Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Le roman d’un effondrement, d’une prise de conscience.
En lui refusant son adhésion au Country Club local, le gérant d’un commerce de la ville se fait remettre à sa place au sein de sa communauté. Il n’est pas des leurs ! La boule noire de Georges SimenonMais qui est-il ? C’est alors qu’il apprend le décès de sa mère, cleptomane et alcoolique.
Un roman bien sombre sur l’hypocrisie sociale… Une triste colère désabusée
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le petit moteur de la tondeuse à gazon communiquait sa trépidation au bras de Higgins et, par son bras, à son corps entier, de sorte qu'il n'avait plus l'impression de vivre au rythme de son propre cœur mais à celui de la machine. Rien que dans la rue, il y en avait trois, plus ou moins pareilles, qui fonctionnaient en même temps, avec le même bruit rageur, parfois des ratés, et, quand l'une d'entre elles s'arrêtait, on en entendait d'autres plus loin dans le quartier.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'existence de Walter Higgins ne se distingue en rien de celle de ses voisins. Il vit dans une maison typique de l'élégant quartier de Maple Street. Une satisfaction manque cependant au bonheur de Higgins : son admission au Country Club dont les membres, notables de la cité, semblent s'ingénier à lui interdire l'entrée. Cette année encore, une boule noire a sanctionné le vote.
Les derniers Maigret sont (pour moi) les plus savoureux. Le trait y est plus fin, l’énigme moins dense passe au second plan et les personnages prennent réellement corps.
Maigret et le marchand de vin de Georges Simenon
Ici, c’est du meurtre d’un chef d’entreprise dont il s’agit. Un homme à femme, imbuvable (et pour un marchand de vin, c’est bien triste), féroce et odieux. Et Maigret grippé de chercher – bon gré, mal gré – son assassin.
L’occasion pour un Simenon anthropologue de Paris de décrire une ville libertine tournant autour d’un petit tyran puant
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) - Tu l'as tuée pour la voler, n'est-ce pas ?
- Je ne voulais pas la tuer. La preuve, c'est que je n'avais qu'un revolver d'enfant.
- Tu savais qu'elle avait beaucoup d'argent ?
- Je ne savais pas combien. Elle avait travaillé toute sa vie et, à quatre-vingt-deux ou quatre-vingt-trois ans, elle devait avoir des économies.
- Combien de fois es-tu allé lui demander de l'argent ?
- Je ne sais pas. Plusieurs fois. Quand je venais la voir, elle savait pourquoi j'étais là. C'était ma grand-mère et elle me donnait automatiquement cinq francs. Vous vous rendez compte ? Quand on est chômeur, qu'est-ce qu'on peut faire avec cinq francs ?
Maigret était grave et lourd, un peu triste. C'était l'affaire banale, le crime sordide comme il s'en produit à peu près chaque semaine, le garçon de moins de vingt ans qui s'attaque à une vieille femme seule pour la dépouiller.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Qui a pu assassiner Oscar Chabut, opulent négociant en vins, réputé pour sa férocité en affaires, alors qu'il sortait avec sa secrétaire d'une maison de rendez-vous?
Quel est le personnage insaisissable qui, à chaque stade de l'enquête, met ses pas dans les pas de Maigret, lui écrit, lui téléphone même, pour lui dépeindre Chabut comme une crapule?
La vérité n'échappera pas longtemps au plus célèbre enquêteur que la P.J. ait compté dans ses rangs... Mais ici, comme dans ses dizaines d'enquêtes, c'est moins la vérité des faits qui intéresse Maigret que celle des hommes. C'est la personnalité de Chabut qu'il reconstitue post mortem, à petites touches, au gré des témoignages et des aveux. Et c'est une vérité humaine encore qui le fascinera en écoutant la confession de l'assassin. Vérité toujours confuse, imparfaite, en demi-teintes, qui donne à l'univers romanesque de Georges Simenon son ambiance et sa saveur inimitables
A cette époque, celle de nos grands-parents, les maîtres et maîtresses étaient tout puissants et régnaient sur les classes dociles. La punition était sévère et nul ne pouvait la remettre en cause. De là à devenir cruels…
Élise de Fabian Menor
Basé sur des histoires racontées par sa grand-mère, Fabian Menor tente de nous faire revivre ces maltraitances dans les campagnes, au pays des joies de l’enfance et de la cruauté gratuite.
Mais il m’a manqué quelque chose, des émotions mieux traduites ou peut-être un scénario plus épais
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À une époque où les professeurs ont le droit de lever la main sur les élèves, le quotidien d'Élise ressemble à celui de n'importe quelle petite fille.
Enfin presque...
Une femme face à la violence, celle des mots et la destruction du couple. Une femme confrontée au besoin de blesser et les excuses qui suivent. Humiliée et rabaissée devant leurs enfants.
Trancher de Amélie Cordonnier
Fuir ou rester ?
Il faut trancher !
Et c’est un peu là où trancher m’a un peu déçu.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Des pages et des pages de notes. Tu as noirci des centaines de lignes de ses mots à lui. Pour garder une trace, tenter de les désamorcer, avec le pathétique espoir qu'ils aillent s'incruster ailleurs qu'en toi. »
Cela faisait des années qu'elle croyait Aurélien guéri de sa violence, des années que ses paroles lancées comme des couteaux n'avaient plus déchiré leur quotidien. Mais un matin de septembre, devant leurs enfants ahuris, il a rechuté : il l'a de nouveau insultée. Malgré lui, plaide-t-il. Pourra-t-elle encore supporter tout ça ? Elle va avoir quarante ans le 3 janvier. Elle se promet d'avoir décidé pour son anniversaire.
D'une plume alerte et imagée, Amélie Cordonnier met en scène une femme dans la tourmente et nous livre le roman d'un amour ravagé par les mots