Éloge des fins heureuses

Coline Pierré est écrivaine de romans jeunesse. Et, dans cet essai, elle milite pour des fins heureuses (oui, tout est dans le titre). Non seulement dans la littérature jeunesse, mais aussi d’une manière plus générale, pour toutes les œuvres de fiction. Pour que le regard porté sur les romances, chick-lit et autres fictions sentimentales soit moins condescendant, voir dédaigneux.

Nous devons nous réapproprier les fins heureuses dans une perspective féministe. Plus que revendiquer la chick-litt, il faut la hacker, l'extirper du sexisme dans lequel elle est embourbée pour inventer une fiction sentimentale féministe et idéaliste, une chick-litt exigeante et populaire, radicalement subversive, radicalement romantique. Et faire de même avec nos vies.
Éloge des fins heureuses de Coline Pierré

Armée de ses arguments bien aiguisés qui puisent tant dans les classiques que dans les comédies, elle développe un plaidoyer drôle, politique, féministe et convainquant.

« Nous avons payé cher notre culte de l’endurcissement et notre dénigrement de la sensibilité. La violence au lieu de l’émotion. Nous nous élevons contre la violence, mais nous ne lisons pas les écrivains non violents. Nous protestons contre l’absence de contact, mais nous ne lisons pas les écrivains qui décrivent des relations au lieu de non-relations ou d’antirelations », écrivait Anaïs Nin dans son essai Le roman de l’avenir.

En plus, c’est plein d’une joie communicative

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La douceur aussi peut changer la vie
Adolescente, j'aimais les fictions dures et dramatiques, comme une manière d'éprouver l'âpreté et la violence du monde depuis mon fauteuil douillet du cocon parental alsacien


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce texte iconoclaste est un plaidoyer pour l’imagination et pour la fiction, une défense de l’optimisme, des fins heureuses, du romantisme et de la littérature « féminine ». Tenu par une démarche résolument féministe, ce court essai est une arme politique et un instrument d’émancipation sociale.

Quand on referme ce livre, on ne peut que ressentir l’envie de faire la révolution, avec des livres et dans la rue.

Situations

Véritable Inception du détournement et de la référence, de réf de réf, d’auto réf et de contre réf… Situation nous emmène dans le monde du spectacle dans une mise en abyme vertigineuse.

Situations de Maxime Morin, dessins et couleurs de tienstiens

Avec un curieux procédé explicatif (un peu surprenant – voir gênant au début mais finalement fort bien utilisé), Maxime Morin et Tienstiens nous parlent de la spectaclisastion de la société, de l’économie, de la politique, de l’intime et même… du monde du spectacle.

Le rêve dans le rêve dans le rêve, vous dis-je !

Avec une fin en fractale un peu confuse, peut-être

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quel est le point commun entre Le Parrain, L'Exorciste, et Gladiator ? Réponse : ce sont tous des flims. Dans Situations, tienstiens (@tienstiensbd) et Maxime Morin (@wikihowmuseum) détournent films, émissions de télé et autres productions culturelles mainstream pour en dévoiler les mécanismes, les saboter, et provoquer, fatalement, le rire. En outre, les auteurs ont pris une décision unique et originale : celle d'expliquer toutes les références convoquées. Ainsi personne ne sera abandonné sur le bord de l'autoroute de la « réf ».

L’inavouable : la France au Rwanda

Après avoir lu la bande dessinée La fantaisie des dieux : Rwanda 1994, j’ai recherché ce bouquin dont elle était tirée. Comme j’ai bien fait !

Et nous rejoignons la folle gigue, Monsieur. Et nous avons beau puer, nous sentons le pain frais. Dans la marmite de Goma, c'est une soupe infecte aux relents de crachats qui mitonne. La mort nous imprègne, pas la haine. Et c'est la haine qui bouillonne ici. Une haine brute, éclatante, minérale. Une haine de soi, une haine du monde, une haine des siens. Une haine prête à déclencher tous les cataclysmes, une haine prête à se gorger de mal, une haine monstrueuse, indomptable. Une haine comme une danse, une danse, une danse, une danse, une danse.
C'est à vomir. Cela provoque des haut-le-cœur, des remontées de bile, des fracas d'estomac. C'est à se faire Kurtz dans Au cœur des ténèbres. C'est à griffonner sur le testament des bons sentiments cette phrase définitive:
« Exterminez toutes ces brutes! »
L’inavouable : la France au Rwanda de Patrick de Saint-Exupéry

Car ce livre va bien plus loin et continue l’enquête bien plus profondément que la BD. Enquête, articles dans le Figaro, commission d’enquête, procès… Patrick de Saint-Exupéry est partout et ne lâche rien ! Et si j’arrivais à la conclusion que la France se contentait de regarder ailleurs durant ce génocide, ceci ressemble de plus en plus à un euphémisme tant la France semble mêlée de bien plus près. Livraisons d’armes, formation et instruction militaire, soutien à la famille

Et cela va plus loin, beaucoup plus loin. 
En ce bel été 1994, François Mitterrand confie à ses proches: « Dans ces pays-là, un génocide c'est pas trop important. »
Et cela va plus loin.
Beaucoup plus loin.

Un livre dont le style un peu surfait m’a souvent fait lever les yeux au ciel avec tous ces effets dispensables et ces continuels « Monsieur »… Mais !!! (je dois avouer que la fin du livre en donne une excellente justification)

Quelle impressionnante somme d’enquête sur ce crime contre l’humanité !

Et aussi un très bon livre pour comprendre la notion de politique d’état, pour appréhender la politique étrangère française et ses ingérences africaines post-coloniales, pour mieux cerner Mitterrand et nombre d’acteurs de ces événements.

Une sale histoire aux responsabilités qui semblent rester bien obscures ! (et – raison d’état – elles le demeureront vraisemblablement encore longtemps)

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce livre est mon histoire. Mais ce n'est pas seulement mon histoire. C'est aussi l'histoire d'un génocide. Une histoire française, une histoire africaine, une histoire d'empire. Une histoire d'une cruauté sans fond, d'une violence extrême. Si extrême que vous ne l'imaginez pas. Pas encore.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Je vais vous rabaisser au rang d'homme. Ou vous élever, c'est selon. Je vais attraper votre main et nous allons partir. Quelque part, là-bas, il y a longtemps.

En Afrique, la France se bat depuis cinquante ans pour conserver son empire. La décolonisation n'a pas été une rupture, juste une étape. Avec le temps, nos dirigeants ont simplement privilégié l'ombre, perfectionnant certaines techniques forgées durant les guerres coloniales : les opérations secrètes, l'enseignement de la «guerre révolutionnaire», cette doctrine de manipulation des foules...

Au Rwanda, notre politique fut une réussite. Techniquement - je veux dire si l'on se débarrasse de ces concepts encombrants que sont le bien et le mal, l'humain et l'inhumain, l'acceptable et l'inadmissible -, nous fûmes au sommet. La mystification est une figure de la guerre. Nous la pratiquâmes avec une maîtrise qui glace le sang.

Des soldats de notre pays ont formé, sur ordre, les tueurs du troisième génocide du XXe siècle. Nous leur avons donné des armes, une doctrine, un blanc-seing. J'ai découvert cette histoire malgré moi, dans les collines rwandaises. Il faisait chaud, c'était l'été. Il faisait beau, c'était magnifique. C'était le temps du génocide

Faut pas prendre les cons pour des gens, tome 3

Après deux premiers tomes époustouflants, que dire de la déception face à cet insipide opus, aux maigres blagounettes (dont certaines ressortent toutefois de ce petit lot d’une cinquantaine de pages).

Faut pas prendre les cons pour des gens, tome 3 de Emmanuel Reuzé, Nicolas Rouhaud, Vincent Haudiquet et Jorge Bernstein

Un gros zut pour une bédé toujours aussi politique et engagée mais qui ne m’aura tiré que quelques petits sourires convenus.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après les succès des deux premiers tomes, Faut pas prendre les cons pour des gens revient en novembre pour un tome trois toujours aussi hilarant et terriblement efficace. Un petit bijou d'humour noir et absurde sur la bêtise ordinaire. Après deux années de travail à manipuler la mécanique de l'absurde pour mieux tordre les clichés de notre société, Emmanuel Reuzé approfondit son analyse de la bêtise humaine et publie un troisième opus toujours aussi drôle et grinçant. Dans ce nouvel album, il aborde par l'absurde des grands sujets de société tels que l'enseignement, la pauvreté, le racisme ordinaire, l'intelligence artificielle, la radicalisation, le dopage, l'eugénisme, le harcèlement publicitaire, la corrida, les services après vente, les déserts médicaux... Chaque gag est construit avec intelligence, dans un style réaliste dont la répétition de cases creuse le décalage comique entre dialogues et situations. Mais s'il a bien conservé son style réaliste, Reuzé a continué à développer son dessin sur ce troisième tome pour nous offrir de superbes pages qui fourmillent de détails. Avec un humour absurde et féroce, Emmanuel Reuzé, Nicolas Rouhaud, Jorge Bernstein et Vincent Haudiquet font une fois de plus la démonstration de la bêtise du réel, et dénoncent sa violence.

Petit éloge de la médiocrité

Vingt brillantes chroniques sur la médiocrité… Ou plutôt, si j’ose, un regard dans le miroir de la médiocrité. Pourquoi médiocre (qui voulait initialement dire moyen) est il devenu mauvais ? Pourquoi devrions-nous nous croire supérieurs à cette moyenne ? Quel est ce culte de la performance que notre société nous impose, nous fait miroiter ? Faut-il être mieux pour être heureux ?

Faut-il pendre les coachs en développement personnel?
La question est posée. La réponse aussi : non. Parce que si on commence à pendre les gens qui gagnent leur vie en racontant des conneries, il est possible que je ne termine pas la semaine.
Cependant, nous sommes en droit de nous interroger sur ces personnes qui fleurissent, poussent, envahissent les réseaux sociaux et les bibliothèques de vos proches, en vous garantissant la sérénité, l'amour, l'argent, le sexe... Autant de promesses qui feraient passer n'importe quelle campagne électorale pour une ligue de vertu et d'honnêteté intellectuelle.
Petit éloge de la médiocrité par Guillaume Meurice

Et qui nous y pousse ? L’économie, Instagram, notre miroir, une naturelle ambition, Dieu, nos chef-fe-s, le sport, les coachs, nos complexes, le capitalisme (oui, c’est bien du Guillaume Meurisse)…

Le médiocre passé à la moulinette, c’est hilarant, questionnant et brillant (oui, zut, c’est mieux que médiocre. Déso, Guillaume, c’est loupé!).

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis médiocre
Mail reçu le 13 avril 2019, à 9 h 53:
Bonjour, je vous écoute à la radio et parfois je lis vos écrits et je dois dire que je trouve cela systématiquement raté. Vous êtes nul. Nul, nul, nul. Vous êtes même pire que nul. Vous êtes médiocre. C'est ça ce que vous êtes: médiocre.
Philippe

Plaisir du matin. Poésie contemporaine. Haïku des temps modernes. Mais surtout intense perplexité face à une personne qui consacre quelques moments de sa vie à chercher mon adresse électronique, rédiger son texte, le relire, peut-être avec précaution, corrigeant çà et là une faute d'orthographe, avant de me l'envoyer.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Médiocre : de qualité moyenne, qui tient le milieu entre le grand et le petit. La normalité, version péjorative, avec un arrière-goût de nullité.

Pour Guillaume Meurice, ardent défenseur du 10/20, du « peut mieux faire », du « bof bof », la médiocrité est non seulement un mode de vie, mais aussi un formidable facteur d'émancipation. Elle autorise l'action sans la pression du résultat, pour le simple plaisir de se mettre en mouvement, pour la beauté du geste. Il faut la revendiquer en tant que résistance politique, car elle porte en elle le refus de la hiérarchie, de la compétition et du catéchisme capitaliste.

À la fois manifeste en faveur de la contre-performance et anti-manuel de développement personnel, ce Petit éloge nous invite à accepter avec sérénité notre médiocrité. Décomplexant !

Et Dieu riait beaucoup

Joann Sfar est un surdoué prolifique. Malheureusement, prolifique, il l’est peut-être un peu trop et parfois… reste un sentiment de brouillon, de premier jet mal corrigé, d’inabouti. Et là, ben ouais ! Zut !

Ils ne parvenaient pas à s'empêcher de marcher côte à côte. Le juif d'extrême droite et le juif bien-pensant accéléraient et ralentissaient leur cadence au même moment.
Loin au-dessus, Dieu riait beaucoup.
Et Dieu riait beaucoup de Joann Sfar

Alors, certes, je n’ai pas l’éducation religieuse suffisante pour bien tout comprendre. Et du judaïsme, ma foi… je n’en sais rien où pas grand chose que des généralités.

Pourtant, serais-je passé à côté d’un grand chef d’oeuvre ? Et bien même pas, me semble-t-il, tant tout cela m’a vraiment semblé confus.

Dieu a-t-Il vraiment ri ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Chaque nuit, on asseyait le roi David à la terrasse de son palais. Il passait un moment à faire semblant d'y voir encore et nommait toutes les collines de son empire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est l'histoire de deux juifs dans un avion vide.
C'est aussi celle d'un homme qui quitte la France à la recherche de sa terre promise et ne la trouve pas.
On y croise un metteur en scène qui n'a plus rien à perdre, une comédienne armée d'un revolver, un polémiste juif d'extrême droite, un vétérinaire, un chien, un Joann Sfar, sans oublier le roi David et la Shulamite. Dans ce récit de pure fiction, chacun cherche sa place, même Dieu.
Lorsqu'on a des mauvaises idées, il faut parfois s'y accrocher obstinément, surtout quand c'est tout ce qu'il nous reste.

« Nous ne sommes pas éloignés de Dieu, il habite loin, c'est tout. »

Le péril Dieu

« Féminisme religieux », impossible oxymore
Le péril Dieu de Tristane Banon

Une lecture éclairante pour qui voudrait comprendre les sens premiers de féminisme ou de laïcité et leurs relations. Un réquisitoire implacable contre le sexisme des religions, sans jamais confondre foi et clergé, intime et politique, croyances et manipulation.

Des trois monothéismes, c'est bien le christianisme qui, le premier, exige des femmes qu'elles portent un voile en avançant des arguments strictement religieux, alors que dans le même temps, voulant se démarquer du judaïsme, il libère la tête des hommes.

Un livre qui commence par un gros saut en arrière, à la naissance des trois grandes religions monothéistes, pour comprendre comment elles se sont constamment assises sur les droits des femmes, simples outils procréatoires.

La femme, pourtant chargée de faire grandir les enfants, n'a paradoxalement aucune autorité sur eux.
Seul l'homme détient le droit au commandement, Dieu l'a voulu ainsi. Amen!
C'est alors logiquement qu'avec beaucoup de clairvoyance et un certain sens de l'à-propos, complètement dans l'air de son temps, le grand théologien saint Augustin s'interroge aux alentours de l'an 400 : « Je ne vois pas quelle utilisation peut faire l'homme de la femme, si on exclut la fonction d'élever les enfants » !

Un essai qui démontre, pas à pas, comment les religieux ont conservé leur emprise et quelles révolutions (française, bolchevique, féministes…) ont petit à petit redonné aux femmes des droits sur leur corps et leurs libertés.

Mais également combien ces avancées sont constamment remises en questions, comme elles sont fragiles.

Tristane Banon termine aujourd’hui, avec les débats autour du voile ou de la laïcité avec une position claire et étayée qui n’est pas sans rappeler les brillantes plaidoiries de Richard Malka.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis née des trois religions du Livre.
Mon grand-père était musulman, ma mère est catholique et mon père, juif.
Longtemps j'ai voulu suivre une voie religieuse. C'eût été réconfortant et confortable, balisé.
La religion vous prend au berceau, littéralement, et s'occupe de vous jusqu'à la mort. Elle vous exempte de beaucoup de questionnements, elle pallie le doute, les incertitudes, vous console des accidents de la vie, aussi. Avec les années, elle vous dit quoi faire, comment, qui respecter, quoi espérer, quel chemin emprunter.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand « Dieu » est érigé en maître à penser politique, c'est la femme qui, la première, courbe l'échine. Il suffit d'observer les fondamentalistes islamistes imposer le niqab, la burqa, le tchador ou le hijab, les juifs ultra-orthodoxes perruquer leur femme, ou encore les traditionalistes catholiques aller jusqu'au meurtre lors de raids anti-avortement, pour s'en convaincre. Bien sûr, ils sont les radicaux, les extrémistes, ils sont ceux pour qui la religion est le moyen d'installer un ordre social au sein duquel la femme se soumet, s'oublie et vit cachée, à l'ombre des hommes.

Ce livre ne veut pas faire le procès de la croyance, il appartient à chacun de décider ce en quoi il veut placer sa confiance, cela relève de l'intime.

Mais aucun texte sacré - ni la Torah, ni la Bible, ni le Coran - ne veut l'émancipation de la femme, aucun ne lui reconnaît les mêmes possibles qu'aux hommes. Seuls existent des croyants humanistes, conscients de ce que les écrits ont à enseigner, et de ce qu'il faut savoir laisser au bord du chemin de l'universalisme.

Alors que l'obscurantisme intégriste gagne doucement du terrain, bien plus ancré dans les mentalités que ce que l'on croit, Tristane Banon dénonce les grands marionnettistes de droit divin et rappelle qu'il n'y a pas de féminisme envisageable sans l'irrespect des religions et une bonne part de laïcité

Le vide : mode d’emploi : aphorismes de la vie dans les ruines

Cet excellent recueil d’aphorismes pêche malheureusement par son excès. Peut-être sous la forme d’un calendrier en remplacement des bondieuseries journalières détachables ou en rappel journalier sur les réseaux sociaux ci-conchiés ? Je ne sais pas, mais hélas la quantité nuit malheureusement au propos.

Résumé du livre jusqu'à présent
Je pense donc j'ennuie.
J'aurais dû m'en apercevoir plus tôt
Notre société n'est pas hypersexuée, finalement. Elle est juste hyperhétérosexuelle.
Marché du carbone
Brûler une banque émet peut-être du carbone, mais c'est quand même un bon moyen de lutter contre les changements climatiques.
Le vide : mode d’emploi : aphorismes de la vie dans les ruines de Anne Archet

Pourtant c’est drôle, virulent, engagé, contestataire, violent, juste, léger, solide, réfléchi… (il y a de tout, du bon, du très bon et même du meilleur. Mais il y en a tant)

Un dernier souhait
Que vos crimes soient sublimes et que jamais vous ne vous fassiez prendre.
La conclusion logique
Je n'ai pas encore tout abandonné pour aller rejoindre le cirque, mais ça ne saurait tarder.

Si vous ne connaissez pas Anne Archet, commencez peut-être par ses courts textes érotiques. Mais si vous y avez déjà gouté, si vous êtes patient-e-s et si vous vous contentez d’un page par jour, ce recueil est aussi puissant et goûtu qu’un espresso napolitain matinal

Avec des illustrations de Sara Hébert

Et si vous ne connaissiez pas encore Sara Hébert, Bijou de Banlieue, c’est elle ! Et c’est incroyable

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Posture
Je suis celle qui dit tout bas ce que personne ne pense.

Autre posture
Sur internet, personne ne sait que je ne suis qu'une stratégie discursive.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«J’ai dit à la mère de mon amoureux que j’étais aphoriste et elle m’a donné son appui dans ma lutte pour l’acceptation et la reconnaissance. Je l’ai remerciée avec émotion, même si j’ai vite compris qu’elle pensait que le mot “aphoriste” désignait une identité sexuelle ou de genre à la mode. Pour une fois qu’on ne se moque pas de mes prétentions littéraires, je n’allais quand même pas gâcher mon plaisir.»

«Je crois qu’il faut cesser de dire “environnement” et commencer à dire “survie de l’espèce humaine”. Ce serait rigolo d’entendre les politicien•ne•s dire “la survie de l’espèce humaine est importante, mais pas aux dépens de l’économie”.»

Anne Archet est connue pour ses récits érotiques et les textes polémiques qu’elle publie sur le web depuis la fin des années 1990. Avec Le vide: mode d’emploi, cette écrivaine caustique, fulgurante, volontiers provocatrice et un brin mythomane, s’essaie à un nouveau genre: l’aphorisme.

Les brefs commentaires sur le monde d’aujourd’hui dont est composé cet essai sont autant de petites grenades lancées pour faire éclater nos certitudes, ou simplement pour nous faire éclater de rire. Un essai à lire pour faire le vide autour de soi! Anne Archet est une auteure anarchiste

Maigret chez le ministre

Appelé au secours en toute discrétion par un ministre pris dans un traquenard, Maigret va devoir se mêler des jeux de pouvoirs au milieu des journalistes et sous la pression de l’impatiente opinion publique.

Il n'osait pas, tout de suite, poser ces questions-là. Il avait devant lui un homme effondré et il sentait que ce n'était pas par faiblesse. En le regardant, Maigret était pénétré d'un sentiment complexe, fait d'écœurement et de colère, de découragement aussi.
Une fois dans sa vie, il s'était trouvé dans une situation similaire, encore que moins dramatique, et c'était venu aussi d'une affaire politique. Il n'y était pour rien. Il avait agi exactement comme il devait le faire, s'était conduit, non seulement en honnête homme, mais selon son strict devoir de fonctionnaire.
Il n'en avait pas moins eu tort aux yeux de tous ou de presque tous. Il avait dû passer devant un conseil de discipline et, comme tout était contre lui, on avait été obligé de lui donner tort.
C'est à cette époque-là qu'il avait quitté momentanément la P.J. et s'était vu exilé pendant un an à la Brigade mobile de Luçon, en Vendée, justement, le département que Point représentait à la Chambre.
Maigret chez le ministre de Georges Simenon

Et il aime pas ça, le Jules ! Mais voilà, il va bien falloir qu’il s’y coltine !

Une main toucha doucement son épaule en même temps qu'une voix soufflait à son oreille :
 - Maigret ! Il est sept heures.
L'odeur de la tasse de café que sa femme tenait à la main lui montait aux narines. Ses sens et son cerveau se mettaient à fonctionner un peu à la façon d'un orchestre quand, dans la fosse, les musiciens essaient leurs instruments. Il n'y avait pas encore coordination. Sept heures, donc un jour différent des autres, car il se levait d'habitude à huit. Sans ouvrir les paupières, il découvrait qu'il y avait du soleil, alors que la journée de la veille avait été brumeuse.

Un bon Maigret, sans mort (tiens, c’est plutôt rare) dans lequel on apprend que le réveil du commissaire, c’est Madame et son café

Maigret 74/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le rapport de feu Calame
Comme toujours quand il rentrait chez lui le soir, au même endroit du trottoir, un peu après le bec de gaz, Maigret leva la tête vers les fenêtres éclairées de son appartement. Il ne s'en rendait plus compte. Peut-être, si on lui avait demandé à brûle-pourpoint s'il y avait de la lumière ou non, aurait-il hésité à répondre. De même, par une sorte de manie, entre le second et le troisième étage, commençait-il à déboutonner son pardessus pour prendre la clef dans la poche de son pantalon alors qu'invariablement la porte s'ouvrait dès qu'il posait le pied sur le paillasson.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le commissaire Maigret est ici confronté à une sombre affaire politique - un monde qu'il n'a jamais aimé. Un sanatorium pour enfants s'est écroulé par suite d'un glissement de terrain, causant des dizaines de morts. Peu de temps après le drame, la rumeur court qu'un rapport technique avait nettement mis en garde les pouvoirs publics contre le danger. Ce rapport a été remis à Auguste Point, nouveau ministre des Travaux publics, mais le document lui a été volé la nuit suivante. Ses adversaires politiques l'accusent déjà de l'avoir fait disparaître afin de protéger les responsables du désastre. Il fait officieusement appel à Maigret pour retrouver le rapport. Parlementaires corrompus, presse de chantage, cynisme des puissants...

Le commissaire explore de sinistres coulisses. Ce tableau de mœurs n'a pas vieilli, et le drame d'Auguste Point - un homme intègre, dévoué à son pays, légèrement naïf et piégé - rappellera aux lecteurs des affaires plus récentes

Un dimanche de révolution

Au travers d’une histoire un peu alambiquée d’écrivaine cubaine qui découvre après la mort de ses parents que son père n’était pas celui qu’elle croyait grâce à un acteur préparant un film sur Cuba, Wendy Guerra parle de sa relation avec son île, son pays et la Havanne.

La lettre d'invitation indique que je me rends au lancement d'un de mes livres, mais ce n'est pas vrai. La promotion du dernier a déjà eu lieu au Mexique. Pourquoi est-ce que je mens ? Pourquoi mentons-nous ? La seule façon honnête de quitter Cuba serait-elle de mentir ? Nous mentons aux autorités cubaines, nous mentons aux autorités internationales. Les Cubains apprennent dès l'enfance à aiguiser leur double discours pour survivre.
Un dimanche de révolution de Wendy Guerra

Une relation trouble, schizophrène, faite d’amour pour son pays et sa culture mais de haine pour le régime, de fierté révolutionnaire et de honte face à cette dictature fonctionnaire et paranoïaque. Une relation viscérale désincarnée.

J'écoutai son témoignage, si intense que je ne pus quitter le studio avant la fin. Chacun d'entre nous a un livre à écrire, c'est la seule façon de vaincre le silence dans lequel est confinée l'histoire récente à Cuba.

Un livre qui peine pourtant à prendre, faute à une histoire peut-être un peu bancale, comme son héroïne, Cléo

Sans Cuba, je n'existe pas.
Je suis mon ile.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Comment raconter tout cela sans souiller mes pages ?

Il n'y a certainement que moi pour me sentir seule à La Havane aujourd'hui. Je vis dans cette ville peu respectueuse de la vie privée, intense, insouciante et dissipée, où l'intimité et la discrétion, le silence et le secret, tiennent du miracle, ce lieu où la lumière te trouvera dans ta cachette. Ici, se sentir seul signifie peut-être que l'on a vraiment été abandonné.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Écrivaine censurée, Cléo vit dans une immense solitude depuis la mort de ses parents et l'échec de ses amours. Tandis qu'elle tente de travailler à son nouveau livre, l'arrivée de Géronimo, un acteur hollywoodien qui prépare un film sur Cuba et détient des informations sur sa famille, fait basculer sa vie. Portrait d'une génération, les petits-enfants de la révolution, avec sa rage et ses espoirs