Les mémoires de Maigret

Dans une mise en abyme quasi schizophrène, Jules Maigret rédige ses mémoires et règle ses comptes avec son « biographe », Georges Simenon à l’occasion de leurs vingt années de collaboration.

Quand on a su j'écrivais ce livre, puis que l'éditeur de Simenon m'avait offert de le publier, avant de le lire, avant même que le premier chapitre en fût terminé, j'ai senti, chez la plupart de mes amis, une approbation quelque peu hésitante. Ils se disaient, j'en suis sûr: « Voilà Maigret qui y passe à son tour! »
Les mémoires de Maigret de Georges Simenon

Une façon de donner plus de corps, de vécu au commissaire au travers de son enfance, sa carrière, sa rencontre avec Louise qui deviendra Madame Maigret, et sa relation compliquée avec Simenon.

Elle servit tout le monde avant de s'approcher de moi et, me désignant je ne sais quels gâteaux sur lesquels il y avait un petit morceau de fruit confit, me dit avec un regard complice:
 - Ils ont laissé les meilleurs. Goûtez ceux-là. 
Je ne trouvai à répondre que:
 - Vous croyez?
Ce furent les premiers mots que nous échangeâmes, Mme Maigret et moi.
Tout à l'heure, quand elle lira ce que je suis en train d'écrire, je sais fort bien qu'elle va murmurer en haussant les épaules:
 - A quoi bon raconter ça?
Au fond, elle était enchantée de l'image que Simenon a tracée d'elle, l'image d'une bonne « mémère », toujours à ses fourneaux, toujours astiquant, toujours chouchoutant son grand bébé de mari. C'est même à cause de cette image, je le soupçonne, qu'elle a été la première à lui vouer une réelle amitié, au point de le considérer comme de la famille et de le défendre quand je ne songe pas à l'attaquer.

Un exercice amusant – mais un peu lassant – sans meurtre ni enquête. Une occasion aussi pour l’auteur d’excuser les incohérences ou les erreurs chronologiques qui parsèment forcément une aussi longue série

Maigret 62/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où je ne suis pas fâché de l'occasion qui se présente de m'expliquer enfin sur mes accointances avec le nommé Simenon.

C'était en 1927 ou 1928. Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes, chose fréquente dans notre métier, qui s'est avérée fort utile à quelques-uns et même parfois profitable. Et ce n'est que tout récemment que je me suis souvenu des cahiers où ma femme, longtemps à mon insu, voire en cachette, a collé les articles de journaux qui me concernaient.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'était en 1927 ou 1928. Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes, chose fréquente dans notre métier, qui s'est avérée fort utile à quelques-uns et même parfois profitable. Et ce n'est que tout récemment que je me suis souvenu des cahiers où ma femme, longtemps à mon insu, voire en cachette, a collé les articles de journaux qui me concernaient

Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul

Attiré bien sûr par la couv’ et le titre très tentants, je suis tombé sur un livre féministe des plus intimes et passionnants. Alors certes, il y a quelques longueurs, mais quel journal !

Je crois que c'est une de mes névroses fondatrices, une des dernières sur lesquelles je bute encore aujourd'hui : d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours considéré le sexe comme une monnaie d'échange contre de l'amour. Voulant être aimée et acceptée, j'ai toujours cru que j'obtiendrais le nécessaire en échange de faveurs sexuelles.
Et surtout j'ai très longtemps confondu désir et amour.
Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul de Noémie de Lattre

Premièrement, c’est très drôle et Noémie se livre sans détours. Mais ce que j’ai trouvé vraiment bien foutu, c’est qu’elle débriefe son propre journal au fil de sa lecture. Et là, ça devient très intéressant.

Personne ne m'a parlé du plaisir sexuel animal de l'allaitement. Je n'en reviens pas. Cela dit, c'est logique. Dans un cas je suis tout à mon amour maternel, donnant à mon enfant un sein nourricier. Dans l'autre je suis en mode chagasse offrant à mon amant un nichon putassier. Mais peu importe la valeur symbolique que j'y mets, ça reste mon téton qui est sucé !

On assiste à la naissance de sa conscience et de son activisme féministe dans une démarche très personnelle (et souvent absolument universelle). Le journal d’une femme qui se bat et qui apprend à s’aimer et se connaitre.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La Reine de la Pipe
12 mars 2005
Merde ! Mais qu'est-ce que j'ai ? C'est quoi le problème ? J'ai une odeur ? Un truc horrible caché dans le vagin ou tatoué dans le dos qui fait fuir tous ceux qui s'approchent trop près ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Me voici donc, toute nue, toute véhémente, toute dérisoire. Voici les méandres de ma tête et de mon cœur. Voici ma pulpe, le bois dont je suis faite. »
PS : À ma famille, mes ex et à leurs parents : s'il vous plaît, ne lisez pas ce livre. Je vous aime

Leçons d’un siècle de vie

Edgar Morin se raconte, parfois fier de lui mais reconnaissant ses erreurs et expliquant ses choix

Leçons d’un siècle de vie de Edgar Morin

Une vie longue et riche, une vie à penser et à agir.

Comme une incitation à se remettre en question, à ne pas s’endormir et à prendre position quitte à prendre des coups

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Qu'il soit entendu que je ne donne de leçons à personne. J'essaie de tirer les leçons d'une expérience séculaire et séculière de vie, et je souhaite qu'elles soient utiles à chacun, non seulement pour s'interroger sur sa propre vie, mais aussi pour trouver sa propre Voie. »
E.M.

À 100 ans, Edgar Morin demeure préoccupé par les tourments de notre temps. Ce penseur humaniste a été témoin et acteur des errances et espoirs, crises et dérèglements de son siècle. Il nous transmet dans ce livre les enseignements tirés de son expérience centenaire de la complexité humaine.

Leçons d'un siècle de vie est une invitation à la lucidité et à la vigilance

Crève, Ducon !

Quelle surprise, en 2020, de passage dans une librairie, de tomber sur le dernier Cavanna, mort en 2014 (faites le calcul).

Crève, Ducon ! de François Cavanna

Et d’un seul coup, tout revient, les émotions, les bravades, l’humour et la dérision sérieuse. Et le cœur se serre et tout revient, les Ritals, les Ruskoffs, Maria et toutes et tous. Les ruelles de Paris, Hara-Kiri et Charlie Hebdo qui n’avait pas encore été souillé, fusillé et piétiné.

Toutes les émotions intactes malgré Parkinson et grâce à Virginie.

Un cadeau

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce volume, conçu comme une suite à Lune de miel, est le dernier livre sur lequel Cavanna a travaillé avant de mourir. Sans doute y aurait-il apporté quelques ajouts ou modifications de détail, mais on peut le considérer comme une oeuvre aboutie.

Composé, comme l'était Lune de miel, de chapitres assez brefs, le livre regroupe souvenirs et anecdotes qui évoquent à la fois la fin de vie de l'auteur et son passé (Charlie Hebdo, le S.T.O...). On y retrouve avec bonheur la gouaille réjouissante de Cavanna, sa grande gueule, ses coups de colère, ses élans d'affection, sa passion de la langue et de la littérature : un écrivain, un vrai. Le titre reprend les derniers mots du texte, pleins de rage et d'amour de la vie au moment de lâcher la rampe

Monstre

Il en a des choses à dire, le Gégé! Sur sa vie, ses rencontres, ses déceptions, sa soif de liberté, sur Lui ! Avec des airs de vieux sage qui se défend de l’être et qui dispense des leçons de vie, lui qui professe de n’en suivre aucune.

Monstre de Gérard Depardieu
Monstre de Gérard Depardieu

Mais qu’importe les paradoxes, il faut vivre, vivre, vivre, libre et vivre !

C’est pas un grand livre, pas une monstre bio, mais c’est Gégé, c’est des fois drôle, parfois pontifiant, truculent, joyeux, nostalgique… Et avec la sincérité des tripes. Et ça, il en a, des tripes !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
J'ai connu un potier dans le Berry : quand ça le faisait chier de faire des assiettes, toujours les mêmes, il prenait sa terre et il faisait un monstre. Un énorme monstre. En terre cuite. Et il disait : « Je fais ça parce qu'il faut que ça sorte ! J'en ai plein comme ça à l'intérieur de moi ! »

Il avait raison.

Il faut laisser sortir ses monstres, si on ne veut pas que ce soient eux qui nous bouffent

Mon autopsie

Voilà, c’est fini. Mort! L’heure du bilan, le moment de disséquer sa vie sous le bistouri d’Égoïne, jeune – et forcément belle – étudiante en médecine.

Mon autopsie de Jean-Louis Fournier
Mon autopsie de Jean-Louis Fournier

Entre humour, nostalgie, fantasmes et regrets, Jean-Louis Fournier dresse le testament de son éternité, le portrait qu’il aurait souhaité laisser.

C’est doux et tendre, lui qui ne l’a pourtant pas toujours été.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Je suis mort.
C'est pas le pire qui pouvait m'arriver."

Jean-Louis Fournier s'est fait autopsier par la charmante Egoïne pour qu'on sache ce qu'il avait dans la tête, dans le coeur et dans le ventre

La mémoire n’en fait qu’à sa tête

A l’instar de Jean d’Ormesson et de son Guide des égarés, Bernard Pivot se sent-il dans l’urgence de laisser une trace de toutes ses petites pensées, ses petites modesties, ses petites glorioles et de ses illustres lectures et rencontres du haut de sa petite taille ?

La mémoire n'en fait qu'à sa tête de Bernard Pivot
La mémoire n’en fait qu’à sa tête de Bernard Pivot

Certes, on y trouve de jolies réflexions, de belles rencontres et de vrais petits bonheurs qui peinent toutefois à faire un grand livre.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« On s'arrête tout à coup de lire. Sans pour autant lever les yeux. Ils restent sur le livre et remontent les lignes, reprenant une phrase, un paragraphe, une page. Ces mots, ces simples mots, ne nous évoquent-ils pas notre enfance, un livre, une querelle, des vacances, un voyage, la mort, des plaisirs soudain revenus sur nos lèvres ou courant sur la peau... Décidément la mémoire n'en fait qu'à sa tête. Imprévisible et capricieuse, elle aime bien déclencher sur moi des ricochets semblables à ceux obtenus par ces petites pierres plates que je faisais rebondir sur la surface étale des étangs et des rivières de mes jeunes années. C'est sans doute pourquoi elle interrompt aussi mes lectures pour des bagatelles, des sottises, des frivolités, des riens qui sont de nos vies des signes de ponctuation et d'adieu. »