Yellow Cab

Si Will Eisner a toujours été pour moi la référence absolue pour la représentation de New-York en bande dessinée (en comics, donc), il me faut reconnaitre que Chabouté s’en sort remarquablement bien et que son tableau new-yorkais est tout à fait sublime !

Yellow Cab de Chabouté, d’après le roman de Benoit Cohen

Sans avoir lu le roman de Benoit Cohen, il m’est difficile de juger de l’adaptation, mais là aussi, cet album réussit à créer une ambiance, un espace et une temporalité remarquables.

L’histoire d’un auteur à la recherche d’inspiration pour faire un film et qui décide de devenir taximan à New-York.

The american dream vu par un frenchie cab driver. Une grosse réussite !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Benoit...
Est-ce que tout va bien ?...
Hm ?
Bien sûr !...
... Pourquoi tu me demandes ça ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après avoir réalisé des films et des séries pendant 20 ans, Benoit Cohen sent qu’il a besoin de prendre un nouveau départ. En 2014, il déménage pour New-York et décide de devenir chauffeur de taxi pour les besoins de l’écriture d’un scénario. En plongeant au cœur de la ville, en se nourrissant de la richesse de la métropole, il espère retrouver l’inspiration. Dans une école du Queens, il apprend les ficelles du métier, fait la rencontre de ses futurs collègues, migrants de tous pays à la recherche du « rêve américain », et affronte le labyrinthe administratif qui mène à la licence de taxi driver. Au volant de l’emblématique yellow cab, il arpente les rues de Big Apple, observe les visages de milliers de passagers et emmagasine les histoires.
Benoit Cohen pensait tirer un film de cette aventure mais le projet se transforme finalement en un récit publié chez Flammarion. Cet ouvrage traversé de souvenirs personnels, de références cinématographiques et de réflexions sur le processus créatif, prend dorénavant la forme d’une bande dessinée grâce au talent de Chabouté. Une aventure sensible, profondément humaine, devenue un album au graphisme époustouflant qui rend un vibrant hommage à la plus célèbre des cités américaines.

Bartleby le scribe : une histoire de Wall Street

Je ressors un peu mal à l’aise avec cette bande dessinée. Certes, la nouvelle de Melville est malaisante et cette gène est fort bien rendue ici. C’est parfait.

Bartleby le scribe : une histoire de Wall Street de Jose Luis Munuera, couleurs de Sedyas de Herman Melville

Mais c’est plutôt les images qui m’ont dérouté. Car si les fonds, la ville, les murs, les bureaux et tous les décors sont très léchés avec un ressenti d’aquarelles magnifiques, les personnages de premier plan sont par contre plutôt décevants… comme si d’autres mains avaient effectué le travail.

C’est donc un peu mitigé que je ressors de cet album qui m’avait marqué alors que je le feuilletais. Bartleby, un album sympa aux seconds plans éblouissants !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La plupart des hommes servent l'état non pas en tant qu'humains...
...Mais comme des machines avec leur corps.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Wall Street, à New York. Le jeune Bartleby est engagé dans une étude notariale pour copier des actes juridiques. Consciencieux et efficace, il abat un travail colossal sans jamais se plaindre.
Pourtant, un jour, son supérieur lui confie un travail qu’il décline. Désormais, Bartleby cessera non seulement d’obéir aux ordres, mais il refusera aussi de quitter les lieux...
José Luis Munuera (Merlin, Fraternity...) s’empare de la nouvelle d’Herman Melville dans une adaptation magistrale, proposant une réflexion stimulante sur l’obéissance et la résistance passive.

Maigret à New-York

Alors que Maigret est à la retraite, pépouse, à la fraîche avec Madame, à Meung-sur-Loire et s’occupe de son jardin, le voilà qui se retrouve dans un transatlantique pour de farfelues lettres aux messages équivoques apportées par un jeune inconnu.

Il s'en fallait de peu, ce matin-là, pour qu'un homme vive ou meure, pour qu'un crime répugnant ne soit pas commis, et ce peu c'était une question de quelques minutes en plus ou en moins dans l'emploi du temps de Maigret.
Malheureusement, il l'ignorait. Pendant les trente années passées à la Police judiciaire, il avait l'habitude, lorsqu'une enquête ne le retenait pas la nuit dehors, de se lever vers sept heures du matin et il aimait parcourir à pied le chemin assez long séparant le boulevard Richard-Lenoir, où il habitait, du quai des Orfèvres.
Au fond malgré son activité, il avait toujours été un flâneur. Et, une fois à la retraite, dans sa maison de Meung-sur-Loir, il s'était levé plus tôt encore, souvent, l'été, avant le soleil qui le trouvait debout dans son jardin.
Maigret à New-York de Georges Simenon

Une histoire bien inutile à laquelle le commissaire ne semble pas croire plus que ça. Et ça se complique encore avec bien des personnages et plusieurs époques…

Si Dexter était un ivrogne triste, Parson, lui, était le type de l'ivrogne méchant, agressif.
Il se savait maigre et laid, il se savait sale, il se savait méprisé ou détesté et il en voulait à l'humanité tout entière, laquelle, pour le moment, prenait la forme et le visage de ce Maigret placide qui le regardait avec de gros yeux calmes, comme on regarde une mouche affolée par l'orage.

Un voyage à New-York bien superflu

Maigret 48/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le bateau avait dù atteindre la Quarantaine vers quatre heures du matin et la plupart des passagers dormaient. Quelques-uns s'étaient vaguement réveillés en entendant le vacarme de l'ancre, mais bien peu d'entre eux, malgré les promesses qu'ils s'étaient faites, avaient eu le courage de monter sur le pont pour contempler les lumières de New-York.
Les dernières heures de la traversée avaient été les plus dures. Maintenant encore, dans l'estuaire, à quelques encablures de la statue de la Liberté, une forte houle soulevait le navire... Il pleuvait. Il bruinait, plutôt, une humidité froide tombait de partout, imprégnait tout, rendait les ponts sombres et glissants, laquait les rambardes et les cloisons métalliques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Paisiblement retiré à Meung-sur-Loire, le commissaire Maigret se laisse convaincre par un tout jeune homme, Jean Maura, de l'accompagner à New York. Maura s'inquiète pour son père, un homme d'affaires d'origine française, qui semble en proie à de graves soucis.
Maigret va se trouver aux prises avec une ténébreuse affaire. Le jeune Maura disparaît inexplicablement. Bien des années plus tôt, Maura Père a débarqué à New York avec un ami, Daumale, violoniste de son état. Qu'est-ce qui les a séparés ? Qu'est devenu l'enfant mis au monde par Jessie, à l'époque la maîtresse de Maura ? Un lourd secret expliquerait-il que l'homme d'affaires soit victime d'un chantage ?
L'affaire sera élucidée, mais le commissaire, sur le bateau qui le ramène en France, se demandera ce qu'il est allé faire, au juste, dans la métropole américaine qui ne l'a guère emballé...

Miles et Juliette

Une bande-dessinée sur un moment clé de la vie de Miles Davis et Juliette Gréco à l’époque de la naissance du cool jazz. Une passion, brève, intense, brulante ! Miles à Paris, Saint-Germain-des-Prés, Boris Vian, Sartre et tous les autres.

Miles et Juliette de Salva Rubio et Sagar

Un trait très jazzy, absolument parfait pour ce sujet. Un album qui a même réussi à me faire revoir des photos d’époque et remarquer que j’avais une vision un peu différente de leurs physionomies.

Une BD suivie d’un mini dossier et d’une playlist, plutôt sympa !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À Paris, en 1949, Miles et Juliette se rencontrent et se trouvent...
À 22 ans, Miles a déjà joué aux côtés des plus grands jazzmen, Dizzy Gillespie, Charlie Parker... Mais le jazz se fait vieux, et Miles, lui, est à la recherche d'autre chose, de nouvelles harmonies, d'un nouveau son.
Invité au Festival de jazz de Paris, Miles découvre un pays où il n'est pas jugé sur la couleur de sa peau.
Juliette est la reine des zazous, la muse de l'existentialisme... Avec Boris Vian et la joyeuse faune des caveaux de la Rive gauche, elle est au cœur de la vie bouillonnante de Saint-Germain-des-Près.
Leur romance sera aussi brève que marquante...
Salva Rubio et Sagar s'inspirent des témoignages sur la rencontre entre deux jeunes artistes - Juliette Gréco et Miles Davis - pour déployer une superbe histoire d'amour, au rythme tourbillonnant.
En quelques pages, en quelques jours, on les accompagne dans leurs gammes amoureuses...

Les morts ont tous la même peau

Une adaptation bien virile du roman de Vernon Sullivan (oui, Boris Vian), un livre qui ne l’était pas moins.

Les morts ont tous la même peau de Jean-David Morvan, German Erramouspe, Mauro Vargas adapté du roman de Vernon Sullivan

Si on retrouve bien le sang, la testostérone, les poings et le sexe… manque peut-être (même si la BD n’en est pas dépourvue) un peu de l’humour et du second degré que j’avais ressentis lors de leurs lectures originales.

Et pour lire le bouquin en ligne, c’est ici

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il n'y avait pas beaucoup de clients, ce soir, et l'orchestre jouait mou, comme toujours dans ce cas-là.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dan est un métis new-yorkais. Videur dans un bar de nuit, il ne vit que pour Sheila, sa femme, et leur enfant. Il est heureux que son fils ait la peau si blanche et que personne ne puisse deviner des origines que lui s'évertue à dissimuler. Sa vie bascule lorsqu'il s'éprend d'une prostituée noire et que le retour de son frère menace de révéler ses origines. Adaptation d'un roman paru en 1947

84, Charing Cross Road

Mais quelle merveille de petit livre de rien du tout tellement beau !

84, Charing Cross Road de Helene Hanff

Aucune emphase, prétention ou effet de style ! Rien de tout ça, juste une simple correspondance entre une New-yorkaise amoureuse des beaux livres un peu fantasque et un libraire londonien.

Il parait qu’il y a un film… je ne sais pas si ça me fait envie. C’était trop tendrement joli.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un beau jour d'octobre 1949, la new-yorkaise Helene Hanff écrit à la librairie Marks et Co., au 84, Charing Cross Road à Londres. Passionnée, un peu fauchée, extravagante, Miss Hanff réclame au libraire Frank Doel des livres pour assouvir son insatiable soif de découvertes. Très vite, leurs échanges laissent place aux confidences et à une relation unique...

L'histoire vraie, émouvante et inoubliable de deux êtres que rapproche l'amour des lettres.

« Je ne savais pas que toucher un livre pouvait donner tant de joie. »
Helene Hanff

Hope

Sans avoir lu la première partie, Bianca, j’ai mis du temps à comprendre et entrer dans une histoire où tout se mélange… Comme dans sa tête.
Une arrivée à New-York, dans toute la rude violence froide d’une ville anonyme.

Hope de Loulou Robert
Hope de Loulou Robert

Mauvaises rencontres et sales plans trash pour la belle Bianca, mannequin anorexique et ses fantômes.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Dans le ferry, je regarde Brooklyn rétrécir. Je me tourne vers Manhattan. Il est neuf heures, c'est le jour de la rentrée scolaire. Je ferme les yeux, le soleil réchauffe ma peau. Les nuages s'écartent pour laisser place au grand bleu. Il faut arrêter de regarder en arrière. Les souvenirs filent des torticolis et rendent malheureux. L'avenir est un trou noir. Il se dresse devant moi. Crève, Bianca. Rêve, Bianca. Cours, Bianca, tu vas rater ta rentrée. Le bateau arrive à quai. Je suis la dernière à le quitter. Je me perds dans la foule. Welcome to New York. »

Bianca vient de quitter la France en laissant derrière elle son mal de vivre. De New York, elle absorbe sans retenue l'énergie frénétique, se laisse entraîner par un tourbillon de rencontres, découvre l'univers du mannequinat, sa violence et sa solitude. Aux prises avec la complexité d'une ville aussi bouillonnante que ses émotions, Bianca doit apprivoiser ses fantômes et apprendre à slalomer parmi les vivants.

Dans cette fresque en perpétuel mouvement, on retrouve l'héroïne du premier roman de Loulou Robert, Bianca, paru en 2016. Avec son écriture sauvage et son sens inné de la narration, l'auteure poursuit ici son exploration du récit initiatique

La ballade de Rikers Island

On peut trouver quelques coins sordides dans la ballade de Rikers Island de Régis Jauffret.

La ballade de Rikers Island de Régis Jauffret
La ballade de Rikers Island de Régis Jauffret
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce roman relate des événements qui se sont déroulés au début du XXIe siècle. Le président d'une institution financière internationale est accusé de viol par une femme de chambre d'origine africaine. Il est incarcéré pendant quelques jours dans une prison du continent américain. Libéré sous caution, les poursuites sont finalement abandonnées. À la suite de cet incident, sa carrière est brisée et son épouse demande le divorce. Une histoire anodine. Seule la célébrité dont semblait jouir l'accusé à cette époque a pu pousser quelqu'un à s'en emparer.

Cette affaire s'est effacée des réseaux avec le temps. Quelques copeaux d'articles de presse nous amènent cependant à supposer un fond de réalité à ce récit dont un exemplaire a été exhumé intact du fond d'un gouffre. Si vous êtes contemporain des faits dont il s'inspire, c'est peut-être celui que vous tenez entre vos mains