Mademoiselle Baudelaire

A la suite des cahiers préparatoires Baudelaire, voici l’impressionnant résultat. Un chef-d’œuvre aux dessins oniriques et érotiques avec quelques pleines pages époustouflantes ! Une histoire qui a gagné en consistance et cohérence, un dessin qui a pris encore plus de force et de matière et des personnages plus incarnés et vivants dans une époque plus réaliste.

Mademoiselle Baudelaire de Yslaire

Un résultat beaucoup plus sexuel que les cahiers – en tout cas dans la première partie – pour terminer dans une sombre torpeur.

Une histoire racontée par Jeanne Duval, Vénus noire adorée et détestée, muse sulfureuse. Une passion violente ; sous le regard réprobateur de la mère de Charles, l’aigre Madame Aupick.

Jeune modèle, drapée de velours noir, les cheveux défaits
Nadar (1820-1910). Photographe
[Jeanne Duval]
gallica.bnf.fr

Et si quelques pages un peu moins folles ou une typo un peu lassante m’ont chagriné, cette Madame Baudelaire témoigne magnifiquement de la puissance d’un embrasement venimeux qui ne sut s’éteindre

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Madame Aupick,
À vous, je peux le dire qui me demandez qui je suis.
Mais, au risque de paraître orgueilleuse,
aucun lecteur des Fleurs du mal n'oubliera
la Vénus noire de Charles Baudelaire,
la muse immorale, damnée du plus grand des poètes maudits.
Oui, c'est moi, la belle ténébreuse, cette chère
indolente, qui marche en cadence, belle d'abandon,
comme un serpent qui danse...


Deux cents ans après sa naissance, Baudelaire continue de marquer les générations et l'ombre portée de son (oeuvre plane sur celle d'Yslaire depuis ses origines.

C'est Jeanne Duval, la femme que le poète a le plus aimée et le plus maudite, que le dessinateur a choisie comme narratrice pour revisiter la matière sulfureuse et autobiographique des Fleurs du mal. De Jeanne, pourtant, on ne sait presque rien : il reste une photo de Nadar non authentifiée, des portraits dessinés par Baudelaire lui-même, et surtout les poèmes qu'elle lui a inspirés. Jeanne, « c'est l'invisible de toute une époque » qui réapparaît dans la résonance féministe de la nôtre. Stigmatisée comme mulâtresse, surnommée « Vénus noire », elle aimante tous les préjugés d'un siècle misogyne et raciste. Mais c'est avant tout une histoire d'amour, âpre et sensuelle, destructrice et illuminée, dont s'empare Bernard Yslaire. Avec pertinence et maestria, son trait aiguisé ravive le parfum de scandale et la sexualité crue d'une poésie en quête d'absolu. Avec cette Mademoiselle Baudelaire, l'artiste signe ici son chef-d'oeuvre de la maturité.

Les oiseaux du ciel

C’est avec le souvenir en tête de la sublime trilogie du jardin d’hiver (Les habits neufs de Margaret, Les ivresses de madame Monro et Les égarements de Lili) que je me suis lancé dans ces oiseaux du ciel.

« Prenez donc un sherry, dit finalement Mme Marsh, dont la pitié était éveillée par la mine abattue de son amie.
 - Ça fera beaucoup de bien à Mary, dit Evelyn. Ça lui donnera quelque chose à quoi penser. » Elle était intimement convaincue que le chagrin des gens ayant subi un deuil les rendait malades. « Voyez les veuves, dit-elle. Elles finissent toutes par avoir le cancer ou par se mettre à boire.
- Pas moi », lui fit remarquer Mme Marsh.
Evelyn eut un sourire entendu - peut-être pensait-elle que le chagrin, dans ce cas, n'avait pas tout à fait commencé à faire son effet.
« Vous êtes hors du commun », dit-elle avec paternalisme.
Les oiseaux du ciel de Alice Thomas Ellis

Certes, la satire sociale des familles anglaises est délicieuse et l’humour grinçant bien présent. Pour autant, j’ai trouvé que ce petit livre manquait un peu de tonus et peinait à conclure, malgré l’annonce du désastre annoncé

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mrs. Marsh a deux filles : Mary et Barbara. Mary a perdu son fils, Robin. Seule, désemparée, elle revient vivre chez sa mère. A la veille de Noël, toute la famille se rassemble chez Mrs. Marsh, dans un charmant cottage en lisière d'un bois. Mais le drame couve sous les bons sentiments. Malaise, frustration, jalousie, tout finit par éclater au grand jour. Comme dans la Trilogie du jardin d'hiver, Alice Thomas Ellis scrute avec tendresse et cruauté les efforts pathétiques de ses semblables pour trouver ce qui leur tient lieu de bonheur : l'oubli, la consolation, le silence