Projet de salon pour Laurence B.

En 2021, Corinne rencontrait Laurence et huit mois plus tard Laurence nous quittait.

Boite rouge
Boîte rouge
Ce n'est que lundi que j'ai appris la mort de Laurence B., survenue trois jours plus tôt, le 7 janvier. Décès redouté: une allusion en pointillé à travers quelques lignes d'un courriel reçu vers la fin de l'été, avec le mot foie dedans. Une maladie fulgurante, et les anges se préparaient déjà, repassant leurs robes et se lissant les ailes. Après Histoire d'un soulèvement, je tenais absolument à rencontrer son auteur, et c'était arrivé, le 30 avril 2021, au parc de Valency à Lausanne, non loin du rendez-vous fixé ce jour-là avec son éditeur. Il pleuvait très fort. Des escaliers, par volées de quatorze marches, proposaient un raccourci. Des chemins zigzaguaient dans le parc en pente. Je montais. Elle s'apprêtait déjà à descendre. S'est avancée une paire de longues jambes en velours orange. Uma Thurman sur l'affiche de Pulp Fiction, sans la frange coupée bien droite. Ou la même en guerrière de Kill Bill. De l'orange à la place du jaune. Une élégance naturelle, une douceur, de la désinvolture alors qu'il pleuvait toujours à verse, qu'il faisait gris,
Projet de salon pour Laurence B. de Corinne Desarzens

En écho au Projet de salon pour Madame B, Corinne Desarzens à écrit cet hommage, souvenir d’une rencontre lumineuse sous une pluie battante.

Un tendre souvenir rouge vif, comme une boite d’allumettes

En 2020, Laurence Boissier fabrique et envoie à Corinne Desarzens une boîte d’allumettes rouge contenant une petite banderole de fanions.
Art&fiction vous propose ce talisman, à monter soi-même.
Matériel: colle, ciseaux, ficelle de 50 cm
Découpez selon les traits continus, pliez selon les traitillés
Assemblez la boîte, collez les fanions sur la ficelle à de 5 cm d’intervalle
Glissez la banderole dans la boîte, fermez et ouvrez à volonté.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Cette ville est un réseau d'X et d'Y, de croisements et de fourches, d'estuaires hésitants et de goulets sans issue, étagés sur différents niveaux, aucun parallèle à l'autre. Sans compter de nombreuses pentes abruptes ni les artères en V. pliées en deux et rallongeant le parcours.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est rare d'écrire, de s'écrire et de recevoir par la poste une boîte d'allumettes peinte en rouge d'une personne extraordinaire, rencontrée sous une pluie battante, en avril 2021, décédée huit mois plus tard. Voici l'histoire d'une double révérence. D'un fauteuil. D'une reconnaissance.

Terres promises

L’histoire de l’humanité. Désastre à chaque fois répété. Des hommes et des femmes qui partent pour tout recommencer, faire table rase et repartir du bon pied… Et finir par tout saloper !

La noce avait un goût de terre. Le matin de la cérémonie, sa mère lui donna quelques instructions sur la conduite à tenir lors de la première nuit : elle se devait d'être forte, courageuse. Elle ne devait ni pleurer ni faire de manières lorsque son mari viendrait l'honorer. Elle devait serrer les dents et passer sous silence ce qu'elle pourrait ressentir. Rebecca avait vu bien des animaux s'accoupler sans sembler en souffrir, et nombre de femelles - des lapines ou des louves réclamer des mâles paresseux, en leur tendant la croupe. Cela ne lui semblait pas si terrible. De quoi fallait-il donc se méfier, pour que sa mère la mette ainsi en garde ? Si le danger était si grand, pourquoi ses parents la poussaient-ils dans la voie du mariage, au lieu de l'en éloigner ? La mère ne répondit aux questions de Rebecca qu'en une phrase laconique : Dieu voit tout, Dieu entend tout.
Terres promises de Bénédicte Dupré la Tour
Le Far-West violent, avide, sexiste, raciste et colonisateur. La ruée vers cet or qui fait briller les rêves et cache la misère, la prostitution, l’avilissement et la destruction.

Un livre impressionnant et magnifique où les vies désabusées se répondent dans une écœurante misère. Des vies où les dents, les ongles, l’âme et les rêves finissent sales et puants

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était jour de paie pour les vachers des plaines. Au bord du lit, Eleanor Dwight remontait son bas le long d'une jambe brune. La chambre sentait encore le mauvais tabac que l'homme de la veille n'avait pas cessé de chiquer. Il n'avait pas cessé, hormis pour cracher un jet noir dans le bassin avant de se vider plus bas, les yeux écarquillés de stupeur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Entendez dans ce roman choral les voix oubliées de la conquête de l’Ouest : Eleanor, la prostituée qui attend l’heure de se faire justice ; Kinta, l’indigène qui s’émancipe de sa tribu ; Morgan, l’orpailleur fou défendant sa concession au péril de sa vie.
Par delà les montagnes, arpentez les champs de bataille avec Mary ; suivez la traque de Bloody Horse, et rêvez de la liberté sauvage avec Rebecca.
Parmi les colons et les exilés, vous croiserez sûrement la route du Déserteur, et une fois imprégnés de la véritable histoire de l’Ouest, le Bonimenteur vous apportera votre consolation contre quelques pièces.
À travers une fresque puissante et tragique, Bénédicte Dupré la Tour nous offre un premier roman où s’entrechoquent des vies minuscules emportées par le mouvement furieux des ruées vers l’or.

Tour à tour, les histoires se croisent, s’enchâssent et se démultiplient en constituant une mosaïque brillamment construite et dévoilant par couches successives la part de mystère et d’ombre en chacun des personnages. Avec Terres Promises, Bénédicte Dupré la Tour nous montre la cicatrice que portent encore les corps, l’Histoire et la face du monde.

La cité aux murs incertains

Voilà une critique bien difficile à rédiger tant ce chef-d’oeuvre m’a semblé inabouti. Oui, c’est un chef-d’oeuvre, nul doute. C’est beau, prenant, envoûtant et questionnant. Je suis resté sous le charme de ce livre aux nombreux tiroirs (enfin, aux nombreuses étagères de bibliothèques).

 - Mais vous l'aimez encore et vous ne pouvez pas l'oublier ? »
J'ai de nouveau hoché la tête sans me prononcer davantage.
C'était probablement l'explication qui passait le mieux. Et l'on ne pouvait même pas dire qu'elle était inventée.
« Avez-vous quitté Tōkyō et déménagé dans les montagnes pour l'oublier ?
 - Non, ai-je répondu en riant. Je n'avais pas de motif aussi romantique. Qu'importe où l'on se trouve, dans une ville ou à la campagne, rien ne change vraiment. Je me laisse simplement emporter au gré du courant.
 - Ce devait être une femme remarquable.
 - Je n'en sais rien. Qui donc a dit un jour que l'amour était une maladie mentale que la Sécurité sociale ne couvrait pas ? » 
Mme Soeda a ri doucement et a ajusté ses lunettes. Elle a bu une gorgée de café dans son mug à l'oiseau sauvage et est retournée à son travail. Cela a marqué la fin de notre conversation.
La cité aux murs incertains de Haruki Murakami
Comme l’auteur s’en explique dans la postface, ce livre est une extension d’une nouvelle du même titre de 1980. Elle servit de matière pour La fin des temps paru en 1985 (que je m’en vais m’empresser de relire et qui – dans mes souvenirs – me semble avoir tant de points communs). Insatisfait, Murarami s’est remis au travail en 2020 et ce livre en est une reprise complète.

Mais pourtant, à la fin de cette lecture, il me semble qu’encore, de grands pans restent inexplorés, de nombreuses portes ouvertes restent béantes et les incessantes répétitions m’ont beaucoup troublé. Choix délibérés de l’auteur ou travail inachevé ?

Une histoire fantastique, d’amour impossible, de disparition et de questionnement sur la propre vie de nos inconscients

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est toi qui m'as parlé de la Cité.
Ce soir d'été, respirant les effluves de l'herbe tendre, nous avons marché vers l'amont de la rivière. Nous avons traversé une succession de gradins formant de petites cascades, et nous nous sommes arrêtés de temps en temps pour observer des poissons argentés, filiformes, qui nageaient dans les nappes d'eau. Nous étions tous deux pieds nus depuis un bon moment. L'eau claire lavait et rafraîchissait nos chevilles, le sable fin de la rivière nous enveloppait les pieds, comme un nuage doux dans un rêve. J'avais dix-sept ans, toi, un an de moins.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tu dis : « La Cité est entourée de hauts murs et il est très difficile d'y pénétrer. Mais encore plus difficile d'en sortir.
- Comment pourrais-je y entrer, alors ?
- Il suffit que tu le désires. »

La jeune fille a parlé de la Cité à son amoureux. Elle lui a dit qu'il ne pourrait s'y rendre que s'il voulait connaître son vrai moi.
Et puis la jeune fille a disparu.
Alors l'amoureux est parti à sa recherche dans la Cité. Comme tous les habitants, il a perdu son ombre. Il est devenu liseur de rêves dans une bibliothèque.
Il n'a pas trouvé la jeune fille. Mais il n'a jamais cessé de la chercher...

Avec son nouveau roman si attendu, le Maître nous livre une oeuvre empreinte d'une poésie sublime, une histoire d'amour mélancolique entre deux êtres en quête d'absolu, une ode aux livres et à leurs gardiens, une parabole puissante sur l'étrangeté de notre époque.

Fort Alamo

Fabcaro explore l’humour des petites choses, de l’intime, des petits dérèglements de nos vies. Ces petites choses qui ne sont pas à leur place et qui brisent quelque chose en nous. Nous désarçonnent.

En rentrant, Léonie m'a demandé comment les obsèques s'étaient passées. Je lui ai raconté le moment émouvant où la nièce était venue lire un texte à propos de leurs séjours rituels dans le Cantal. Ce faisant, je me suis demandé ce que mes neveux pourraient bien venir raconter d'émouvant, au pupitre, le jour de mes obsèques. Un jour il nous a acheté des CD, on savait pas trop quoi en faire, c'était gênant.
Fort Alamo de Fabrice Caro
C’est drôle et touchant.

Avec une fin un peu… désarçonnante, elle aussi. Zut

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je m'étais absenté une minute à peine, le temps de retourner chercher les sacs-poubelle que j'avais oubliés. Quand je suis revenu à la caisse, un type avait fait passer son caddie devant le mien et avait commencé à déposer ses produits sur le tapis roulant. Je me suis retrouvé derrière lui, hagard et désemparé. Il m'a lancé un regard furtif, a replongé le nez dans ses courses, puis m'a regardé à nouveau.
- Oh, le caddie était à vous?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Alors qu'autour de moi tombaient les corps, fort Alamo était en passe d'être pris. »

Devant la caisse du supermarché, Cyril maudit en silence le type qui l'a doublé l'air de rien. Quelques minutes plus tard, le resquilleur s'effondre sur le carrelage, foudroyé. Pour Cyril, père de famille sans histoires, c'est le début d'une série de faits similaires qui le plongent dans une angoisse existentielle. Ou est-ce plutôt la disparition récente de sa mère, la nécessité de vider la maison de son enfance ? À moins que ce ne soit Noël qui approche, les cadeaux à trouver, le repas chez la belle-soeur...

Mêlant l'humour et la mélancolie, l'acidité et la tendresse, Fabrice Caro excelle dans l'art du gag métaphysique.

Le nombre de fois où je suis morte

Combien de fois meurt-on dans une vie ? De faim, de honte, d’ennui, de désir, d’impatience, de jalousie, de culpabilité, de chaud, d’angoisse, de chagrin, de froid, de peur ou de rire ?
Marie-Christine Horn ne mourra en tout cas pas sans y avoir réfléchi, avec un sourire mi-tendre et mi-moqueur et avec beaucoup de talent !

Ainsi donc, je me souviens de ma première mort. La mort de l'enfance qui s'enterre sans pelle mais avec des fleurs, une plus précisément. La fameuse petite fleur qu'on offre à celui qu'on choisit, à seize ans, pour la vie et qu'on quitte quelques mois plus tard pour un autre, plus grand, plus beau, plus brun, plus « quelque chose » qu'on estimera suffisamment primordial pour rompre le serment qu'on avait scellé plus tôt.
Le nombre de fois où je suis morte de Marie-Christine Horn

Ces nouvelles, parfois graves mais souvent très drôles, portent un regard coquin et acidulé sur des instants de vie de femmes, joyeux ou tristes, drôles ou cruels…
Moi qui me lève chaque matin pour gagner ce salaire qui me sert à payer les traites de cette voiture dont j'ai besoin pour aller gagner ce salaire qui me sert à payer les traites de cette voiture.… des grandes et petites morts qui rapprochent de la dernière

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il est des peines, comme des joies, qui vous surprennent un beau jour comme un vilain, sans qu'on les ait vraiment choisies, provoquées ou même attendues. Il est des joies, comme des peines, qui vous émeuvent plus ou moins, et dont les larmes ont autant un goût de rire que de chagrin.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Morte de faim, morte de peur, morte d’ennui…Femmes tantôt fragiles, en colère ou désespérées, les protagonistes dansent sur le fil, frôlent les précipices en quête de réponses, d’ailleurs ou de sens.
Treize nouvelles, autant de petites morts. Avec lucidité et humour noir, l’auteure signe un texte puissant dont le fil rouge est l’exploration de la psyché féminine dans toute sa complexité.

Oscar et la dame rose

Alors que la mort s’en vient, Mamie Rose relit les lettres d’Oscar, un petit garçon atteint d’une leucémie. Avec beaucoup de poésie, la bande dessinée incarne avec beaucoup d’émotions le roman d’Éric-Emmanuel Schmitt. C’est doux tendre, triste et joyeux.

Oscar et la dame rose, adaptation et dialogues de Vincent Zabus, dessins et couleurs de Valérie Vernay, d’après le roman d’Eric-Emmanuel Schmitt
Une mise en images bouleversante, remuante qui joue avec brio sur l’équilibre fragile entre le rêve, le souvenir et l’instant présent.

Alors, oui, il y a pas mal de Dieu et de Jésus, mais finalement, même sans être trop fan, ça passe encore assez bien

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Cher Dieu,
Je m'appelle Oscar, j'ai dix ans. J'ai foutu le feu au chat, au chien, à la maison (je crois même que j'ai grillé les poissons rouges).


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sur sa terrasse, une douce soirée d'été, Mamie-Rose relit les lettres qu'Oscar a écrites à Dieu. Elle sourit en pensant à ce petit garçon dont elle fut si proche.

« Bonsoir, Mamie-Rose ». La vieille dame relève la tête : « Oscar ? C'est amusant... Je songeais justement à toi. »

La tendresse entre ces deux-là est infinie, l'un exprimant toute sa colère face à l'injustice de la maladie, l'autre camouflant ses sentiments sous sa brusquerie d'ancienne catcheuse.

Oscar et la dame rose ont bouleversé les lecteurs d'Éric-Emmanuel Schmitt. Un classique à redécouvrir !

Alors c’est bien

Une merveille !

Depuis deux ans, le père de Clémentine était malade. Elle raconte ici son père, ses parents, la famille, la maladie, la mort, la cérémonie. Elle raconte l’amour, la famille, les rires et les joies.

Le couple que formaient mes parents, c'est La Promesse de l'aube, de Romain Gary: « On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. » Lorsque j'étais enfant, je n'avais aucun doute sur le fait qu'une fois adulte, je vivrais dans la plus idéale complicité avec quelqu'un qui m'aime sans condition. Tout comme, en voyant les seins identiques et parfaits des danseuses du Crazy Horse à la télévision les soirs de réveillon, j'étais convaincue que, plus tard, j'en aurais de pareils. Pour les seins comme pour l'amour, la vie nous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient pas toujours
Alors c’est bien de Clémentine Mélois
Et c’est drôle et c’est beau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il faut que je raconte cette histoire tant qu'il me reste de la peinture bleue sur les mains. Elle finira par disparaître, et j'ai peur que les souvenirs s'en aillent avec elle, comme un rêve qui s'échappe au réveil et qu'on ne peut retenir.

Avec ce bleu, j'ai peint le cercueil de Papa.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Bernard Mélois est sculpteur. Il a consacré son existence à souder des figures spectaculaires dans le capharnaüm de son atelier, en chantant sous une pluie d'étincelles. Alors qu'il vit ses derniers jours, ses filles reviennent dans leur maison d'enfance. En compagnie de leur mère, des amis, des voisins, elles vont faire de sa mort une fête, et de son enterrement une oeuvre d'art. Périple en Bretagne pour faire émailler la croix, customisation du cercueil, préparatifs d'une cérémonie digne d'un concert au Stade de France : l'autrice raconte cette période irréelle et l'histoire de ce père hors du commun dont la voix éclaire le récit.

D'une fantaisie irrésistible, Alors c'est bien offre un regard sensible et inattendu sur la perte et la filiation. C'est aussi l'hommage de l'artiste Clémentine Mélois à son père, ce bricoleur de génie qui lui a transmis son humour inquiet, son amour des mots et son vital élan de création.

Pastorius Grant

La première chose qui tape en ouvrant cet album, c’est les couleurs, une palette invraisemblable, surréaliste et virevoltante.

Pastorius Grant de Marion Mousse

Un western avec des indiens et des chasseurs de primes sans scrupules au milieu des forêts et des canyons… Et une petite fille aveugle accompagnée d’un cochon à l’odorat fort développé.

Et une histoire de mort à venger !

Un western brutal à la fin fantastique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Les traces s'arrêtent là...
Le vieux a dû traverser.
Ben moi, j'te parie que cette vieille carne de Grant est en train d'crever dans un coin !
On peut encore faire demi-tour, frérot !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pastorius Grant est un vieux chasseur de primes sans pitié, désabusé et mourant. Alors qu'il tente de capturer un hors-la-loi qui s'est réfugié dans une réserve indienne, il croise la route d'une gamine aveugle et de son cochon. Avant de mourir, son père lui a dit de trouver Grant, et de l'engager pour le venger de son meurtrier... Pour son premier roman graphique chez Dargaud, Marion Mousse a choisi la couleur directe pour retranscrire la beauté formelle de la nature et faire ainsi écho aux tourments de son protagoniste. Un western psychologique intense, brutal, en cinémascope.

- Vous êtes un monstre, Pastorius Grant !
Vous êtes pire qu'un tueur, vous êtes moins qu'un porc !
- C'est vrai... Le genre de type que tu devrais fuir comme le diable.

Jolies ténèbres

Quelle incroyable bande dessinée !?! Je n’en reviens toujours pas. Malaisant, cringe, bizarre, gore, étrange ou indéfinissable ?

Jolies ténèbres de Marie Pommepuy et Fabien Vehlmann, dessins de Kerascoët

Des petits enfants cruels et sans filtres sortent du corps d’une petite fille morte en décomposition au milieu de la forêt. Déjà là, le pitch est curieux.

Le reste est à l’avenant.

Un dessin féerique pour une histoire monstrueuse au message un peu cryptique.

Une réussite désarçonnante

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il arrive
il arrive !
Mais je ne suis pas prête !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans le palais imaginaire de la presque princesse Aurore, le plafond se met soudain à dégouliner, les murs s'effondrent d'eux-mêmes et tous les invités s'en échappent pour ne pas finir engloutis sous des marées nauséabondes. Parce que la demeure d'Aurore n'est rien d'autre qu'une enfant gisant abandonnée dans les sous-bois, sans que quiconque sache ni comment ni pourquoi elle s'est retrouvée là. Au fil des saisons, la minuscule souveraine se démènera pour faire de son monde un conte de fées comme elle en a toujours rêvé, en compagnie de créatures telles que l'Orgueilleuse, ou l'Aventurière, et bien entendu le Prince m'as-tu-vu.

Or, dans cette fable-là, les princesses ne deviennent guère des reines. Et Aurore l'apprendra à ses dépens, lorsqu'il lui faudra prendre de cruelles décisions...
C'est une "Alice au pays des merveilles" de David Lynch, mélange de la poésie de Miyazaki et de l'insolite de Tim Burton, que ce conte noir brodé par Fabien Vehlmann et les Kerascoët.

Envoûtantes autant que morbides, ces "Jolies ténèbres" parues pour la première fois en 2009 font désormais leur entrée chez "Aire Libre" : une réédition à la hauteur de l'ouvrage, qui se voit ainsi couronné par le prestigieux label et prend place à son tour aux côtés des grands noms de la bande dessinée romanesque.

Le parfum des cendres

Sylvain est croque-mort. Il redonne un semblant de vie aux corps dont il scrute les parfums. Mais lui-même est n’est plus trop vivant depuis une quinzaine d’année. C’est alors qu’il croise le chemin d’Alice, qui travaille à un doctorat sur les thanatopracteurs.

Sylvain ouvrit le frigo, en sortit la dépouille du jour soigneusement rangée dans sa housse et la transporta jusqu'à la table de préparation. Il sentit, comme toujours, l'excitation monter en lui au son de la fermeture Éclair glissant entre ses doigts gantés ; l'enthousiasme d'une nouvelle découverte, d'un nouveau voyage dans les profondeurs d'une peau humaine, d'une nouvelle rencontre, intime et éphémère, qui viendrait, comme toutes les autres, nourrir son univers.
De Catherine émanait un délicat parfum floral, à dominante d'iris. Son maintien élégant, soigné, empreint de bon goût bourgeois, son corps resté séduisant en dépit de l'âge et de la maladie, son brushing gris à peine défait [...]
Le parfum des cendres de Marie Mangez

Un joli livre aux milles parfums et à la playlist fournie mais qui fait craindre rapidement à un énième feel-good au dénouement heureux (ou les amitiés et les rencontres pensent les plaies les plus profondes et où l’espoir reste toujours permis)

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Bernadette était allongée, paupières fermées, les bras sagement étendus le long du corps. Au cœur de ses joues sillonnées de rides, légèrement affaissées, on distinguait le creux des fossettes, centres névralgiques d'un visage encore animé par des années de sourire. Visage arborant désormais une expression sereine - Bernadette attendait que l'on s'occupe d'elle, remettant placidement son enveloppe charnelle aux soins d'autres mains que les siennes.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les parfums sont toute la vie de Sylvain Bragonard. Il a le don de cerner n'importe quelle personnalité grâce à de simples senteurs, qu'elles soient vives ou délicates, subtiles ou entêtantes. Tout le monde y passe, même les morts dont il s'occupe tous les jours dans son métier d'embaumeur.

Cette manière insolite de dresser des portraits stupéfie Alice, une jeune thésarde qui s'intéresse à son étrange profession. Pour elle, Sylvain lui-même est une véritable énigme : bourru, taiseux, il semble plus à l'aise avec les morts qu'avec les vivants. Elle sent qu'il cache quelque chose et cette curieuse impénitente veut percer le mystère.

Doucement, elle va l'apprivoiser, partager avec lui sa passion pour la musique, et comprendre ce qu'il cache depuis quinze ans.