Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Certains livres échappent à toute note, évaluation, résumés ou peut-être même critique. Objets, livres ils sont porteurs d’une essence, une vibration, une onde poétique… ils peuvent être jugés bons ou très mauvais, il ne s’agira que d’un point de vue tellement éloigné de son objet qu’il en deviendra forcément ridicule. Produits dérivés : reverdies combinatoires de Isabelle SbrissaEt à l’instar de Noces de Laurence Boissier que j’avais finalement renoncé à noter ou à trop en dire… Ici non plus, rien de trop n’en faut.
Mais si vous avez la chance de tomber sur ce petit objet graphico-économico-poétique, régalez-vous, c’est déroutant et musical
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Autrefois localisé en un lieu précis, le marché moderne devient diffus. Les échanges s'effectuent de plus en plus rarement dans un espace réel : l'ordinateur central d'un marché organisé, qui se conforme à des règles édictées par une bourse, ne correspond plus qu'à une place virtuelle, tandis que les transactions d'un marché de gré à gré, sans contrôle ni garantie externes, sont négociées sur des réseaux de télécommunication.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Trois reverdies combinatoires pour refaire la langue et le monde. Cette série transforme un texte issu du domaine financier par déplacement de mots, de syllabes ou de lettres, décompose le français de la spéculation financière, le mène à la musique sans tout à fait supprimer le sens, puis recompose une langue plus humaine, qui dit le partage des ressources et l'ouverture de la conscience.
S’il m’a été difficile de rentrer dans ce livre (principalement à cause de mon ignorance – et de mon peu de goût pour la poésie), il m’a bouleversé !J’ai péché, péché dans le plaisir de Abnousse ShalmaniUne biographie croisée qui suit Forough Farrokhzad et Marie de Régnier, vies de passions, de poésie et de liberté.
Mais la liberté est dangereuse.
Merci Abnousse Shalmani. Forough, Marie et Cyrus, je vous ai aimé
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Téhéran, avril 1956
Seul un regard peut enhardir un timide. Celui intense de Forough enflamme instantanément le jeune homme planqué derrière la mince rangée de lecteurs, cigarettes en main, journaux en guise d'éventails sous la chaleur printanière de Téhéran, qui se poussent du coude pour attirer le regard de la poète. Forough, craintive, regarde justement au-delà des volutes de fumée et des initiés qui se regroupent dans l'arrière-salle d'une librairie, pour écouter la poète qui, paraît-il, révolutionne la poésie classique et assume le scandale d'une vie libre, et elle se fixe sur le timide se ratatinant sur son siège, comme sur une échappatoire, un horizon. Il prend ce regard pour lui et se sent capable, se promet-il, de lui adresser la parole - c'est la première fois qu'elle le regarde.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Téhéran, 1955. A la suite d’une lecture de ses poèmes, le regard de Forough Farrokhzad (1934-1967), égérie des milieux littéraires iraniens qui n’a que vingt ans, est accroché par celui d’un jeune homme. Elle s’apprête à repousser les avances de Cyrus, ou la Tortue, comme elle le surnomme, et ignore qu’il va bouleverser son existence. Erudit, francophile, Cyrus lui traduit en persan les poèmes de Pierre Louÿs tout en lui racontant la vie du poète et celle de son grand amour, Marie de Régnier.
A travers celle de Marie, Forough entrevoit la vie dont elle aurait rêvé. Grâcieuse, intelligente, perverse, la fille du grand poète José-Maria de Heredia est une des reines de la très libre Belle Epoque, tout Paris se l’arrache. Elle collectionne amants et maîtresses, publie sans cesse et s’amuse dans les salons les plus prestigieux. La poétesse iranienne, elle, mariée à 16 ans à un artiste sans fantaisie, est bridée par sa famille, son militaire de père et les mœurs de son pays. Tout le monde s’épie, tout se sait. Mais Forough ne sait qu’être libre et provoque scandale sur scandale au fil de la parution de ses recueils. Elle célèbre la chair, la vie, l’émancipation et ne se renie pas. Toute son existence, Forough cheminera avec l’histoire de Marie de Régnier et de Pierre Louÿs au cœur, au point de venir à Paris avec Cyrus, sur les traces des deux amants et de leur cohorte d’amis, Claude Debussy, Marcel Proust, Léon Blum, Liane de Pougy et Nathalie Clifford-Barney. Sa mort tragique, à 32 ans, mettra un terme à son œuvre d’une immense intensité, qui en fait sans aucun doute la plus grande poétesse de l’Iran contemporain.
Dans ce roman puissant et subtil, au rythme effréné, Abnousse Shalmani met en regard les vies extraordinaires de ces deux écrivaines qui firent toujours le choix de la passion, amoureuse, poétique ou purement sensuelle, au risque de s’en brûler les doigts. Une ode très contemporaine à la liberté artistique et à celles qui ne renoncent jamais, en Occident comme en Orient.
Couverture trop moche, typo pourrie, genre détesté (qu’importe les raisons)… Mais parfois, ceux-ci nous tombent dans les mains, on y jette un œil condescendant, lointain, dédaigneux. Et, surprise, quelques mots nous accrochent. Et phrases après phrases, nous voilà piégés et les préjugés volent.
Je ne sais rien faire d’autre que vivre de Lou Sarabadzic
En l’occurrence, la poésie ne me parle pas. Et ouvrir ce livre à la mise en page si caractéristique m’a immédiatement repoussé.
Mais voilà, le texte était là, brillant, lumineux, solaire.
Lou parle de sa peur. Mais aussi, par effet de miroir, de son amour de la vie
Et c’est magnifique
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est comme ça depuis le début
j'apprends des choses
dans des livres ou dans des gens
je m'essaye aux trajectoires
aux stratégies réfléchies
je goûte des plats nouveaux
des fois même, j'en fais
en laissant une tache d'huile sur la page de droite
[...]
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Car enfin si je devais mourir pouvez-vous m'expliquer à quoi aurait servi
Alors que tout ça m’a semblé fort bien écrit, je n’ai pas vraiment saisi ce que Sophie Marceau nous racontait là. Quel serait le ou les messages de cette souterraine ?
La souterraine de Sophie Marceau
Des histoires de familles, d’amitié, de corps, beaux, laids, détestés comme les meilleurs alliés qui nous trahissent. Des objets aussi.
Et que dire de cette histoire de déshabillage qui ne fut pas sans me rappeler ce passage de l’autobiographie de Julio Iglesias reprise par Pierre Desproges ?
Passage que je ne résiste pas à retranscrire ici :
Je passe d’abord ma chemise que je boutonne de haut en bas, puis mon pantalon[…] Je ne porte pas de ceinture, je n’en ai pas besoin. J’ajuste mon pantalon avec ma chemise par–dessus. C’est ainsi que je me peigne. Je sais que je ne dois pas tout de suite rentrer ma chemise dans mon pantalon c’est pour ça que je la laisse dépasser le temps de mettre ma cravate. Je porte des cravates toutes simples, de couleur sombre, unie, en soie. Mon pantalon est une sorte de seconde peau que je dois enfiler. C’est là le point commun avec les toreros … Il faut en effet que je tortille, qu’on tire sur le pantalon jusqu’à ce qu’il colle à moi comme une seconde peau. Je mets également mon gilet en le boutonnant lentement. et j’ai besoin qu’il me fasse un peu mal et qu’il me serre… Lorsque habillé, je me regarde dans la glace, généralement de profil, il m’arrive parfois de pousser un grand cri de satisfaction : – Ahhhhhhhhhh ! Julio Iglesias Entre le ciel et l’enfer
Bon, je suis passé à côté, zut !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ils louent le rez-de-chaussée d'un pavillon de banlieue avec un garage. Ils ont un numéro de sécurité sociale, un berger allemand et une Renault 16.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les treize histoires et sept poèmes qui composent ce livre se répondent et se complètent : d'un décor à l'autre (plateaux de cinéma, jardins d'enfance, hôtels de luxe ou terrains vagues), les héroïnes (filles, jeunes femmes, amantes ou amoureuses, mères ou grands-mères) incarnent chacune à leur manière le sort d'être femme, qu'il s'exprime par un corps, un rôle, un héritage.
Au fil des récits, des fables, des fragments de vie, des poésies, il s'agit toujours de dévoiler un mystère, un secret, la part souterraine... Les mots s'insinuent comme il faut pour toucher ce qu'il y a à toucher, et dire ce qu'il y a à en dire. Avec finesse et intensité. Et c'est un plaisir de plonger dans ces textes – débordants d'imagination, de fantaisie, basculant souvent de l'observation la plus juste à une imprévisible drôlerie
L’occasion de découvrir (par rebond et sur Wikipedia) qui était Pietro Aretino, vénitien banni de sa ville et qui fit parler de lui au 15e siècle pour ses Sonnets luxurieux
L’Arétin français de Félix Nogaret
Sinon, pas grand chose à dire de ce tout petit livret trouvé aux puces et qui m’avait amusé… Mais finalement pas trop
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Publiés anonymement à Londres en 1787, les poèmes de L'Arétin français sont de Félix Nogaret (1740-1831), qui est aussi l'auteur des Épices de Vénus. Le recueil est composé de dix-neuf courts poèmes, de huit vers chacun, qui servent de légendes à une suite de gravures de Burins d'Elluin d'après Borel.
Cette bd-bio – aux nombreux flash-back sur la jeunesse d’Isadora Duncan – raconte la relation mouvementée entre le poète russe Sergueï Essenine et la danseuse.
Il était une fois dans l’Est de Julie Birmant, dessin de Clément Oubrerie
Au faît de sa gloire, Isadora décide de partir à Moscou soutenir la révolution et danser pour les masses travailleuses. Elle y rencontre Sergueï, de 18 ans son cadet pour une relation mouvementée, comme sa vie d’ailleurs !
Isadora Ducan
Un dessin très dansant pour une bio qui m’a semblé peu claire dans ses intentions.
Et finalement, est-ce réellement un tome 1 sans suite ou faut-il voir Isadora comme le tome 2 d’une série tarabiscotée ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Voyou aimant à se fracasser les poings dans les fenêtres, poète adulé telle une rock star, Serge Essenine est un cow-boy de Moscou.
Avec son ami Mariengof, à la chevelure lustrée comme un piano de concert. Ils sont les chefs de la bande des imaginistes et... inséparables.
Mais un beau jour de 1921 surgit du fin fond de l'Ouest une danseuse plus si jeune, une Américaine aussi célèbre que Lénine, Isadora Duncan...
Sûr que si j’avais été plus sensible à la poésie, j’aurais collé 5 étoiles à ce recueil. Hélas, cet art peine à me toucher. Ne serais-je qu’un bourrin insensible et obtus ?
Couleurs primitives : un nuancier érotique de Jeanne Cherhal illustré par Petites luxures
Et pourtant, tout dans ce livre est magnifique. La mise en page et l’édition sont parfaites et les dessins de Petites luxures (aka Simon Frankart) collent délicieusement à la peau des poèmes de Jeanne Cherhal qui alterne les styles en grande musicienne du désir. Une douce réussite pour un livre sensuel et luxurieux
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un nuancier de 30 couleurs mêlant poésie et dessins érotiques
Au fil de trente poèmes, Jeanne Cherhal nous invite à suivre une femme amoureuse et libre, et à partager des moments intimes de sa vie.
Subtilement illustré par les dessins silhouettés de Petites Luxures, ce nuancier du désir propose une émouvante palette de trente couleurs dont les noms ont été imaginés par l'autrice, sous des formes multiples (sonnet, haïku, blason, calligramme...). De Fauve à Béluga, de Saint Crème à Bleu d'orage, poèmes et illustrations se répondent, se mêlent et s'entrelacent dans un jeu aussi doux et lyrique que sensuel et érotique
La vie de Baudelaire vue par sa maîtresse, Jeanne Duval, La Vénus noire.
Cahiers Baudelaire, tome 1 de Yslaire
Une relation tumultueuse, passionnée, colérique, violente, amoureuse, infidèle et explosive. Un Baudelaire épris et inconstant, pourchassé par ses créanciers, harcelé par sa mère, empoisonné par la syphilis, le mercure et l’opium.
Cahiers Baudelaire, tome 2 de Yslaire
Trois cahiers de croquis magnifiques (certains très aboutis et d’autres juste esquissés) dans une mise en page très dynamique et qui permettent de saisir tout le talent de Yslaire, la grâce de son trait, la beauté des gestes et des corps, la tension des instants. Sublime travail dans un écrin agrafé tout pourri et qui aurait bien mérité une édition et une reliure plus soignée.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) 1.
Quelle nuit encore !...
Tu te souviens combien de bouteilles tu m'as fait boire, Monsieur ?
2.
Vous l'avez vue aussi monsieur Asselineau ?
A vrai dire, j'écoutais l'éloge funèbre de Nadar, et je n'ai guère prêté attention à l'assistance. Sinon que je déplorais le peu de monde...
3.
Vous n'êtes pas sérieux ?
Je comprends votre déception, mais...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) 1. L'histoire d'amour contrariée entre le poète Charles Baudelaire et sa maîtresse métisse, Jeanne Duval dite la Vénus noire. Cahier numéroté au tirage limité à 2.500 exemplaires
2. Dans une lettre adressée à Caroline Aupick, suite à la mort de son fils Charles Baudelaire, Jeanne Duval décrit sa relation complexe avec le célèbre poète afin de justifier sa demande d'héritage. Suite de l'histoire d'amour contrariée entre l'écrivain et sa maîtresse, surnommée la Vénus noire
3. Suite de l'histoire d'amour contrariée entre le poète Charles Baudelaire et sa maîtresse métisse, Jeanne Duval dite la Vénus noire. Ce numéro présente le troisième et dernier chapitre de Mademoiselle Baudelaire. La présentation des planches en fac-similé permet de comprendre le processus créatif de l'auteur
Il y a quelque chose de magique et poétique dans les mots, ces mots qui n’ont pas de traductions, qui n’existent nulle part ailleurs, qui désignent des émotions, des sentiments ou des choses qui n’ont pas d’équivalent dans d’autres langues…
Le dico des mots extraordinaires de Jean Abbiateci, conception graphique de Loris Grillet
A l’instar de Laurent Nunez et de son extraordinaire Il nous faudrait des mots nouveaux, Jean Abbiateci nous emmène en voyage à leur découverte. Un voyage érudit et amusant autour du monde (et plus loin encore) de la richesse des langues.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans ce livre, vous trouverez une centaine de mots, beaux et surprenants, glanés dans le monde entier.
- Des mots pour s'émerveiller
- Des mots pour dire nos émotions
- Des mots imaginaires pour rêver
- Des mots à offrir et à partager
Un voyage raconté par la voix douce, candide et poétique d’un enfant emporté par sa mère et son père alors qu’ils partent combattre Bachar el-Assad au sein de l’État islamique.
Voyage au bout de l’enfance de Rachid Benzine
Quand ce qui semblait un juste combat devient une infamie, une horreur, un enfer
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Trois mois. D'après maman, ça fait précisément trois mois aujourd'hui qu'on est enterrés dans ce fichu camp. Et ça fait presque quatre ans que j'ai quitté l'école Jacques-Prévert de Sarcelles.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Fabien est un petit garçon heureux, qui aime le football, la poésie et ses copains, jusqu'au jour où ses parents rejoignent la Syrie. Ce roman poignant et d'une grande humanité raconte le cauchemar éveillé d'un enfant lucide, courageux et aimant qui va affronter l'horreur