Les coquelicots

Malgré un prélude aguicheur, il ne s’agit pas vraiment d’un texte érotique débordant de fantasmes sensuels débridés.

Certes, les coquelicots, c’est la vie d’une prostituée, c’est parfois rude et le langage est cru (et c’est très drôle). Mais c’est bien plus de sa condition, de l’hypocrisie religieuse et du Magreb dont il est question ici.

Lors de mes virées sur les plages de la banlieue nord, je peaufinais aussi les profils des futures Zahra, plus trash, un brin gothiques et un peu plus déjantées que la moyenne locale. Elles plaisaient aux jeunes morveux tourmentés par leur testostérone. À force de m'inventer, de me démultiplier et de me décliner en plusieurs femmes, j'en étais arrivée à me demander si je ne devais pas me mettre un jour au théâtre ou même à l'écriture. Pas en arabe, cela allait de soi. Pourquoi écrire dans une langue qui peut vous envoyer à l'échafaud pour un mot de travers ?
Les coquelicots de Nedjma

Une vie où l’amour est rare et où se mélangent la colère et le dépit face aux fiertés nationalistes et islamistes. Des désirs pourris par les inégalités et gangrenés par les drogues dans une société écrasée par les tabous et les interdits.

Heureusement, il y a la cuisine, les saveurs, les goûts et les épices

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
À Bab el-Oued vivait une dinde grassouillette et timide, fille unique d'un maître d'école et d'une postière moi. Nous créchions dans un deux pièces hérité d'une famille juive qui l'avait quitté dès janvier 1963 pour s'installer dans le Sentier parisien. L'immeuble était et reste vétuste, la rue était et reste crade. Alger était irascible. Elle est devenue apathique


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Il m'a fallu traverser la mer, supplier la pierre, vendre mes illusions au premier vent qui se lève et qui promet liberté, dignité et sérénité, avant d'intégrer quelques évidences qui décryptent notre chaos neuronal collectif.

Cette affreuse mélasse où fermentent des millions de zombies ahuris résulte d'une seule cause : la faim. Une faim obsédante, qui ulule même quand les placards débordent de victuailles. Une faim absurde, irrationnelle et obscène, nourrie par les disettes cycliques, engraissée par la cupidité des maîtres successifs et abusifs, excitée par des prêcheurs aux yeux révulsés et à la voix stridente, qui décrivent le paradis comme une foire gargantuesque où les musulmans se bâfrent tels des cochons de tout ce qui leur tombe sous la dent.

Chômeurs et chômeuses, pauvres et pauvresses, gueux et gueuses, déchets scolaires, accros au shit, à la seringue, aux médocs, à la colle forte, ne restent aux inutiles que la mer à traverser clandestinement ou les barbus à servir ouvertement.

J'ai fait semblant de servir les barbus parce que moi aussi j'avais (et j'ai encore) faim. »

La traversée des sens

Lors de sa nuit de noces, Leila reste fermée et son mari la répudie. Zobida l’accompagne alors dans un voyage à la recherche de celle qui l’avait « blindée ». Mais ce voyage ressemble bien plus à la découverte de son corps et de sa sexualité.

La traversée des sens de Nedjma

Du sexe en terres d’Islam, du sexe et de l’hypocrisie des religions, du sexe délicieux des femmes et de la brutasserie des hommes

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Dans cette vie, il est donné aux uns d'apprendre les bonnes manières, aux autres d'éduquer l'esprit et de fortifier la foi. Je n'ai pas eu le privilège de dispenser l'un ou l'autre enseignement, portée telle que Dieu m'a faite sur le plaisir, ne sachant ni lire ni écrire, qui plus est. Il me restait un moyen d'accomplir bonne oeuvre avant de mourir : initier quelque jeune fille à l'amour. Dans le plus grand secret, bien sûr.

Ce pays a décidé de bannir le sexe et de se voiler de fausse vertu. Si l'on vient à m'identifier, on me pendra.»