Profession romancier

Écrire un livre, c’est à la portée du plus grand nombre [sic]. Écrire des livres, continuer et tenir la distance… c’est un travail ! Et rares sont ceux qui réussissent à se renouveler et à en garder un peu sous la pédale.

Profession romancier de Haruki Murakami

Murakami nous parle ici de son métier, du monde de l’édition au Japon (et internationale), des prix littéraires, de l’originalité, de lui, de ses rituels sportifs, de sa « normalité » mais aussi de la nécessité de sortir du cadre et de sa vision de l’écriture.

Intéressant pour qui souhaite aussi écrire et pour toute personne rêvant d’embrasser une profession avec des grandes exigences créatives

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Écrire un roman n'est pas très difficile. Écrire un roman magnifique n'est pas non plus si difficile, je ne prétends pas que c'est simple, mais ce n'est pas non plus impossible. Ce qui est particulièrement ardu, en revanche, c'est d'écrire des romans encore et encore. Tout le monde n'en est pas capable. Comme je l'ai déjà dit, il faut disposer d'une capacité particulière, qui est certainement un peu différente du simple « talent ».

Bon, mais comment savoir si l'on possède cette aptitude ? Voici la réponse : plongez dans l'eau et voyez si vous nagez ou si vous coulez.

Bienvenue sur le ring !

Dans un essai à la fois drôle, intelligent, passionnant, Haruki Murakami se raconte et porte un regard aussi rafraîchissant que sincère sur le métier de romancier.

Tout en explorant ses plus chères obsessions et en distillant des réflexions sur la littérature, la lecture et plus largement la société japonaise, l'auteur dévoile les coulisses de son quotidien, où s'imposent persévérance, patience et endurance.

Une oeuvre généreuse et sensible qui s'adresse à tous ceux qui sont en quête de l'homme derrière le maître, mais aussi aux curieux ou aux écrivains en herbe en mal d'inspiration !

Sur le Mont Mitaké

Il serait possible de n’y voir qu’une comptine un peu mièvre sur un amour impossible

Sur le Mont Mitake de Sîbourapâ

Mais cela serait passer à côté de la description, lente et progressive du poids des convenances, de l’étiquette, de l’impossible transgression

De l’art de la prison autoconstruite et de la misère sentimentale

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsque Nopporn suspend une aquarelle du Mont Mitaké dans son bureau, sa femme s'en étonne : elle est de facture si ordinaire. Pourtant il y tient ; elle lui rappelle ses années d'études au Japon et ce jour où un haut dignitaire du Siam est arrivé à Tokyo avec sa jeune épouse, la princesse Kîrati. Nopporn doit veiller à ce qu'elle ne s'ennuie pas. Bien que de quinze ans son aînée, elle le fascine par sa beauté, sa grâce et sa maturité résignée. Nourri d'honnêtes intentions, il ne voit pas monter en lui les sentiments et le désir. La princesse le met en garde, sans l'éloigner pour autant. Commence alors un jeu subtil, mais cruel. Lequel des deux en souffrira le plus ?

Histoire d'un amour impossible, Sur le Mont Mitaké - adapté deux fois au cinéma mais jamais traduit en français - est écrit en 1937 ; il mêle avec maestria éléments romantiques et réalistes

Le meurtre du commandeur : Une idée apparaît et La métaphore se déplace

La vérité précipite parfois les hommes dans une solitude insondable
Le meurtre du Commandeur de Haruki Murakami

Deux livres délicats comme un grain de riz (oui, gros cliché). Une quête qui commence où elle se termine. Un chemin à la recherche de soi, comme un portrait qui se dessinerait au fil des esquisses pour ne finalement dévoiler que la blancheur de la toile sur laquelle il était sensé apparaître.

Assis sur le tabouret, je fermai les yeux, inspirai profondément. Dans le soir d'automne, je sentais avec certitude que quelque chose en moi était en train de changer. J'avais la sensation qu'après avoir été complètement morcelé, disloqué, mon corps était à nouveau en train de se réassembler.

Un chemin à la recherche de soi et de l’autre dans laquelle notre enveloppe n’est la tangente entre notre intériorité et ce qui nous entoure.

Il réfléchit un instant. « Je crois, dit-il enfin, que vous avez besoin de plus de temps que les autres pour appréhender et accepter les événements. À la longue, pourtant, il se peut que le temps soit de votre côté.»

Et du peintre de percer cette enveloppe

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Aujourd'hui, lorsque je me suis éveillé après une courte sieste, « l'homme sans visage » se tenait devant moi. Il était assis sur une chaise, en face du canapé sur lequel je m'étais assoupi, et, de ses yeux absents situés dans son non-visage, il me scrutait.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Peut-être un jour serais-je capable de faire le portrait du rien. De la même façon qu'un peintre avait été capable de dessiner Le Meurtre du Commandeur. Mais il me faudrait du temps avant d'y parvenir. Je devais faire du temps mon allié.

Quand sa femme lui a annoncé qu'elle voulait divorcer, le narrateur, un jeune peintre en panne d'inspiration, a voyagé seul à travers le Japon. Et puis, il s'est installé dans la montagne dans une maison isolée, ancienne propriété d'un artiste de génie, Tomohiko Amada.

Un jour, le narrateur reçoit une proposition alléchante : faire le portrait de Wataru Menshiki, un riche homme d'affaires. Tandis que celui-ci pose comme modèle, le narrateur a du mal à se concentrer. Quelque chose chez Menshiki résiste à la représentation.

Une nuit, il découvre un tableau dans le grenier, une oeuvre d'une grande violence, le meurtre d'un vieillard, comme tirée du Don Giovanni de Mozart. C'est Le Meurtre du Commandeur. Cette peinture obsède le narrateur. Et des choses étranges se produisent, comme si un autre monde s'était entrouvert. À qui se confier ? À Menshiki ? Mais peut-il vraiment lui faire confiance ?

Konbini

Après marche ou crève, voici marche comme tout le monde, ou crève !

Avec un Konbini comme une métaphore de la société.

Konbini de Sayaka Murata
Konbini de Sayaka Murata

Et pour être normal, il faut un travail, un mari et des enfants. Et vite! Et démerde-toi pour trouver ça !

C’est drôle et affligeant, c’est une ode à la différence, un cri :
– Laissez-moi être qui je suis !

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Depuis l'enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. À trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n'a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s'inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille.

En manque de main-d'oeuvre, la supérette embauche un nouvel employé, Shiraha, trente-cinq ans, lui aussi célibataire. Mais lorsqu'il apparaît qu'il n'a postulé que pour traquer une jeune femme sur laquelle il a jeté son dévolu, il est aussitôt licencié. Ces deux êtres solitaires vont alors trouver un arrangement pour le moins saugrenu mais qui leur permettra d'éviter le jugement permanent de la société. Pour combien de temps...

Birthday girl

Une des frustration des nouvelles en est la sensation d’inabouti et Murakami s’en amuse délicieusement. C’est fin et subtil, comme une délicatesse pâtissière en laissant aux lecteurs une totale liberté de s’y projeter.

Birthday girl de Haruki Murakami
Birthday girl de Haruki Murakami

Un très beau très petit livre aux illustrations flamboyantes de Kat Menschik

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Je ne vais pas vous offrir quelque chose de matériel. Mon cadeau n'aura rien à voir avec un objet de valeur. En fait, voilà ce que j'aimerais offrir à la merveilleuse fée que vous êtes, mademoiselle. Vous allez faire un voeu. Et je l'exaucerai. Quel qu'il soit. À condition que vous ayez un voeu à formuler.

Comme un songe éveillé, un de ces instants suspendus qui nous hantent encore, longtemps après, Haruki Murakami nous livre une nouvelle mélancolique, douce-amère, magnifiquement mise en image par la talentueuse illustratrice allemande Kat Menschik, pour mieux restituer l'univers hypnotique du maître

Les délices de Tokyo

Entre un subtil et délicieux conte à la délicatesse des petites pâtisseries japonaises et la lourdasse machine formatée des feel-good books, mon cœur n’arrive pas à trancher.

Les délices de Tokyo du Durian Sukegawa
Les délices de Tokyo du Durian Sukegawa

Il reste une jolie petite histoire de petits gâteaux, de petite vieille qui fut enfermée à cause de la lèpre et de la rédemption d’un ex petit dur qui passa par la prison. C’est chou-chou comme un petit gâteau un petit peu sucré.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Écouter la voix des haricots » : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges qui accompagne les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d'embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu'elle lui a fait partager

Éclipses japonaises

Les faits sont passionnants, la construction est plutôt réussie et l’histoire vraiment intéressante. Enlever des japonais pour former des espions en Corée du Nord.

Éclipses japonaises de Éric Faye
Éclipses japonaises de Éric Faye

Mais crotte, qu’est ce que je me suis ennuyé avec ce livre, quel manque de ressort, zut.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En 1966, un Gl américain s'évapore lors d'une patrouille dans la zone démilitarisée, entre les deux Corées.

À la fin des années 1970, sur les côtes japonaises, des hommes et des femmes, de tous âges et de tous milieux, se volatilisent. Parmi eux, une collégienne qui rentrait de son cours de badminton, un archéologue qui s'apprêtait à poster sa thèse, une future infirmière qui voulait s'acheter une glace. « Cachés par les dieux », ainsi qualifie-t-on en japonais ces disparus qui ne laissent aucune trace, pas un indice, et qui mettent en échec les enquêteurs.

En 1987, le vol 858 de la Korean Air explose en plein vol. Une des terroristes, descendue de l'avion lors d'une escale, est arrêtée. Elle s'exprime dans un japonais parfait. Pourtant, la police finit par identifier une espionne venue tout droit de Corée du Nord.

Longtemps plus tard, le lien entre ces affaires remontera à la surface, les résolvant du même coup. Par la grâce de la fiction, Éric Faye saisit l'imaginaire et la vie secrète de ces destins dévorés par un pays impénétrable et un régime ultra autoritaire

Suisen

Comme une fable sur le thème un malheur n’arrive jamais seul, Goro père de famille au deux maîtresses et à la tête d’une société renommée ne voit rien venir.

Suisen de Aki Shimazaki
Suisen de Aki Shimazaki

Arrogant, hautin, dédaigneux, vide, suffisant, autoritaire, imbu de lui-même ? Non ! Goro ne voit rien de tout cela en lui. Son entourage va lui fournir un miroir bien cruel.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À la tête d'une société prospère fondée par son grand-père, Gorô est marié avec une femme de bonne famille et père de deux enfants pour qui il a des ambitions claires. Il entretient deux maîtresses - dont une magnifique actrice -, s'entoure de clients importants dans les bars et exhibe fièrement des photos de lui auprès de célébrités. Même s'il croit en mériter toujours davantage, Gorô trouve qu'il a bien réussi sa vie. Or, le jour où ses convictions sont une à une ébranlées, il est forcé de se regarder franchement dans le miroir, sans doute pour la première fois.

Dans ce roman, Aki Shimazaki plonge au coeur des blessures d'enfance qui deviennent parfois des failles à l'âge adulte

Les belles endormies

Vieux, se coucher dans le lit d’une belle endormie.

Les belles endormies de Yasunari Kawabata
Les belles endormies de Yasunari Kawabata

Et rêver

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu'il franchit le seuil des Belles Endormies ? Ce roman, publié en 1961, décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent passer une nuit aux côtés d'adolescentes endormies sous l'effet de puissants narcotiques. Pour Eguchi, ces soirées passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir des femmes de sa jeunesse, et de se plonger dans de longues méditations. Pour atteindre, qui sait ?, au seuil de la mort, à la douceur de l'enfance et au pardon de ses fautes

Azami

Délicat et sensuel comme une fleur qui ondule au vent. Le réveil de la sensualité d’un trentenaire.

Azami de Aki Shimazaki
Azami de Aki Shimazaki

La rencontre du premier amour, vingt ans après.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mitsuo Kawano, jeune trentenaire, est étonné quand il croise par hasard Gorô Kida, un ancien camarade de classe devenu le président d'une importante compagnie. Il est encore plus surpris lorsque celui-ci l'invite dans un club très sélect où travaille une autre ancienne amie d'école, la belle et mystérieuse Mitsuko, devenue entraîneuse.

Mitsuo mène une carrière de rédacteur pour une publication culturelle en attendant de fonder sa propre revue d'histoire. En dépit d'un certain détachement sexuel, il s'entend bien avec Atsuko, la mère de ses deux enfants. Il se contente de fréquenter les salons érotiques pour combler ses besoins. Mais ces retrouvailles fortuites ravivent en lui les rêves et les désirs de jeunesse.

Avec sa prose intimiste et précise, Aki Shimazaki explore cette fois ce que l'on devine derrière la paroi trop lisse des apparences