Des fleurs pour Algernon

C’est après avoir vu la brillante interprétation de Charlie au Théâtre de Carouge, librement inspiré Des fleurs pour Algernon, que j’ai commandé ce livre. Et si la pièce m’avait marqué, le livre est bouleversant.

Charlie au Théâtre de Carouge, mis en scène par Christian Denisart

Charlie est idiot et des chercheurs vont tenter de booster son intelligence. L’expérience fonctionne au delà de toutes les espérances, mais…

Maintenant, il avait une image claire de la mère de Charlie, criant sur lui, une ceinture de cuir à la main, et de son père qui s'efforçait de la retenir.
 - Assez, Rose! Tu vas le tuer! Laisse-le!
Et sa mère qui cherche encore à le battre, même maintenant qu'il est hors de portée et que la ceinture passe en sifflant près de ses épaules tandis qu'il s'écarte en se traînant sur le plancher.
 - Regardez-le ! hurle Rose. Il ne peut pas apprendre à lire et à écrire mais il en sait assez pour regarder une fille en pensant à ça. Je lui ferai passer ces horreurs de la tête !
 - Il n'y peut rien si cela lui fait de l'effet, c'est plus fort que lui. C'est normal. Ce n'est pas sa faute.
 - Il n'a pas à penser à ça en regardant les filles. Qu'une amie de sa sœur vienne à la maison et il se met à penser à ça! Je lui apprendrai, et il ne l'oubliera pas. Tu entends? Si jamais tu touches à une fille, je te mettrai dans une cage comme un animal pour tout le reste de ta vie. Tu m'entends ?
Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes

Un livre sur la différence et le regard de l’autre… Mais beaucoup d’autres thématiques sont traitées ici avec une très grande finesse au travers de la mère de Charlie et de toute sa famille, de ses premiers émois et de sa maturité émotionnelle qui ne suit pas linéairement son intelligence, du fait qu’il ne soit qu’un cobaye comme Algernon, de son regard sur les autres…

Les gens n'ont pas été méchants envers toi. Qu'en savez-vous? Écoutez, les meilleurs d'entre eux n'étaient que condescendants, dédaigneux - ils se servaient de moi pour se croire supérieurs et sûrs d'eux- mêmes dans leurs propres limites. N'importe qui peut se sentir intelligent auprès d'un faible d'esprit

Un conte multifacettes qui nous parle de notre humanité

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Conte randu N° 1
3 mars. Le Dr Strauss dit que je devrez écrire tout ce que je panse et que je me rapèle et tout ce qui marive à partir de mintenan. Je sait pas pourquoi mais il dit que ces un portan pour qu'ils voie si ils peuve mutilisé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Algernon est une souris dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l'intelligence. Enhardis par cette réussite, les savants tentent, avec l'assistance de la psychologue Alice Kinnian, d'appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d'esprit. C'est bientôt l'extraordinaire éveil de l'intelligence pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l'amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser. Mais un jour, les facultés supérieures d'Algernon commencent à décliner...

Déréglée : journal d’une ménopause

Vous approchez de la cinquantaine et vous êtes une femme : ne lisez pas forcément ce roman graphique, ça risquerait de vous faire peur. Quoique, c’est tellement drôle ! Tout compte fait : lisez-le, c’est trop bien foutu.

Vous approchez de la cinquantaine et vous êtes un homme (ou si vous n’êtes pas personnellement concerné-e par la ménopause) : lisez le absolument ! En plus de passer un bon moment, vous apprendrez quelque chose et vous changerez probablement votre regard !

Déréglée : journal d’une ménopause de Francine Oomen

Après une première partie consacrée à la ménopause et aux dérèglement physiques, mentaux, sociaux, humains… qu’elle peut induire (oui, Francine parle d’elle et de son cas précis, difficile d’en tirer des généralités), la seconde partie est beaucoup plus introspective (et encore plus touchante)

Un vrai bijou de bande dessinée à la créativité assez folle !

J’ai adoré !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le titre... Euh... Hum... Quelque chose avec le mot ménopause ? Ménopause : le guide de survie ? Non ! Comment j'ai survécu à la ménopause ? Comment j'ai vécu la ménopause ? Non plus, ça ne va pas ! Euh... Déréglée, journal d'une ménopause ?
Yes ! Je l'ai ! Yes !

Merde... Encore une bouffée de chaleur !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un roman graphique bourré d'humour, dans lequel Francine Oomen décrit sa traversée personnelle de la ménopause et la crise existentielle qui l'accompagne.
À 52 ans, Francine ne comprend pas ce qui lui arrive : cerveau en compote, bouffées de chaleur, sautes d'humeur, syndrome de la page blanche... Elle ne se reconnaît plus. Jusqu'à ce qu'elle identifie la source de ces bouleversements : la ménopause bien sûr !
Avec fraîcheur, sincérité et humour, l'autrice nous entraîne dans sa traversée personnelle de cette période si redoutée, dont les symptômes envahissants la plongent dans une crise existentielle et la poussent dans une introspection aussi douloureuse que salutaire.
Et si le secret, pour se libérer des injonctions de la société et des traumatismes du passé, c'était de ralentir ? Et si, pour surfer la grande vague de la ménopause, il fallait d'abord accepter de s'y jeter ?

La paix des ruches

Publié la première fois en 1947, ce livre commence par cette phrase incroyable et puissante :
« Je crois que je n’aime plus mon mari. »

Nul besoin de dire qu’à l’époque (avant même Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir), il dû surprendre !

C'est que nous étions des amoureuses, et qu'ils ont fait de nous des ménagères, des cuisinières... Voilà ce que nous avons peine à leur pardonner.
La paix des ruches de Alice Rivaz

Et malgré quelques longueurs (trouvais-je), voilà un génialissime explicatif des injonctions faites aux femmes, inégalités, épuisements… (et encore, passe-t-on ici l’épisode de la maternité)

Les hommes, m'expliquait ma jeune voisine dans son lit d'accouchée, croyez-moi, c'est la simplicité même! Là où vous imaginez qu'il y a quelque chose, en général, il n'y a rien. Oui, croyez-moi. Je m'en suis vite aperçue, heureusement. Deux ou trois mois après mon mariage.

Et alors ? septante-cinq ans plus tard… on fait le bilan ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je crois que je n'aime plus mon mari.
Et dire que toute ma famille s'imagine que c'est l'homme de ma vie parce que pendant longtemps j'ai beaucoup peiné, travaillé pour lui, à cause de lui. Mais est-ce à cela que se mesure l'amour? Je ne le pense pas. Ce qui se mesure là, ce qui porte témoignage, n'est-ce pas plutôt une certaine obéissance à une destinée?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je crois que je n'aime pius mon mari. » Ainsi s'ouvre le Journal dans lequel Jeanne raconte les désillusions de sa vie avec Philippe. Au fil des pages, elle observe ses congénères masculins, époux en tête ; note les conversations qu'elle tient avec collègues et amie au sujet de l'amour ; et livre une réflexion sans dogmatisme ni discours idéologique sur la condition des femmes et leurs relations aux hommes, « dans un mélange d'acuité impitoyable et d'espoir obstiné »
(Mona Chollet)

Cher connard

Au travers d’un roman épistolaire, Virginie Despentes propose un recueil de pensées sur la société, les drogues et autres addictions, la masculinité toxique, #metoo, les réseaux sociaux et leurs shitstorms.

Et ça ne servirait à rien.
Qu'est-ce qu'on peut faire pour l'ami qui veut retomber? Exiger qu'il se reprenne en main ? Qu'est- ce qu'on peut faire pour l'amie qui rencontre la mau- vaise personne et ça se voit qu'elle va prendre une trempe carabinée et on sait qu'elle n'en sortira pas indemne mais elle est possédée, aimantée, et n'a que faire de notre mise en garde.
Cher connard de Virginie Despentes

Des pensées à plusieurs strates qui s’approfondissent, se répondent, se démasquent et évoluent au fil des échanges.

Rebecca
Je me suis déjà fait la réflexion qu'il y avait beaucoup de gars dans les réunions qui parlaient de leur viol. Ou d'inceste. Ou de pédophilie. Je ne comprends pas qu'on ne les ait pas plus entendus, pendant MeToo. Ça m'étonnerait beaucoup que ce soit par décence, pour laisser la parole aux femmes. Je crois plutôt qu'ils ont compris que ça coûtait trop cher, de parler. Je ne m'explique pas la honte de la victime. J'y crois - mais je ne comprends pas. On dit que la honte va avec la colère. C'est faux. Je n'ai jamais eu honte. J'ai envie de tuer les gens. C'est différent.

Un œil vif, un verbe tranchant et pourtant une parole qui ne cesse de s’interroger

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
OSCAR
Chroniques du désastre
Croisé Rebecca Latté, dans Paris. Sont remontés à ma mémoire les personnages extraordinaires qu'elle a interprétés, femme tour à tour dangereuse, vénéneuse, vulnérable, touchante ou héroïque combien de fois je suis tombé amoureux d'elle, combien de photos d'elle, dans combien d'appartements, au-dessus de combien de lits j'ai pu accrocher et qui m'ont fait rêver.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Roman épistolaire entre Rebecca, une actrice quinquagénaire séduisante, Oscar, un écrivain trentenaire peu connu victime du syndrome de la page blanche et Zoé, une jeune féministe accro aux réseaux sociaux. Ces trois individus à la personnalité abrupte, tourmentés par leurs angoisses, leurs névroses et leurs addictions, sont amenés à baisser les armes quand l'amitié leur tombe dessus

Ma belle,

Quelle coup de coeur pour Ma belle, ! Une vraie merveille !

Elle appela un chasseur et lui dit : « Tu vas prendre l'enfant et l'emmener au loin dans la forêt : je ne veux plus la voir devant mes yeux. Tu la tueras et tu me rapporteras son foie et ses poumons en témoignage. »
Blanche-Neige, Jakob et Wilhelm Grimm

Plusieurs fois, dans cette lecture, je me suis demandé où elle allait. Après 50 pages, 100, 150 je me disais : « c’est bon, on a fait le tour du sujet, que dire de plus ? ». Mais non, j’ai été surpris jusqu’à la dernière et elles m’ont toutes enchanté. Un vrai cadeau !

On formera une belle équipe, tous les trois.
D'abord parce que j'ai trop aimé mon enfance pour ne pas aimer celle des autres, inconditionnellement.
Et puis, parce que j'ai « bon caractère ». C'est inscrit jusque sur ma carte d'identité : « Louise Prévenant ». Peut-être que ça ne m'a pas donné d'autre choix. Peut-être que tout aurait été différent si je m'étais appelée « Louise Méfiante » ou «< Louise Vabientefairefoutre »
Les disputes, je les fuis comme la peste. Je n'ai jamais été en conflit avec qui que ce soit - la fille à l'accueil de la préfecture, ça ne compte pas, c'est elle qui avait commencé.
Ma belle, de Camille Anseaume

L’histoire d’une petite fille trop belle, de son père et sa mère (tellement trop belle aussi) qui se séparent et… la nouvelle copine du père (la belle-mère, donc).

Je n'ai aucune envie de rentrer. Dans l'après-midi, je saute dans un train en direction de chez ma mère.
« Tu as une mine horrible ma chérie.
Merci, toi aussi, je peux entrer ? »
Elle sort une bouteille, deux verres, une pizza napolitaine, ma préférée.
« Tu as maigri ma puce, tu m'inquiètes. Qu'est-ce que tu as ?
- Une belle-fille.

Un livre où la marâtre parle à sa belle-fille, lui raconte leurs difficultés relationnelles, ses inquiétudes, ses ras-le-bol, ses désespoirs, son amour pour son père, sa difficulté à trouver sa place, le manque de courage du père, les intrusions de la mère, les soucis de l’adolescence…

Un livre magnifique, drôle et touchant sur les familles recomposées et le fardeau de la beauté de Blanche-Neige

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était une fois tes parents, toi, et moi.
Ça se passe dans un royaume lointain, au-delà du périph, duquel on voit s'élever les tours comme des doigts d'honneur au ciel.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Enthousiaste à l’idée de rencontrer sa belle-fille, Louise ne s’attend pas à devenir une marâtre de contes de fées. Avec Blanche cependant, elle se heurte à un mur de glace. Sublime, triste et mutique, la petite fille à la peau blanche comme la neige, aux cheveux noirs comme l’ébène et aux lèvres rouges comme le sang oppose à la bonne humeur de Louise un dédain constant, sous l’œil complice de son père qui, subjugué par la beauté de sa fille, est aveugle à ce qui se trame. Leur relation va vite s’empoisonner. Acerbe et drôle, Louise raconte la difficulté à trouver sa place de « belle-mère », ses complexes et ses insécurités exacerbées par l’ombre de l’ex-femme idéalisé

Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul

Attiré bien sûr par la couv’ et le titre très tentants, je suis tombé sur un livre féministe des plus intimes et passionnants. Alors certes, il y a quelques longueurs, mais quel journal !

Je crois que c'est une de mes névroses fondatrices, une des dernières sur lesquelles je bute encore aujourd'hui : d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours considéré le sexe comme une monnaie d'échange contre de l'amour. Voulant être aimée et acceptée, j'ai toujours cru que j'obtiendrais le nécessaire en échange de faveurs sexuelles.
Et surtout j'ai très longtemps confondu désir et amour.
Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul de Noémie de Lattre

Premièrement, c’est très drôle et Noémie se livre sans détours. Mais ce que j’ai trouvé vraiment bien foutu, c’est qu’elle débriefe son propre journal au fil de sa lecture. Et là, ça devient très intéressant.

Personne ne m'a parlé du plaisir sexuel animal de l'allaitement. Je n'en reviens pas. Cela dit, c'est logique. Dans un cas je suis tout à mon amour maternel, donnant à mon enfant un sein nourricier. Dans l'autre je suis en mode chagasse offrant à mon amant un nichon putassier. Mais peu importe la valeur symbolique que j'y mets, ça reste mon téton qui est sucé !

On assiste à la naissance de sa conscience et de son activisme féministe dans une démarche très personnelle (et souvent absolument universelle). Le journal d’une femme qui se bat et qui apprend à s’aimer et se connaitre.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La Reine de la Pipe
12 mars 2005
Merde ! Mais qu'est-ce que j'ai ? C'est quoi le problème ? J'ai une odeur ? Un truc horrible caché dans le vagin ou tatoué dans le dos qui fait fuir tous ceux qui s'approchent trop près ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Me voici donc, toute nue, toute véhémente, toute dérisoire. Voici les méandres de ma tête et de mon cœur. Voici ma pulpe, le bois dont je suis faite. »
PS : À ma famille, mes ex et à leurs parents : s'il vous plaît, ne lisez pas ce livre. Je vous aime