Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Si Gabrielle a bien vécu 10 jours dans une cabane en plein hiver et coupée de tout, difficile de connaître la part authentique dans cette autofiction.
Reste que la plume est très belle, légère et amusée !
Une jeune femme décide de quitter la société dans laquelle elle ne se reconnait plus. Et c’est cool, vraiment cool. Icy, même.
Le froid et la solitude comme obsession avec un fond éco-féministe plutôt bien vu
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) J'ai filé en douce. Saint-Bruno-de-Kamouraska, ce n'est pas la porte à côté, mais loin de moi le blues de la métropole et des automates aux comptes en souffrance.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Lassée de participer au cirque social qu'elle observe quotidiennement à Montréal, Anouk quitte son appartement pour une cabane rustique au Kamouraska, là où naissent les bélugas. Encabanée dans le plus rude des hivers, elle apprend à se détacher de son ancienne vie et renoue avec ses racines. Couper du bois, s'approvisionner en eau, dégager les chemins, les gestes du quotidien deviennent ceux de la survie. Débarrassée du superflu, accompagnée par quelques-uns de ses poètes essentiels et de sa Marie-Jeanne, elle se recentre, sur ses désirs, ses envies et apprivoise cahin-caha la terre des coyotes et les sublimes nuits glacées du Bas-Saint-Laurent.
Partant d’un jeune résistant de la seconde guerre mondiale tué à 20 ans, Hervé Le Tellier met les petits plats dans les grands et nous parle de la résistance et de la collaboration ; du nazisme et des victimes ; de l’odieux et du vertueux ; de la petitesse et du suivisme face à au refus de céder.
Un livre qui m’a souvent rappelé Exterminez toutes ces brutes tant les même schémas se répètent, encore et encore.
Et que penser de l’après guerre, des fondateurs du FN (futur RN), de cette amnistie générale servant à former un roman national destiner à réunir le pays ?
Et s’il est désespérant d’y constater nos compétences moutonnières, voilà un livre indispensable à l’heure de la remontée des fascismes et des extrémismes populistes
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je cherchais une « maison natale ». J'avais expliqué à l'agent immobilier : pas une villa de vacances, pas une ruine « à rénover », pas une « maison d'architecte », pas un « bien atypique », ces bergeries ou magnaneries transformées en habitations où l'on se cogne dans les chambranles de portes à hauteur de brebis.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Je ne suis pas l'ami d'André Chaix, et aurais-je d'ailleurs su l'être, moi que presque rien ne relie à lui ?
Juste un nom sur le mur.
Chaix était un résistant, un maquisard, un jeune homme à la vie brève comme il y en eut beaucoup.
Je ne savais rien de lui. J'ai posé des questions, j'ai recueilli des fragments d'une mémoire collective, j'ai un peu appris qui il était. Dans cette enquête, beaucoup m'a été donné par chance, presque par miracle, et j'ai vite su que j'aimerais raconter André Chaix. Sans doute, toutes les vies sont romanesques. Certaines plus que d'autres.
Quatre-vingts années ont passé depuis sa mort. Mais à regarder le monde tel qu'il va, je ne doute pas qu'il faille toujours parler de l'Occupation, de la collaboration et du fascisme, du rejet de l'autre jusqu'à sa destruction. Ce livre donne la parole aux idéaux pour lesquels il est mort et questionne notre nature profonde, ce désir d'appartenir à plus grand que nous, qui conduit au meilleur et au pire.
Baru mélange ici la grande histoire et les petites, les souvenirs et les faits historiques… réels ou distordus par le temps
L’histoire de la libération d’un train de prisonniers et de prisonnières qui rejoignirent les rangs de la résistance… Oui, les femmes aussi !
Hélas, la frontière entre les faits, le présent et ce qui est raconté n’est pas toujours très claire et si le choix narratif m’a semblé très sympa, le résultat m’a finalement perdu. Mais peut-être aurais-je du lire sa trilogie Bella ciao avant
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je vous ai déjà dit (j'ai vérifié) qu'Enrico s'appelait Heinrich, en réalité...
... Heinrich Becker, précisément, et qu'il était allemand
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans la nuit du 7 au 8 mai 1944, un détachement de FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans-main d'oeuvre immigrée) commandée par Jules Montanari, alias commandant Jacques, fit s'évader trente-sept femmes, russes et biélorusses, et vingt-quatre hommes du camp d'Errouville, en Meurthe-et-Moselle. Après un jour et deux nuits de marche forcée, elles et ils arrivèrent, les pieds en sang, au maquis de l'Argonne. Les hommes furent facilement dispersés dans les différents maquis. Mais les femmes ? Le commandant Jacques avait prévu de les placer dans des familles sûres jusqu'à la fin de la guerre. Sauf quelles voulaient se battre. À l'usure, elles eurent gain de cause et fondèrent le seul et unique détachement exclusivement féminin de la Résistance française. Elles le baptisèrent Rodina, qui veut dire « patrie » en russe.
Voilà une sublime intégrale et pas juste une addition de titres !
Tout d’abord, l’édition est vraiment soignée ! Le papier, les regroupements, l’impression et les couleurs sont parfaits.
De plus, chaque tome commence par un dossier-entretien-préface permettant de comprendre le processus et les différentes époques de la création de la série, l’évolution du personnage, du dessin, des couleurs et des différents personnages.
L’intégrale permet aussi de retrouver toutes les femmes (et filles) qui ont traversé la vie de Jonathan, à commencer par Saïcha, dans Souviens-toi, Jonathan
Suivent la petite Drolma puis Kate, la colonel Jung Lan, Atsuko et Ambapali
C’est aussi une visite de l’Asie : Tibet, Chine, Inde, Myanmar… Mais aussi le Japon et, curieusement, les États-Unis pour deux tomes à la Crocodile Dundee avec Oncle Howard est de retour et Greyshore Island qui permettent de retrouver Kate.
Car Jonathan semble en Teflon et les femmes de sa vie ne font que passer… On les retrouve parfois pour plusieurs épisodes, mais très vite, bon gré, mal gré, on retrouve Jonathan ailleurs.
L’occasion de contempler les paysages et les décors de Cosey. Ses montagnes directement inspirées de Derib et Hergé (Tintin au Tibet), pour les premiers albums, avec un style qui devient au fil des albums (46 ans entre le premier et le dernier album) de plus en plus affirmé.
L’évolution du style est très impressionnante lorsqu’on tient tous les albums. Si les chevaux et paysages du début rappellent fortement Buddy Longway et le journal de Tintin, le trait s’épure de plus en plus au fil des années pour rendu devenu très personnel.
Les décorations et les encadrements des planches disparaissent, les cases s’agrandissent, les fioritures s’estompent pour ne laisser que l’essentiel en suggérerant le reste et en laissant aux lectrices et lecteurs le reste du travail.
Et si je reste de façon un peu nostalgique (c’est très personnel) très attaché au style des débuts et que je vois dans Kate une sorte de moment de grâce de la série, le dernier album et ses carnets de croquis reconstituent un ensemble remarquable, une oeuvre graphique exceptionnelle.
Sous cet angle là, l’année passée, je lisais À l’heure où les dieux dorment encore et ce carnet de croquis pourrait parfaitement compléter cette intégrale.
Il faut aussi souligner la grande valeur ajoutée des préfaces de cette intégrale de Claude B. Levenson, Antoine Maurel, Isabelle Dillmann et Nelly Rieuf Bista. Les entretiens et commentaires permettent de beaucoup mieux comprendre l’évolution de la série et… de l’auteur.
Impossible de parler de Jonathan sans parler de spiritualité, de bouddhisme… Jonathan, c’est aussi une quête spirituelle, une recherche de soi qui commence justement par l’amnésie du premier album.
C’est aussi le Tibet occupé par la Chine, les militaires et la résistance de la lignée des Dalaï-Lama et du bouddhisme tibétain.
Et le Tibet, c’est les montagnes et les grands espaces !
Finalement, le dernier album publié en 2021 clôt de magnifique façon cette série !
Une intégrale sublime, pour une oeuvre majeure de la bande dessinée !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Aux confins du Népal et du Tibet, un jeune Occidental, amnésique, marche à la recherche de son passé. Rencontres mystérieuses, personnages attachants, Jonathan nous entraîne dans une aventure intérieure et contemporaine.
Soldat polonais pendant la 2e guerre mondiale, capturé, engagé dans la résistance, capturé, torturé, échappé, infiltré dans le volontaire ghetto de Varsovie et dans un camp d’extermination (possiblement celui de Bełżec), Jan Karski à témoigné de l’horreur de la solution finale nazie devant les dirigeants Anglais et États-uniens.
Avec l’espoir de mettre fin plus rapidement à l’horreur.
Une bande-dessinée aux traits malheureusement inégaux, alternant entre réalisme froid et personnage de comics.
L’histoire d’un Juste parmi les Nations
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Monsieur, je n'ai pas dit que ce jeune homme mentait. J'ai dit que je suis incapable de le croire.
Ce n'est pas la même chose»
1939. Jan Kozielewski, jeune Polonais de bonne famille, catholique, est happé par la guerre.
Sous le nom de Jan Karski, il devient un agent de la résistance.
Sa mission : s'introduire au coeur du ghetto de Varsovie puis dans un camp d'extermination et transmettre son rapport au Président des États-Unis.
Peu de livres relatent l'histoire extraordinaire, incroyable et passionnante de Karski.
Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso lui ont rendu hommage à travers ce roman graphique
Malgré un dessin très soigné – bien qu’un peu statique – ce très bel album souffre du choix de l’absence absolue de textes.
Et si la narration reste absolument fluide et compréhensible, nul doute que les protagonistes ne s’exprimaient pas que par gestes, quand bien même ne parlaient-ils pas la même langue.
Un épisode de la 2e guerre mondiale en Italie, juste avant la libération et la fin de la république de Salò
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) De l'hiver au printemps, la guerre, la peur, la Libération.
Alors qu’il est chargé par le journal Libération de la couverture du procès de Klaus Barbie, Sorj Chalandon tente de savoir qui est réellement son père. Collabo, résistant, SS dans la division Charlemagne ou soldat allemand, mythomane ou idiot malchanceux ?
Poursuivant son premier essai fictionnel avec profession du père, Sorj Chalandon se déleste de tous les artifices pour lui faire enfin cracher sa Vichy.
Une confrontation en parallèle d’un procès historique. L’ultime tentative d’un fils désemparé pour tenter de trouver la vraie personne cachée derrière les affabulations du père
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un jour, grand-père m'a dit que j'étais un enfant de salaud.
Oui, je suis un enfant de salaud. Mais pas à cause de tes guerres en désordre papa, de tes bottes allemandes, de ton orgueil, de cette folie qui t a accompagné partout. Ce n'est pas ça, un salaud. Ni à cause des rôles que tu as endossés : SS de pacotille, patriote d'occasion, résistant de composition, qui a sauvé des Français pour recueillir leurs applaudissements. La saloperie n'a aucun rapport avec la lâcheté ou la bravoure.
Non. Le salaud, c'est l'homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans la boue. Sans trace, sans repère, sans lumière, sans la moindre vérité. Qui a traversé la guerre en refermant chaque porte derrière lui. Qui s'est fourvoyé dans tous les pièges en se croyant plus fort que tous : les nazis qui l'ont interrogé, les partisans qui l'ont soupçonné, les Américains, les policiers français, les juges professionnels, les jurés populaires. Qui les a étourdis de mots, de dates, de faits, en brouillant chaque piste, Qui a passé sa guerre puis sa paix, puis sa vie entière à tricher et à éviter les questions des autres. Puis les miennes. Le salaud, c'est le père qui m'a trahi
Edgar Morin se raconte, parfois fier de lui mais reconnaissant ses erreurs et expliquant ses choix
Une vie longue et riche, une vie à penser et à agir.
Comme une incitation à se remettre en question, à ne pas s’endormir et à prendre position quitte à prendre des coups
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Qu'il soit entendu que je ne donne de leçons à personne. J'essaie de tirer les leçons d'une expérience séculaire et séculière de vie, et je souhaite qu'elles soient utiles à chacun, non seulement pour s'interroger sur sa propre vie, mais aussi pour trouver sa propre Voie. »
E.M.
À 100 ans, Edgar Morin demeure préoccupé par les tourments de notre temps. Ce penseur humaniste a été témoin et acteur des errances et espoirs, crises et dérèglements de son siècle. Il nous transmet dans ce livre les enseignements tirés de son expérience centenaire de la complexité humaine.
Leçons d'un siècle de vie est une invitation à la lucidité et à la vigilance
Bof, bof,
Pas indispensable ce roman sur… en fait, je sais plus trop sur quoi. Une rencontre entre une femme et un vieux. Des souvenirs, des erreurs, des émotions qui n’arrivent pas. Bof.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Une nouvelle maison, pleine de charme, qui se révèle inquiétante. L'ancien propriétaire ombrageux qui s'impose. Lorsque la narratrice emménage avec son mari et ses enfants, elle n'imagine pas que sa vie va étrangement basculer. Quels souvenirs hantent le vieil homme ? Quelle réparation cherche-t-il auprès d'elle ? De quelle mémoire les murs de la maison sont-ils les gardiens ?
Aude Le Corff livre un second roman subtil, qui sonde les fragilités de l'âme humaine et s'interroge sur les stigmates de l'Histoire