L’amie de madame Maigret

Un Maigret un peu compliqué, mais qui débute de façon plutôt amusante avec Madame Maigret, une grosse mémère [sic] au parc, coincée à garder un petit enfant alors que la poule du repas de Monsieur Maigret est sur le feu.

Un cadavre dans le calorifère ?
Ce que le public ignorait, ce qu'on avait eu soin de ne pas dire à la presse, c'est que l'affaire avait éclaté par le plus grand des hasards. Un matin, on avait trouvé dans la boîte aux lettres de la P.J., quai des Orfèvres, un méchant morceau de papier d'emballage sur lequel il était écrit:
Le relieur de la rue de Turenne a fait brûler un cadavre dans son calorifère.
L’amie de madame Maigret de Georges Simenon

L’histoire d’une comtesse, de deux dents dans un calorifère (les siennes ?) et d’une voiture en chocolat (enfin, couleur chocolat) que tout le monde cherche au Grand Turenne. Un Maigret dans lequel plusieurs remises à niveau sont nécessaire pour une compréhension fluide…

Au Grand Turenne

Une enquête un peu alambiquée qui ne manque pourtant pas d’alcool (ni de sandwichs)

 - Il est jaloux?
 - Il n'aime pas les familiarités.
 - Il vous aime?
 - Je crois que oui.
 - Pourquoi?
 - Je ne sais pas. Peut-être parce que je l'aime.

Maigret 59/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La petite dame du square d'Anvers
La poule était au feu, avec une belle carotte rouge, un gros oignon et un bouquet de persil dont les queues dépassaient. Mme Maigret se pencha pour s'assurer que le gaz, au plus bas, ne risquait pas de s'éteindre. Puis elle ferma les fenêtres, sauf celle de la chambre à coucher, se demanda si elle n'avait rien oublié, jeta un coup d'œil vers la glace et, satisfaite, sortit de l'appartement, ferma la porte à clef et mit la clef dans son sac.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un billet anonyme, une perquisition, des dents humaines retrouvées dans un calorifère... Maigret n'hésite pas à incarcérer Steuvels, un relieur belge établi rue de Turenne. Mais qui a été tué ? Et pourquoi ? La presse s'empare de l'affaire. Liotard, le jeune avocat de Steuvels, soigne sa publicité. Et l'enquête piétine. Cependant, Madame Maigret, en se rendant chez son dentiste, square d'Anvers, a lié connaissance avec une jeune femme italienne, accompagnée d'un enfant de deux ans. Le jour où celle-ci lui confie l'enfant durant deux heures, sans explication, elle s'ouvre à son mari. Or cette Gloria était au service d'une riche comtesse récemment assassinée à l'hôtel Claridge...
Et c'est finalement Madame Maigret qui va mettre son mari sur la piste. Une piste tortueuse qui, du Claridge au square d'Anvers, et du square d'Anvers à la rue de Turenne, le mènera à la vérité

La danseuse du Gai-Moulin

Un polar à l’ancienne, avec des pleines pages d’explications finales pour bien comprendre… À l’ancienne, oui.

Victor fut magnifique. 
« Nous sommes frits! » dit-il simplement.
La danseuse du Gai-Moulin de Georges Simenon

Pourtant, ça commençait vraiment bien. Un Maigret sans Maigret, une surprenante surprise. Et qui fonctionne très bien jusqu’à ce que tout cela s’enlise dans une sorte de boulet liégeois qui tient un peu trop bien au ventre.

Alors Mme Maigret conclut :
« Les hommes sont tous les mêmes! »

Un Maigret avec des espions et des danseuses de cabaret

Maigret 10/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Adèle et ses amis
« Qui est-ce ?...
- Je ne sais pas ! C'est la première fois qu'il vient », dit Adèle en exhalant la fumée de sa cigarette. Et elle décroisa paresseusement les jambes, tapota ses cheveux sur les tempes, plongea le regard dans un des miroirs tapissant la salle pour s'assurer que son maquillage n'était pas défait.
Elle était assise sur une banquette de velours grenat, en face d'une table supportant trois verres de porto.
Elle avait un jeune homme à sa gauche,un jeune homme à droite.
« Vous permettez, mes petits ?... »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un apprenti espion bien maladroit...
Deux jeunes Adolescents endettés – Delfosse, un bourgeois pervers et Chabot, le fils d'un employé comptable – fréquentent à Liège Le Gai-Moulin, une boîte de nuit où ils courtisent l'entraîneuse et danseuse Adèle. A la fin d'une soirée qu'elle a passée, à une table voisine de ces derniers, en compagnie d'un certain Graphopoulos arrivé le jour même dans la ville, ils se laissent enfermer dans la cave de l'établissement afin de s'emparer de la recette. Dans le noir, ils entraperçoivent ce qu'ils croient être un cadavre, celui de Graphopoulos, et prennent la fuite

Maigret à New-York

Alors que Maigret est à la retraite, pépouse, à la fraîche avec Madame, à Meung-sur-Loire et s’occupe de son jardin, le voilà qui se retrouve dans un transatlantique pour de farfelues lettres aux messages équivoques apportées par un jeune inconnu.

Il s'en fallait de peu, ce matin-là, pour qu'un homme vive ou meure, pour qu'un crime répugnant ne soit pas commis, et ce peu c'était une question de quelques minutes en plus ou en moins dans l'emploi du temps de Maigret.
Malheureusement, il l'ignorait. Pendant les trente années passées à la Police judiciaire, il avait l'habitude, lorsqu'une enquête ne le retenait pas la nuit dehors, de se lever vers sept heures du matin et il aimait parcourir à pied le chemin assez long séparant le boulevard Richard-Lenoir, où il habitait, du quai des Orfèvres.
Au fond malgré son activité, il avait toujours été un flâneur. Et, une fois à la retraite, dans sa maison de Meung-sur-Loir, il s'était levé plus tôt encore, souvent, l'été, avant le soleil qui le trouvait debout dans son jardin.
Maigret à New-York de Georges Simenon

Une histoire bien inutile à laquelle le commissaire ne semble pas croire plus que ça. Et ça se complique encore avec bien des personnages et plusieurs époques…

Si Dexter était un ivrogne triste, Parson, lui, était le type de l'ivrogne méchant, agressif.
Il se savait maigre et laid, il se savait sale, il se savait méprisé ou détesté et il en voulait à l'humanité tout entière, laquelle, pour le moment, prenait la forme et le visage de ce Maigret placide qui le regardait avec de gros yeux calmes, comme on regarde une mouche affolée par l'orage.

Un voyage à New-York bien superflu

Maigret 48/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le bateau avait dù atteindre la Quarantaine vers quatre heures du matin et la plupart des passagers dormaient. Quelques-uns s'étaient vaguement réveillés en entendant le vacarme de l'ancre, mais bien peu d'entre eux, malgré les promesses qu'ils s'étaient faites, avaient eu le courage de monter sur le pont pour contempler les lumières de New-York.
Les dernières heures de la traversée avaient été les plus dures. Maintenant encore, dans l'estuaire, à quelques encablures de la statue de la Liberté, une forte houle soulevait le navire... Il pleuvait. Il bruinait, plutôt, une humidité froide tombait de partout, imprégnait tout, rendait les ponts sombres et glissants, laquait les rambardes et les cloisons métalliques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Paisiblement retiré à Meung-sur-Loire, le commissaire Maigret se laisse convaincre par un tout jeune homme, Jean Maura, de l'accompagner à New York. Maura s'inquiète pour son père, un homme d'affaires d'origine française, qui semble en proie à de graves soucis.
Maigret va se trouver aux prises avec une ténébreuse affaire. Le jeune Maura disparaît inexplicablement. Bien des années plus tôt, Maura Père a débarqué à New York avec un ami, Daumale, violoniste de son état. Qu'est-ce qui les a séparés ? Qu'est devenu l'enfant mis au monde par Jessie, à l'époque la maîtresse de Maura ? Un lourd secret expliquerait-il que l'homme d'affaires soit victime d'un chantage ?
L'affaire sera élucidée, mais le commissaire, sur le bateau qui le ramène en France, se demandera ce qu'il est allé faire, au juste, dans la métropole américaine qui ne l'a guère emballé...

Le pendu de Saint-Pholien

Une enquête de bric et de broc, qui ne part de rien tout en laissant le sentiment de n’arriver nulle part. Avec un commissaire qui ne sait pas trop derrière quoi il court, en Belgique, alors que la personne qu’il suivait se suicide d’une balle de revolver tirée dans la bouche.

« Je pourrai voir le corps de Jean ?... On l'a ramené ?...
 - Il arrivera à Paris demain...
 - On est sûr qu'il s'est vraiment tué ?... »
Maigret détourna la tête, gêné à l'idée qu'il en était plus que certain, qu'il avait assisté au drame, qu'il l'avait provoqué inconsciemment.
Son interlocuteur tortillait sa casquette, se balançait d'une jambe à l'autre, attendant qu'on lui donnât congé. Et ses yeux enfoncés dans les orbites, ses prunelles pareilles à de gris confetti perdues dans les paupières pâles rappelaient tellement les yeux humbles et anxieux du voyageur de Neuschanz que Maigret sentit dans sa poitrine un âcre pincement qui ressemblait à un remords.
Le pendu de Saint-Pholien de Georges Simenon

Un livre qui parle des remords et de la justice avec un commissaire plus intéressé par une énigme que par sa déontologie professionnelle.

Maigret 4/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le crime du commissaire Maigret
Personne ne s'aperçut de ce qui se passait. Personne ne se douta que c'était un drame qui se jouait dans la salle d'attente de la petite gare où six voyageurs seulement attendaient, l'air morne, dans une odeur de café, de bière et de limonade.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Parce que le commissaire Maigret a subtilisé la valise d'un voyageur rencontré par hasard et qui lui avait paru suspect, celui-ci se tue d'un coup de revolver dans la bouche.

Profondément bouleversé par les conséquences de son geste, Maigret va partir sur les traces de cet homme mort par sa faute

Maigret hésite

Ce Maigret commence bien printanièrement, avec un commissaire qui goûte à un mois de mars ensoleillé.

 - Salut Janvier
 - Bonjour, patron. 
 - Bonjour, Lucas.
 - Bonjour, Lapointe...
En arrivant à celui-ci, Maigret ne pouvait s'empêcher de sourire. Pas seulement parce que le jeune Lapointe arborait un complet neuf, très ajusté, d'un gris pâle moucheté de minces fils rouges. Tout le monde souriait, ce matin-là, dans les rues, dans l'autobus, dans les boutiques.
On avait eu, la veille, un dimanche gris et venteux, avec des rafales de pluie froide qui rappelaient l'hiver, et soudain, bien qu'on ne fût que le 4 mars, on venait de se réveiller au printemps.
Certes, le soleil restait un peu acide, le bleu du ciel fragile, mais il y avait de la gaieté dans l'air, dans les yeux des passants, une sorte de complicité dans la joie de vivre et de retrouver la savoureuse odeur du Paris matinal.
Maigret hésite de Georges Simenon

Et le commissaire divisionnaire a bien l’intention d’en profiter.

Maigret tricha, ce jour-là. Il téléphona à sa femme qu'il était retenu par son travail. Il avait envie de fêter ce soleil printanier en déjeunant à la brasserie Dauphine où il s'offrit même un pastis au comptoir.
Si des emmerdements l'attendaient, comme disait Lapointe, tout au moins commençaient-ils d'une façon agréable.

Mais voilà qu’une lettre anonyme le prévient qu’un meurtre aura lieu pour une sorte de chronique d’une mort annoncée. Mais où, qui et quand ?

« Il n'y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l'action, ou lorsqu'il a été contraint par une force à laquelle il n'a pu résister. »
 - Qu'en pensez-vous? questionnait le gnome en se penchant vers lui.
 - Je préfère ne pas être magistrat. Ainsi, je n'ai pas à juger...
 - Voilà ce que j'aime vous entendre dire...

Un opus qui plonge dans une famille bien aisée, pour un questionnement autour d’un fameux article 64 du code pénal français abrogé en mars 1994

Maigret 96/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Salut Janvier
- Bonjour, patron.
- Bonjour, Lucas. Bonjour, Lapointe...
En arrivant à celui-ci, Maigret ne pouvait s'empêcher de sourire. Pas seulement parce que le jeune Lapointe arborait un complet neuf, très ajusté, d'un gris pâle moucheté de minces fils rouges. Tout le monde souriait, ce matin-là, dans les rues, dans l'autobus, dans les boutiques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Averti par lettre anonyme qu'un meurtre se prépare au domicile de l'avocat Emile Parendon, Maigret obtient de ce dernier l'autorisation de séjourner chez lui. Avec son inépuisable et patiente curiosité envers les êtres, le taciturne commissaire comprend vite tout ce qui sépare l'avocat, physiquement disgracié mais prodigieusement brillant, passionné par le thème de la responsabilité du criminel, et sa femme, grande-bourgeoise éprise de mondanités, qui ne l'empêche plus de chercher un réconfort affectif et moral auprès d'Antoinette, sa secrétaire.
Mais qui va tuer qui ? La présence de Maigret suffira-t-elle à conjurer le drame ?
Fascination pour les passions secrètes qui mûrissent derrière la façade des convenances et du quotidien ; imminence d'une mort annoncée, de plus en plus obsédante et palpable...

Maigret et l’affaire Nahour

Suite à ma précédente lecture, je remarquais l’image de Paris et de la France qu’offraient les Maigret. Sortes de photographies nous racontant la vie d’alors, les concierges, les relations de couples (et extra-conjugales) et la vie des hommes avec la consommation d’alcool ou du tabac (pas vraiment compatible avec la loi Évin)

Vingt minutes plus tard, Maigret, attablé en face de sa femme, dégustait une savoureuse choucroute à l'alsacienne comme on n'en trouve que dans deux restaurants de Paris. Le petit-salé était particulièrement « goûteux » et le commissaire avait ouvert des bouteilles de bière de Strasbourg.
La neige tombait toujours de l'autre côté de la fenêtre et il faisait bon être au chaud, sans avoir à s'aventurer sur les trottoirs glissants comme le port d'Amsterdam.
 - Fatigué ?
 - Pas trop.
Il ajouta après un silence, avec un regard un peu narquois à sa femme:
 - Au fond, un policier ne devrait pas être marié.
 - Pour ne pas devoir rentrer chez lui et manger de la choucroute ? répliqua-t-elle du tac au tac.
Maigret et l’affaire Nahour de Georges Simenon

Mais aujourd’hui, il est tout aussi intéressant de voir quel est la place des femmes chez Simenon. Certes, l’homme aux 10’000 femmes a déjà du tirer l’oeil là dessus. Reste qu’il est fort amusant de s’attarder sur Madame Maigret, son rôle d’épouse, de ménagère, de cuisinière (et quelle cuisinière, misère !), de confidente, de supportrice inconditionnelle ou chauffeuse (oui, elle a son permis de conduire, Monsieur non !).

Une fois dans son bureau, il ouvrit la porte de celui des inspecteurs. 
 - Lucas!... Janvier!... Lapointe!...
On aurait dit qu'ils l'attendaient tous les trois.
 - Mettez votre pardessus et venez avec moi...
Ils le suivirent sans lui demander où ils les conduisait. Quelques minutes plus tard, ils montaient les marches usées de la Brasserie Dauphine.
 - Alors, monsieur Maigret, cette affaire Nahour? lui lançait le patron.
Il regretta sa question, car le commissaire le regarda en haussant les épaules.
Il se hâta d'ajouter :
 - Vous savez, aujourd'hui, il y a de l'andouillette...

Et la cuisine française !

Un meurtre dans le monde du jeu, celui de l’illusion et du mensonge

Maigret 91/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il se débattait, acculé à se défendre puisqu'on l'empoignait traîtreusement par l'épaule. Il tenta même de frapper du poing, avec l'humiliante sensation que son bras ne lui obéissait pas et restait mou, comme ankylosé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En pleine nuit, le docteur Pardon alerte son ami Maigret : un inconnu vient de lui amener une jeune femme, Lina, légèrement blessée par balle. Puis le couple a disparu ; donnant de la blessure une explication très sommaire... Le lendemain, un Libanais du nom de Félix Nahour, joueur professionnel, est découvert assassiné, dans son hôtel particulier. Il n'était autre que le mari de la jeune. femme, dont la police retrouve la trace à Amsterdam, où elle s'est enfuie avec son amant, Vicente, un étudiant colombien. Nahour a-t-il tiré sur sa femme, comme celle-ci le prétend, parce qu'elle voulait demander le divorce ? Faut-il croire le secrétaire de Nahour, aux yeux de qui le meurtrier est évidemment l'amant de Lina ? Maigret ne parvient pas à : se contenter de ces explications trop claires. Il lui faudra toute son intuition pour comprendre la mentalité des étrangers dont il s'occupe, et tout son. ascendant pour leur faire avouer peu à peu la vérité

Le voleur de Maigret

Les Maigret sont de véritables capsules temporelles. Ils nous racontent Paris et la France des années 30 à 60 (à peu de choses près, mais sans la guerre). Une époque où les hommes portaient un chapeau, fumaient la pipe et des cigarettes partout où c’était possible (et c’était possible partout !). Ces années qui verraient arriver les yéyés et sonnerait la fin des maisons closes.

Il avait eu la chance de voir arriver un autobus à plate-forme, ce qui était déjà un sujet de satisfaction. Ces voitures devenaient de plus en plus rares, car on les retirait peu à peu de la circulation, et bientôt il serait obligé de vider sa pipe avant de s'enfermer dans un de ces énormes véhicules d'aujourd'hui où on se sent prisonnier.
Le voleur de Maigret de Georges Simenon

Les concierges étaient omniprésentes (oui, souvent des femmes) et seraient bientôt remplacées par des digicodes et des cameras de surveillance. Une époque où le petit vin blanc démarrait la journée et où les hommes pichtronnaient du matin jusqu’au soir (le commissaire le premier !).

 - Je suis à votre disposition...
Maigret lui désigna le bistrot du bougnat.
 - Vous ne voulez rien boire?
 - Non, merci.
Dommage, car Maigret aurait volontiers commencé cette journée printanière par un petit vin blanc.

Ici, c’est une histoire un peu alambiquée (pas forcément le meilleur opus) dans laquelle le commissaire commence par se faire voler son portefeuille avec sa médaille !

Le jeune homme désignait à Maigret la porte, fermée celle-ci, qui se trouvait devant eux et le commissaire fit ce qu'on lui demandait.
Son compagnon ne s'enfuit pas. L'odeur, pourtant, était écœurante, malgré la fenêtre ouverte.
Près d'un divan transformé en lit pour la nuit, une femme était étendue sur le tapis marocain à dessins multicolores et des mouches bleues tournoyaient en bourdonnant autour d'elle.

S’en suit une plongée dans le monde des petites mains du cinéma, auteurs en devenir, petit producteurs et starlettes prêtes à tout pour un petit rôle. Tiens, rien n’aurait changé ou oserait-on croire que #metoo viendra casser tout ça ?

La plupart sont prêtes à tout pour obtenir un bout de rôle.
 - C'est exact.
 - Je crois savoir qu'il vous arrive d'en profiter ?
 - Je ne m'en cache pas...
 - Même de Nora?
 - Je vais vous expliquer... Que je profite de temps à autre, comme vous dites, d'une jolie fille, Nora ne s'en inquiète pas trop, à condition que ce soit sans lendemain... Cela fait partie du métier... Tous les hommes en font autant, sauf qu'ils n'ont pas tous les mêmes occasions... Vous-même, commissaire...
Maigret le regarda lourdement, sans sourire.

Maigret 94/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Pardon, Monsieur...
- De rien...
C'était la troisième fois au moins, depuis le coin du boulevard Richard-Lenoir, qu'elle perdait l'équilibre, le heurtait de son épaule maigre et lui écrasait son filet à provisions sur la cuisse.
Elle demandait pardon du bout des lèvres, ni confuse, ni navrée, après quoi, elle se remettait à regarder droit devant elle d'un air à la fois tranquille et décidé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un matin, sur la plate-forme d'un autobus, on vole le portefeuille de Maigret. Le matin suivant, son portefeuille lui est restitué par la poste et il reçoit un appel téléphonique du voleur lui demandant un rendez-vous. Maigret s'y rend et apprend de son voleur, François Ricain, que sa femme, Sophie, a été assassinée

L’ami d’enfance de Maigret

Maigret n’est pas tendre avec ce copain d’enfance, pourtant, bien malgré lui, il est attendri par ce looser vieillissant, ce vieux comique qui ne fait rire plus que lui, mythomane désespéré qui tente d’y croire encore.

Comme cela arrive souvent, le trou, dans la gorge, paraissait disproportionné d'avec le calibre d'une balle. Elle avait beaucoup saigné et pourtant son visage ne trahissait que de l'étonnement.
Pour autant qu'il en pouvait juger, la femme était petite, boulotte et douce, une de ces femmes qui font penser à des plats mijotés, à des confitures amoureusement mises en pot.
Le regard de Maigret cherchait quelque chose alentour.
L’ami d’enfance de Maigret de Georges Simenon

Un Simenon bien amusant pour cette histoire de femme aux multiples amants, quasi tous persuadés d’être seul à lui apporter leur soutien en échange d’un moment de tendresse hebdomadaire. Un polar qui en raconte sûrement plus qu’il n’y parait sur la vision des femmes de l’auteur (et de l’époque).

Au fond, Maigret le soupçonnait d'être un inquiet. Son rôle de comique n'était qu'une façade pour se défendre contre une vérité pitoyable.
C'était un raté, le raté type, et, ce qui était plus grave, plus pénible, un raté vieillissant.
Était-ce par pitié que Maigret ne l'avait pas arrêté? Ou bien parce que Florentin avait accumulé trop de preuves contre lui, alors qu'il était intelligent ?

Et l’histoire ? Un vieux copain d’enfance (pas si copain que ça, d’ailleurs) venant demander de l’aide au commissaire. Il raconte à Maigret qu’il était caché dans la penderie alors que sa maîtresse était tuée dans la pièce d’à côté. Mais rien ne colle, rien ne va, et Maigret doute et rumine de fort mauvaise humeur

 - Vous me rejoignez à la Brasserie Dauphine, mes enfants?
Ce n'est qu'après coup qu'il jugea cruel ce rendez-vous donné à voix haute à ses collaborateurs devant deux hommes qu'on allait enfermer.
Cinq minutes plus tard, au comptoir du petit restaurant familier, dont une partie formait bistrot, il commandait :
 - Une bière... Dans le plus grand verre que vous ayez...
En trente-cinq ans, il n'avait pas rencontré un seul de ses condisciples du lycée Banville.
Il avait fallu qu'il tombe sur Florentin !

Maigret 97/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La mouche tourna trois fois autour de sa tête et vint se poser sur la page du rapport qu'il était en train d'annoter, tout en haut, dans le coin gauche.
Maigret immobilisa sa main qui tenait le crayon et la regarda avec une curiosité amusée. Ce jeu-là durait depuis près d'une demi-heure et c'était toujours la même mouche. Il aurait juré qu'il la reconnaissait. D'ailleurs, il n'y avait que celle-là dans le bureau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est sans réel plaisir que Maigret voit resurgir Léon Florentin, son ancien condisciple au lycée Banville, à Moulins, qu'il n'a jamais particulièrement estimé. Quant à l'affaire qu'il lui apporte, elle n'est guère ragoûtante non plus : l'assassinat d'une certaine Joséphine Papet, maîtresse de Florentin et de plusieurs autres messieurs d'âge mûr, qui lui procuraient de quoi vivre

La patience de Maigret

Chose rare dans les Maigret, celui-ci est une suite, continuation de Maigret se défend. Certes, il peut tout à fait se lire indépendamment, pourtant de nombreux passages font référence au tome précédent.

 - Je suis à peu près certain que vous n'avez pas tué Manuel.
 - Alors, de quoi me soupçonnez-vous?
 - Vous le savez mieux que moi, mon petit. Je ne suis pas pressé. Cela viendra en son temps.
Il appelait Janvier, les deux inspecteurs qui se montraient mal à l'aise dans cette chambre à coucher blanche et jaune.
 - A vous, mes enfants.
Comme pour se préparer au combat, Aline allumait une cigarette et en exhalait la fumée avec une moue dédaigneuse.
La patience de Maigret de Georges Simenon

L’histoire d’un vieux commissaire enquêtant sur le meurtre d’un vieux brigand – Manuel Palmari – avec lequel des liens (à la Titi et Grosminet) s’étaient tissés au fil des années.

Il avait bien déjeuné. Il gardait dans la bouche la saveur du marc. La chaleur, si elle donnait envie de sommeiller, était agréable, le soleil plein de gaieté.
Manuel aussi aimait les bons repas, le marc, et cette demi-somnolence des beaux jours d'été.
Il devait être à présent, sous un drap rugueux, dans un des tiroirs métalliques de l'institut médico-légal.

L’occasion pour Maigret de se repencher sur une affaire jamais résolue et qui traîne depuis vingt ans.

 - Voyez-vous, il y a crapules et crapules. A certaines, je peux serrer la main, comme par exemple Palmari. Vous êtes, vous, de la pire espèce, celle qu'on ne peut regarder en face sans avoir envie de frapper ou de cracher. Et le commissaire se contenait réellement.
 - Allez-y! Je suis sûr que mon avocat en sera enchanté.
Dans quelques minutes, on vous conduira au Dépôt et, cet après-midi sans doute, ou la nuit prochaine, ou demain, nous reprendrons cette conversation.

Et comme à son habitude, Maigret ne pense pas, il s’imprègne et laisse apparaître la vérité d’elle même, au risque de se retrouver avec un cadavre supplémentaire

Maigret 92/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La journée avait commencé comme un souvenir d'enfance, éblouissante et savoureuse. Sans raison, parce que la vie était bonne, les yeux de Maigret riaient tandis qu'il prenait son petit déjeuner, et il n'y avait pas moins de gaieté dans les yeux de Mme Maigret assise en face de lui.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Depuis longtemps Maigret surveillait le vieux Palmari, qu'il soupçonnait de diriger un gang de voleurs de bijoux, et sa maîtresse Aline, son seul contact avec l'extérieur depuis qu'il avait perdu l'usage de ses jambes. Et voilà que Palmari est assassiné.

Maigret va s'intéresser au représentant Fernand Barillard, ami de la victime et amant d'Aline, à sa femme Mina et au vieux père sourd-muet de celle-ci, Jef Claes. Quels liens et quels conflits ont pu se nouer entre ces personnages? Deux jours d'enquête suffiront au commissaire pour couronner des années de patience. Sans qu'il parvienne toutefois à empêcher un second meurtre...

Maigret

Les Maigret, il y en a des bons et des autres. C’est plutôt un autre. Une nouvelle, en fait.

Maigret haussa les épaules, enfonça ses mains dans ses poches et s'éloigna sans répondre. Il venait de passer une des plus sales journées de sa vie. Des heures durant, dans son coin, il s'était senti vieux et mou, sans ressort, sans idée.
Le décalage s'était produit. Une petite flamme avait jailli. Mais il fallait en profiter tout de suite.
 - On verra bien, nom de Dieu! grogna-t-il pour achever de se donner confiance.
Les autres jours, à cette heure-là, il lisait son journal, sous la lampe, les jambes allongées vers les bûches.
Maigret de Georges Simenon

Pourtant, il y a plusieurs éléments amusants, à commencer par le titre de ce Maigret intitulé Maigret. Oui, simplement !

Il s'essuya la bouche du revers de la main, tapota la table avec une pièce de monnaie pour appeler le garçon.
 - Laissez ça ! C'est ma tournée.
 - Si tu veux. On boira la mienne quand ce sera fini. Au revoir, Lucas.
 - Au revoir, patron.
La main de Lucas s'attarda une seconde dans la main rugueuse de Maigret
 - Prenez garde quand même, dites!
Et Maigret, debout, de prononcer à voix haute : 
 - J'ai horreur des couillons!
Il s'éloigna tout seul, à pied. Il avait le temps, puisqu'il ne savait même pas où il allait.

Mais aussi parce que cette nouvelle écrite en 1934 (au tout début, donc) se passe après la retraite du commissaire.

Et le voilà forcé de quitter ses campagnes pour aider son neveu (policier, lui aussi) coincé dans une sombre affaire de meurtre.

Maigret 19/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Avant d'ouvrir les yeux, Maigret fronça les sourcils, comme s'il se fût méfié de cette voix qui venait lui crier tout au fond de son sommeil :
- Mon oncle !...
Les paupières toujours closes, il soupira, tâtonna le drap de lit et comprit qu'il ne rêvait pas, qu'il se passait quelque chose puisque sa main n'avait pas rencontré, là où il eût dû être, le corps chaud de Mme Maigret.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Avant d'ouvrir les yeux, Maigret fronça les sourcils, comme s'il se fût méfié de cette voix qui venait lui crier tout au fond de son sommeil :
- Mon oncle ! ...
Les paupières toujours closes, il soupira, tâtonna le drap de lit et comprit qu'il ne rêvait pas, qu'il se passait quelque chose puisque sa main n'avait pas rencontré, là où il eût dû être, le corps chaud de Mme Maigret. Il ouvrit enfin les yeux. La nuit était claire. Mme Maigret, debout près de la fenêtre à petits carreaux, écartait le rideau cependant qu'en bas quelqu'un secouait la porte et que le bruit se répercutait dans toute la maison.
- Mon oncle ! C'est moi...