C’est tellement violent, tellement dur, rude, la chair à vif, la viande à nu, la merde et la tripaille à l’air. Un cri rauque, primal.
Je suis confus, parce que ce livre oxymore est magnifique, alors que ce qu’on y lit force à vomir.
Le livre d’une enfance démolie par une mère perverse et un père pédophile. Comme un cri pour tenter de revivre et reprendre son souffle.
Et aussi un livre qui ne laisse pas le lecteur ni la lectrice sagement installés dans leurs canapés mais les forcent « a minima » à un poil d’introspection. Et moi, suis-je un héros ?
« Ça m'a longtemps pour comprendre pourquoi le varan. Ça se voit ici, dans ces lignes-là. Je ne sens rien. Enfin, si, quelque part dans un espace auquel je n'ai pas accès, je sens. Je dois hurler de haine et de terreur, avec la bouche pleine de bave. Mais je ne m'entends pas. Je suis là, sur le bord du marigot, à épaissir encore, à durcir, à cuire au soleil et à la boue. Je raconte, je dis les faits, je les écris, je les relis, une fois. Je les fais lire. Il y a les faits, il y a un goût d'ironie, de douleur passée, mais il n'y a pas ce que j'ai ressenti. Il n'y a pas ma fibre, celle qui hurle et crie et voudrait brûler le monde dans l'acide jusqu'à ce qu'il n'en reste que les os. Il n'y a pas ça. Il n'y a que le varan. Le varan épais qui parle de sa vieille voix de cadavre dans une langue trop tiède pour qu'elle lui plaise.
Cette nuit-là, quand je me suis réveillée, le monde a changé. »
Roman choc sur une enfance esquintée, récit de la reconstruction aussi, Le Syndrome du varan possède une voix unique et brûlante, qui marque pour longtemps