Nafasam

Un livre beau comme l’amour, dépaysant comme l’exil, questionnant comme la religion, délicieux comme le tadig et triste comme la maladie.

La cuisine iranienne s'apprend en secret. Tu ne poses pas de questions. Tu ne demandes pas. Tu observes. Tu goûtes. Tu traînes des heures entières en cuisine. Tu soulèves les couvercles. Tu te promènes avec une cuillère. Et tu regoûtes. Tu respires. Respire l'odeur. Et tu reconnais. Tu comprends. C'est cette épice qui donne ce goût-là. Tu regardes la viande qui mijote. Le mouvement de la très vieille cuillère en bois. Et tu enregistres. Tu apprends. Sans qu'on le sache. Tu deviens une femme qui sait faire.
Un jour, tu cuisineras au grand jour. Tu surprendras alors les autres femmes qui savent. Elles te regarderont autrement.
Nafasam de Chirine Sheybani

L’histoire d’une fille de famille juive ayant fuit le régime du Shah d’Iran pour les États-Unis et se retrouvant à Genève pour ses études et… Rencontrer Augustin. Une histoire d’amour au parfum des cuisines.

Sepideh attend. Encore une autre salle d'attente. Elle regarde le mur. Il n'y a pas de fenêtre. Elle aimerait voir dehors. Ça serait plus facile. Elle pense. Putain, quand même. Sepideh ne jure jamais. Et encore moins en français. Pourtant elle pense. Putain, quand même. Tu mets une vie à la construire. Une vie. Tu la construis. Tu t'appliques. Et c'est un château de cartes. Un souffle. Un coup trop fort. Et pouf. Tout tombe. Tout s'écroule. Toutes ces cartes que tu as disposées. Imbriquées. Toutes ces réflexions. Toutes ces hésitations. Pour faire bien. Pour faire au mieux. Tous ces choix. Toutes ces décisions. Et un jour. Un mec en blouse blanche. Te dit, ça ne va pas.

Une histoire de vie magnifique qui vibre au rythme des émotions

PS pour l’éditeur : Chères éditions cousu mouche, s’il vous plait, plus de polices sans-serif qui ne mettent pas vraiment en valeur vos textes. J’ai eu l’impression de lire un horaire de gare.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Augustin est assis en tailleur sur le tapis.

Elle s'asseyait toujours en tailleur. Partout. Sur les chaises, les fauteuils. Les canapés. Et par terre, évidemment.

Il y a du soleil dehors. Doux. Un chuchotement de lumière.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Augustin et Sepideh. Deux destins. Une rencontre. L’histoire d’un amour. En allant picorer dans leur existence, Chirine Sheybani parle de culture, d’identité, de cuisine, de maladie et d’amour.

À travers le personnage de Sepideh, elle raconte le destin des juifs iraniens, exilés sur leurs terres, puis de par le monde. Elle évoque la dignité de ces hommes et de ces femmes qui se construisent sans racines.

Chirine Sheybani dépeint aussi, au fil de pages puissantes, le combat contre la maladie et le droit de chacun d’écrire le mot fin de son histoire.

Écrit dans un style âpre, haché, et maîtrisé, Nafasam vous entraîne au plus près d’un couple attachant, dans l’intimité de Sepideh la fière et d’Augustin le conciliant.

La muette

Mariée de force, battue et violée par son mari, Fatemeh va être pendue dans quelques jours. Elle en profite pour écrire son histoire, la suite des événements qui ont précédé la sentence.

On l'a enterrée dans la parcelle du cimetière réservée aux criminels pour que son péché d'adultère ne contamine pas les vertueux musulmans. Misérables humains que les pauvres croyants. Les jours qui ont suivi j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
Sept jours après l'enterrement, un homme sonna à notre porte, mon petit frère a ouvert. Ton père est là ? a dit une voix masculine qui tenait à se faire entendre. Mon père s'est levé, il s'est entretenu quelques minutes avec l'inconnu, en laissant la porte entrouverte derrière lui, puis il est rentré, l'air accablé, a fermé la porte, s'est affaissé sur le kilim. Il tenait un papier à la main
La muette de Chahdortt Djavann

Aujourd’hui, des femmes sont lapidées pour être tombées amoureuses et avoir eu des relations en dehors du mariage. Aujourd’hui, des femmes sont violées et battues en toutes impunité.

Chahdortt Djavann raconte à travers la voix de Fatemeh, une vie de femme en Iran. Et c’est glaçant !

Une autrice indispensable, une plume qui découpe les faux-semblants mieux qu’un scalpel

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai quinze ans, je m'appelle Fatemeh, mais je n'aime pas mon prénom. Dans notre quartier, tout le monde avait un surnom, le mien était la nièce de la muette. La muette était ma tante paternelle. Je vais être pendue bientôt : ma mère m'avait nommée Fatemeh parce que j'étais née le jour de la naissance de Mahomet, et comme j'étais une fille, elle m'avait donné le prénom de la fille du Prophète. Elle ne pensait pas qu'un jour je serais pendue ; moi non plus.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai quinze ans, je m'appelle Fatemeh mais je n'aime pas mon prénom. Je vais être pendue bientôt... »

L'amour fusionnel d'une adolescente pour sa tante muette, l'amour passionné de celle-ci pour un homme tournent au carnage dans l'Iran des mollahs. Chahdortt Djavann fait un récit incisif et dénué de tout artifice. Une histoire qu'on n'oublie pas.

Bas les voiles !

Que signifie le voile, socialement, culturellement, religieusement ?
Chahdortt Djavann a une vision très claire sur la question. Née en Iran et ayant vécu l’arrivée de l’ayatollah Khomeini elle l’a porté de 13 à 22 ans.

De treize à vingt-trois ans, j'ai été réprimée, condamnée à être une musulmane, une soumise, et emprisonnée sous le noir du voile. De treize à vingt-trois ans. Et je ne laisserai personne dire que ce furent les plus belles années de ma vie.
Bas les voiles ! de Chahdortt Djavann

Elle dénonce dans ce court, mais très pertinent essai, l’aveuglement d’une société démocratique et laïque – la France – qui permet que des jeunes filles mineures se retrouvent obligées de porter le voile.

Et tout d’abord, pourquoi voile-t-on les filles ? Pourquoi que les filles ? Que veut-on montrer en cachant leurs cheveux, leur corps ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai porté dix ans le voile. C'était le voile ou la mort. Je sais de quoi je parle.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Mais qu'est-ce que c'est que porter le voile, habiter un corps voilé ? Que signifie être condamnée à l'enfermement dans un corps voilé puisque féminin ? Pourquoi voile-t-on les filles, seulement les filles ? Pourquoi cache-t-on leur corps, leur chevelure ? Qui a le droit d'en parler ?

J'ai porté dix ans le voile. C'était le voile ou la mort. Je sais de quoi je parle.»

Broderies

Mais de quelles broderies parle donc Marjane ici ?

Broderies de Marjane Satrapi

À Téhéran (et ailleurs) les femmes (aussi) se réunissent et parlent entre elles. Dans la famille Satrapi, ces discussions ont été élevées au rang d’art social. Marjane ouvre la porte et nous invite à pénétrer dans Saint des saints.

Quand le serpent vieillit, la grenouille l'encule.

Un album peut être un peu moins hallucinant et créatif que Persepolis mais absolument hilarant !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était vraiment succulent !
Merci.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Chez les Satrapi, lors des fêtes de famille, lorsque le ventre est bien rempli et que les hommes font la sieste, les femmes se réunissent autour d'un samovar et pratiquent la ventilation du coeur, c'est-à-dire qu'elles échangent des anecdotes sur des thèmes comme l'amour, le mariage ou le sexe. Une vision de la place des femmes dans la société iranienne.

Persepolis, tome 4

Après 4 ans en Autriche, Marjarne est de retour à Téhéran où les choses ne se sont pas arrangées et les droits des femmes se sont encore réduits (tous les droits, en fait). La guerre Iran-Irak s’est terminée et bientôt arrivera celle du Koweït.

Persepolis, tome 4 de Marjane Satrapi

Dans cet univers Marjane se reprend en main et devient prof d’aérobic (si, si, vraiment !). Puis elle rencontre Réza et retourne à l’université en arts graphiques et… se marie !

Un quatrième épisode sur la vie d’une femme dans une dictature religieuse, entre fêtes de nuit et interdits du jour, une vie schizophrène à la recherche d’un filet d’air libre

Persepolis 1
Persepolis 2
Persepolis 3

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le retour
Après quatre années de vie à Vienne, me revoilà à Téhéran. Dès mon arrivée à l'aéroport de Mehrabad et à la vue du premier douanier, je sentis immédiatement l'air répressif de mon pays.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Inconnue trois ans avant la fin de la saga, notre Prophète préférée est devenue entretemps un phénomène littéraire et médiatique qui dépasse les frontières habituelles de la bande dessinée. Ce quatrième Tome relate le retour de Marjane Satrapi dans l'Iran islamique et ses années de Beaux-Arts, jusqu'au moment de son exil en France

Persepolis, tome 3

Pour la protéger, les parents de Marjane l’envoient dans une école catholique francophone à Vienne.

Persepolis, tome 3 de Marjane Satrapi

Elle y découvre la solitude de l’exil, la difficulté de lier des amitiés, la barrière de la langue et des cultures, le racisme à l’âge des grands bouleversement du passage à l’âge adulte. Et ce n’est pas simple du tout.

Et l’amour ? Ah, l’amour ?

Une suite à la créativité un peu moins époustouflante, pour une période moins innocente, moins protégée et… complètement paumée en fait

Persepolis 1
Persepolis 2
Persepolis 4

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La soupe
Novembre 1984. Je suis en Autriche. J'étais venue là dans l'idée de quitter l'Iran religieux pour une Europe laïque et ouverte et que Zozo, la meilleure amie de ma mère, m'aimerait comme sa propre fille.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pour ce troisième volume (prépublié dans le cahier d'été 2002 de Libération), nous découvrons l'exil de la petite Marjane en Autriche, ses expériences chez les bonnes sœurs et chez les autres exilés iraniens, l'apprentissage d'un Occident qui la surprend et l’amène à revendiquer haut et fort ses origines

Persepolis, tome 2

La révolution a renversé le Shah, les intégristes musulmans sont au pouvoir, le voile devient obligatoire pour les femmes, les contrôles des milices, de l’état et des fonctionnaires s’intensifient et les libertés s’amenuisent aussi vite que les stocks des magasins.

Persepolis, tome 2 de Marjane Satrapi

Et comme les malheurs n’arrivent jamais seuls, c’est la guerre avec l’Irak ! Les Skuds ne vont pas tarder à tomber sur Téhéran.

Le moment de fuir ?

Une suite autobiographique dans l’enfance toujours aussi touchante et imaginative avec des planches incroyables et créatives

Persepolis 1
Persepolis 3
Persepolis 4

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le voyage
Oh, merde !
Ils ont occupé l'ambassade des États-Unis !!
Qui ça, ils ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Deuxième volet du best-seller incontournable de L'Association qui est avant tout le récit bouleversant d'une enfance iranienne dans les années 80, de la guerre à l'exil. Quand l’autobiographie dessinée rejoint l’Histoire

Persepolis, tome 1

Voilà bien un monument à côté duquel j’étais passé. L’enfance de Marjane Satrapi en Iran à la veille de la révolution. Alors certes, zut, on connait déjà la fin, mais !

Persepolis, tome 1 de Marjane Satrapi

Mais cette page de l’histoire est vue ici de l’intérieur et par les yeux d’une enfant devenue adulte. Et c’est très bien fait.

Le début d’une révolution d’intellectuels et de communistes qui, on le voit déjà, sera vite confisquée par les intégristes musulmans.

Une œuvre intense et drôle à la créativité folle

Persepolis 2
Persepolis 3
Persepolis 4

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le foulard
Ça, c'est moi quand j'avais dix ans. C'était en 1980.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Première bande dessinée issue de l'Iran, Persepolis de Marjane Satrapi a été la révélation que l'on sait. La chute du Shah, la révolution islamique et l'exil vécus par une fillette de dix ans, qui choisit vingt ans plus tard la bande dessinée pour livrer son histoire

Et ces êtres sans pénis !

Mais comment, mais pourquoi ? Comment et pourquoi un système peut-il exister dans lequel la moitié de la population n’a aucun autre droit que celui de se taire, se voiler et subir ? Dans quels esprits malades une telle organisation a-t-elle pu voir le jour, comment fait-elle pour perdurer ?

Et ces êtres sans pénis ! de Chahdortt Djavann

Un livre qui, sur le fond, rappelle fortement Les putes voilées n’iront pas au paradis, tout en mixant avec brio l’auto fiction, le documentaire et le roman.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je ne respecte les règles d'aucun romancier » affirme Chahdortt Djavann. En effet, la voilà qui entre et sort de manière virtuose de son roman, comme si elle franchissait les frontières d'un pays. Narratrice de sa fiction, elle en devient aussi un des personnages.

Après « faute de naissance », un premier chapitre intime où l'auteur confesse son « indélicatesse d'être née sans pénis après un frère mort », elle nous raconte, de Téhéran à Ispahan, le destin de plusieurs femmes qui paient un prix effroyable pour avoir joué autour d'une fontaine, refusé un mariage arrangé en vivant un amour homosexuel, ôté son voile en public ou tenu tête a un mari puissant.

Dans le dernier chapitre aux allures de conte, l'auteur traverse l'Europe, l'Arménie et l'Azerbaïdjan et rentre clandestinement dans son Iran natal, au risque d'être arrêtée comme espionne. Elle y retrouve deux cousines, devenues grandes résistantes, qui vont changer le cours de l'Histoire.

Voici le roman le plus atypique, le plus poétique et le plus audacieux de Chahdortt Djavann dont la plume, limpide et puissante, nous surprend et nous transporte

Les putes voilées n’iront jamais au Paradis !

Violent, cru, une écorcherie à la limite du supportable. Le témoignage de la non valeur d’une femme dans une société islamiste. Une viande à baiser pour des porcs tout-puissants et intouchables. Infect.

Les putes voilées n'iront jamais au Paradis ! de Chahdortt Djavann
Les putes voilées n’iront jamais au Paradis ! de Chahdortt Djavann

Un livre indispensable ! Mais je ne m’en remets pas

L’explication de texte sur La Grande Librairie

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce roman vrai, puissant à couper le souffle, fait alterner le destin parallèle de deux gamines extraordinairement belles, séparées à l'âge de douze ans, et les témoignages d'outre-tombe de prostituées assassinées, pendues, lapidées en Iran.

Leurs voix authentiques, parfois crues et teintées d'humour noir, surprennent, choquent, bousculent préjugés et émotions, bouleversent. Ces femmes sont si vivantes qu'elles resteront à jamais dans notre mémoire.

À travers ce voyage au bout de l'enfer des mollahs, on comprend le non-dit de la folie islamiste : la haine de la chair, du corps féminin et du plaisir. L'obsession mâle de la sexualité et la tartufferie de ceux qui célèbrent la mort en criant « Allah Akbar ! » pour mieux lui imputer leurs crimes.

Ici, la frontière entre la réalité et la fiction est aussi fine qu'un cheveu de femme