museler.
La démonstration est brillante ! Il est temps de menotter le monstre !
Pourtant, peut-on innocenter l’individu ? N’est-ce pas trop facile de nous disculper ? Nous, les collabos responsables à l’insu de leur plein gré mais pas coupables ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le bout du voyage
Nous, humains, avons parcouru un long voyage. Au fil de dizaines de milliers de générations, nous avons tracé notre route sur Terre. Nous avons prospéré, nous sommes multipliés, avons fondé des civilisations. Persuadés qu'après nous viendraient d'autres humains. Des enfants qui transmettraient le flambeau de la vie et exploreraient d'autres horizons.
Nous nous croyions éternels.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Et si le propre de l'Homme n'était pas le rire, le langage ou l'aspiration à l'éternité, mais son pouvoir de destruction ? Dérèglement climatique, hausse des températures, montée des eaux, pandémies... nous allons droit à la catastrophe.
Le responsable de cette catastrophe est l'humanité elle- même. À force de grandir et de recouvrir toute la surface de la Terre, elle se comporte comme un cerveau géant et surpuissant, doté d'une infinité de connexions.
C'est ce cerveau qui prélève des ressources sur la Terre, produit des millions de SUV et de smartphones, fait travailler les humains sans relâche et recrache des milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Mais à quoi pense cet organe ? A-t-il des désirs ? Des émotions ? Quels sont ses plans ?
Dans Human Psycho, Sébastien Bohler adopte une démarche clinique pour analyser le cerveau global qu'est devenue l'humanité, comme un psy le ferait avec son patient.
Le constat qu'il livre est glaçant : ce cerveau possède les traits caractéristiques d'un psychopathe. Il coche toutes les cases du profil psychologique d'un serial killer qui massacre sa victime - la planète.
Alors, peut-on le soigner ? Tel est le questionnement ultime de cet ouvrage, qui nous emmène sur une crête étroite entre néant et espoir
Un des meilleurs pires essais que j’ai pu lire sur la fuite en avant de notre civilisation et l’origine de ses causes dans le fonctionnement de notre cerveau. Brillant !
Après Le bug humain qui se terminait d’une façon un peu désespérante sa conclusion semble encore plus sombre…
… enfin, plus sombre selon la foi que l’on peut placer dans l’humanité.
Comment le cortex cingulaire essentiel à notre survie et à la réussite de l’humanité nous mène à notre propre perte, comment le sens est indispensable à nos vies et tous les dénis nécessaires à la survie dans cette chute aux compensations matérielles.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'humanité du XXIe siècle vit un cauchemar, mais nous avons une opportunité unique de nous réveiller.
Notre monde est ou bord de l'asphyxie. Les espèces vivantes s'éteignent, les calottes glaciaires se liquéfient, les eaux montent, la température grimpe. Demain, nous serons exposés à des pénuries, à des migrations climatiques, et devrons lutter contre de nouvelles pandémies.
Sommes-nous à ce point impuissants et résignés à périr ?
Certainement pas !
Une ressource insoupçonnée se trouve enfouie dans notre propre cerveau. Un centre nerveux appelé cortex angulaire nous pousse sans relâche à chercher du sens à nos existences. Cette quête de sens peut nous détourner de la croissance aveugle qui prépare notre perte.
Il s'agit de rééquilibrer notre cerveau en donnant la priorité à ce cortex cingulaire pour fonder une société basée sur la cohérence, la signification et le lien, qui nous motivera à moins produire et à ne plus consommer inutilement.
Ce centre cérébral est en chacun de nous. Depuis longtemps nous l'avions oublié. Aujourd'hui nous pouvons le réactiver !
Dans ce recueil de nouvelles, Philippe Claudel revisite les atmosphères pesantes qu’il avait explorées dans le rapport de Brodeck.
Des odeurs de mort et de culpabilité, des bribes d’espoir et d’humanité
Une écriture magnifique pour décrire l’absurdité et la folie des guerres où l’innocence côtoie les bourreaux dans une pulsion de vie qui a perdu son sens
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un roman décomposé évoquant l'histoire, la guerre et la perte à travers les destins de personnages qui reviennent, comme dans une ronde : un soldat, déserteur ou rescapé, un homme âgé, ressassant un passé qui n'en finit pas, un certain Viktor, une fille cruelle qui maltraite le pensionnaire d'un hospice, un homme paisible qui chantonne à son heure des marches nazies
Un titre à deux entrée, Rosette refoulée pour faire un exemple, mais aussi Rosette comme exemple de la dangereuse inhumanité administrative lorsqu’elle est en main de personnes mal préparées, mal formées ou plus simplement racistes, antisémites, xénophobes …
Un livre en mémoire pour une histoire qui ne cesse de se répéter.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Menacée d'arrestation en France, Rosette Wolczak franchit la frontière suisse le 24 septembre 1943. En raison de son âge et conformément aux directives fédérales, cette adolescente juive doit être accueillie. Or, le 16 octobre, elle est refoulée pour raison disciplinaire et avoir « outragé les moeurs ». Arrêtée par les Allemands, elle est déportée à Auschwitz. Elle n'en reviendra pas.
Que s'est-il passé à Genève ? Qu'a-t-elle commis de particulièrement grave pour être renvoyée en France alors que les Allemands multiplient les arrestations ? Qu'a fait cette adolescente de quinze ans et demi pour justifier une mesure aussi cruelle à une époque où les militaires en poste à Genève n'ignoraient pas que les Juifs arrêtés étaient déportés vers l'est ?
Claude Torracinta a voulu comprendre les raisons d'une décision arbitraire que rien ne justifiait. Il a mené l'enquête en Suisse, en France et en Allemagne. Il a retrouvé dans les archives les fragments d'une vie dont le destin tragique s'est joué à Genève en octobre 1943. Victime de l'antisémitisme de certains militaires et de la rigueur avec laquelle était appliquée la politique fédérale à l'égard de ceux qui tentaient de trouver refuge en Suisse, Rosette a droit à réparation. Septante-deux ans près sa disparition, ce livre lui rend justice