Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Voilà une bande dessinée qui semble, au premier abord, bien naïve, girly et candide, destinée à un public de tout petits…
Mais pourtant !
C’est plein d’humour, les dénonciations sont claires sans êtres pédantes, et, plus que tout, c’est très sympa à lire !
Une histoire de sorcière attachante qui ne mérite pas un autodafé ! Ou alors, pour devenir plus puissante encore…
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Clac !
Résine !!! Les gens du village ! Ils sont devenus fous !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Résine est accusée d'être une sorcière. Avec son compagnon Claudin, ils s'enfuient et commencent une nouvelle vie à Floriboule. Mais leur arrivée va être à l'origine de nombreux problèmes : accusations infondées, procès en sorcellerie, confrontation avec des villageois sexistes et obscurantistes. On retrouve dans Résine l'univers fantastico-médiéval, l'humour et la douceur d'Elodie Shanta, ici au service d'un récit incisif et de problématiques plus graves, telles que le sexisme, le harcèlement et les violences faites aux femmes.
Tout y est : de l’humour au discours, de la forme au fond, de l’anecdote amusante à l’exaspération définitive, du langage à l’image !
En partant d’un roman photo (symbole du romantisme cucul à la papa-maman), Ovidie et Sophie-Marie Larrouy mettent en images le sexisme contemporain. C’est génial et hilarant.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Et pendant ce temps-là, à Stalingrad, juste au-dessus du Mondial Relais angle rue de Tanger et rue Riquet.
Sonia s'est endormie dans les miettes de Gerblé en attendant un date qui a texté « j'arrive » il y a 1h40.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Imaginez le prince charmant des années 70, celui des romans-photos aux sourcils circonflexes, brushing « nuque longue » et assurance à toute épreuve dans son pattes d’éléphant. Plongez-le dans un monde post #metoo où les femmes sont parvenues enfin à reprendre le contrôle, et vous aurez La Fabrique du prince charmant, une suite d’histoires savoureuses et hilarantes où Ovidie et Sophie-Marie Larrouy racontent l’évolution des rapports entre les hommes et les femmes.
Lire Siri Hustvedt est une expérience impressionnante. Une cuture folle, un discours argumenté, des références précises… Il y a tout ça ! Bon, c’est clair que je me suis parfois senti complètement largué, mais elle a chaque fois réussi à me rattraper. C’est brillant !
Ce recueil d’une dizaine d’articles autour de différent-e-s artistes nous parle d’art et de féminisme. De ce regard masculin, assez similaire au mansplaining, plein de condescendence, manipulation et supériorité
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ce que les artistes disent de leur propre travail est fascinant, car cela nous raconte quelque chose au sujet de ce qu'ils croient faire.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Siri Hustvedt, fidèle à son engagement envers la cause des femmes, analyse ici la nature et les implications du regard, bien souvent manipulateur, voire prédateur, que les artistes de sexe masculin tendent à poser sur les femmes (quelles soient « simples » modèles ou elles-mêmes artistes). Mais elle s'attache surtout à identifier les partis pris, conscients et inconscients, qui affectent notre manière de juger l'art, la littérature et le monde en général.
Convoquant entre autres les oeuvres de Picasso, De Kooning, Max Beckmann, Jeff Koons, Robert Mapplethorpe, en passant par Pedro Almodovar, Wim Wenders, Louise Bourgeois ou Emily Dickinson, l'auteur d'Un monde flamboyant développe une réflexion sur l'art dans ses rapports avec la perception ; elle interroge la façon dont nous évaluons la notion de créativité et montre que les critères d'appréciation se modifient constamment dès lors que nous nous déplaçons d'une culture à une autre ou d'une période de l'histoire à la suivante - alors même que d'aucuns prétendent que tout art digne de ce nom relève de critères tout à la fois universels, intemporels et quasi immuables.
S'insurgeant contre un tel postulat, Siri Hustvedt, respectueuse de l'éthique intellectuelle dont elle a toujours fait preuve en tant qu'essayiste, privilégie les questions par rapport aux réponses et se montre avant tout soucieuse d'ouvrir des espaces de libre discussion, invitant le lecteur à adopter divers angles d'approche, comme pour mieux lui laisser le choix ultime de celui qu'il fera sien.
Une bonne claque ! Voilà un livre qui va me faire réfléchir encore longtemps.
Une femme noire qui a réussi après de brillantes études tombe malade. Cancer. Un choc qui va l’amener à réfléchir à sa situation, son intégration.
Un livre sur l’Angleterre post-coloniale qui secoue bien fort la bien-pensance en démontrant la brutalité de tous les non-dits.
Il y a bien plus que de la poussière sous les tapis. Est-il possible de continuer à marcher dessus ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Tout va bien
Faut que tu arrêtes, dit-elle.
Arrêter quoi, on fait rien. Elle a eu envie de le reprendre. Il n'y avait pas de « on ». Il y avait lui le sujet et elle l'objet, mais lui, il a dit écoute, pas la peine de t'énerver pour rien.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Découvrir l'âge adulte en pleine crise économique. Rester serviable dans un monde brutal et hostile. Sortir, étudier à « Oxbridge », débuter une carrière. Faire tout ce qu'il faut, comme il faut. Acheter un appartement. Acheter des œuvres d'art. Acheter du bonheur. Et surtout, baisser les yeux. Rester discrète. Continuer comme si de rien n'était.
La narratrice d'Assemblage est une femme britannique noire. Elle se prépare à assister à une somptueuse garden-party dans la propriété familiale de son petit ami, située au cœur de la campagne anglaise. C'est l'occasion pour elle d'examiner toutes les facettes de sa personnalité qu'elle a soigneusement assemblées pour passer inaperçue. Mais alors que les minutes défilent et que son avenir semble se dessiner malgré elle, une question la saisit : est-il encore temps de tout recommencer ?
Le premier roman de Natasha Brown a été une véritable déflagration dans le paysage littéraire britannique. « Virtuose » (The Guardian), « tranchant comme un diamant » (The Observer), Assemblage raconte le destin d'une jeune femme et son combat intime pour la liberté.
Depuis toute petite, Elena doit bouger, vivre dans le mouvement et la vitesse… Mais c’est plutôt pour les garçons, tout ça… non ?
Venus partielle raconte l’enfance, la jeunesse et l’adolescence de Elena et son constant besoin de ressentir son corps, la douleur, le plaisir et l’exultation dans l’effort.
Alors certes, tout cela ne me parle guère… Mais les sportifs et athlètes devraient s’y retrouver.
Et non, les filles, c’est pas que des dessins, des princesses fragiles et des travaux d’aiguille !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) J'aurais voulu être majorette
S'il fallait tel Maât mettre sur une balance les activités typiquement féminines et les sports dits de garçons, il serait difficile de dire lesquels des deux l'emporteraient tant ils sont intimement liés.
- Ma fille est un garçon manqué ! claironnait mon padre, qui essayait d'inventer des preuves d'une éventuelle testostérone pour l'instant invisible à l'œil nu.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « J'ai passé mon enfance à grimper dans les arbres, à envier ma meilleure amie qui frimait sur le vélo de course avec une barre de son frangin, à vouloir des futals plutôt que des jupes, et, cependant, au milieu de cette recherche de masculinité a toujours brillé le désir ultime d'être majorette... »
Dévorée par un besoin constant d'action, rien n'arrête Elena.
Et si le plus gros problème de l’humanité venait d’une paire de couilles ?
Surpris par une épidémie qui s’attaque à leur production hormonale, les virilistes paniquent !
C’est drôle, délirant, absurde, extrême et pourtant… tellement crédible !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le dimanche, chez moi, ça a toujours été sacré.
Grasse matinée, grillades, rosé bien frais, sieste devant la télé...
Une seule règle d'or...
.. Jamais de sport.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Tu ne pleures pas, Jean-Pat, tu sues des larmes de colère. »
Un virus fait chuter le taux de testostérone des hommes... et se répand sur la planète !
Jean-Patrick, concessionnaire automobile dans la zone d'activité commerciale de Saint-Pierre-Le-Caillou, panique et tente de se réfugier au sein de la secte masculiniste dirigée par Jo, son coach sportif.
Contaminé par le virus, Jean-Pat voit sa vision du monde changer... Mais alors qu'il se détache du mouvement viriliste, son fils s'y engouffre.
Notre héros parviendra-t-il à sauver son enfant des griffes d'un gourou macho ? Privée de testostérone, l'humanité sombrera-t-elle dans le chaos ? Quel secret la part de féminité de Jean-Pat renferme-t-elle ? Et si la vérité résidait dans les yeux de Champion, son irrésistible chien priapique ?
Dans ce premier tome qui raconte plus ou moins la même période que Cruelle ou Jumelle, Florence s’attache beaucoup plus à la découverte du monde en dessous de la ceinture. Un monde inconnu, sale et tabou !
Alors, quand les premières règles arrivent…
Comme à son habitude, Florence s’attache à TOUT dire et parfois on lui en voudrait presque un peu de tant de sincérité. Mais pourtant, c’est bien là que se trouve toute la puissance de ses albums !
Une enfance au sein du patriarcat religieux, des tabous, de la toute puissance des hommes et de la docilité des épouses et des enfants. Mais aussi, une enfance avec Béné.
Un premier album fort qui casse bien des tabous et des non dits
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il courait dans la famille une savoureuse anecdote à propos d'une Grand-tante paternelle et maman se délectait souvent à nous la raconter.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Depuis sa plus tendre enfance, Florence ignore tout ce qui se passe… en-dessous de la ceinture.
Elle imagine que le papa met la petite graine dans le nombril de la maman, et puis de toute façon, il est tacitement interdit, dans la famille, de parler de « la chose qui ne doit pas être dite ».
Alors … Florence imagine des scénarii terribles, parfois idiots; Florence s’angoisse devant le poids de la tradition qui place inéluctablement la femme dans une position inférieure ; Florence, à sa façon, résiste pour ne pas sombrer.
Génial. Déjà pour les images qui illustrent le propos. A chaque page c’est un choc, une surprise, un rappel, une évidence. Oui, elles sont déjà vues (justement), inconsciemment intégrées, souvent sans aucun questionnement. Et là, toutes à la suite, impossible, C’est un choc !
Ensuite, pour le propos ! Ce livre n’est pas qu’une collection d’images. L’essai est construit, avec un argumentaire et un point de vue clair et limpide. Les causalités s’enchainent et Agnès Grossmann démontre.
Et c’est ainsi que toutes petites, depuis bien longtemps, on apprend aux filles que les loups guettent. Puis que leur beauté est dangereuse, que leur indépendance leur coutera cher, qu’elles sont faites pour être belles et susciter le désir des hommes… et ainsi de suite. Un boulevard de conditionnements pour arriver à l’apothéose Weinstein – #metoo
Un essai qui peut sembler peut-être un peu léger, mais qui brille justement par sa lisibilité et sa concision ! Comme une excellente introduction au sujet
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) En octobre 2017, le mouvement #MeToo a secoué la planète. Parti d'Hollywood avec l'affaire Weinstein, il s'est propagé dans le monde entier et a changé, sans doute définitivement, en tout cas en Occident, la donne entre les hommes et les femmes. Les cartes ont été rebattues. #MeToo est une ligne de fracture entre un ancien et un nouveau monde dans lequel il ne doit plus être possible de maltraiter le corps féminin.
Ce livre, Le monde avant #MeToo, revient sur les représentations des femmes et des rapports hommes-femmes avant cette ligne de fracture. À travers la culture pop des années 1950 à nos jours, en décryptant des contes pour enfants, des dessins animés, des films, des affiches publicitaires, des photos, Le monde avant #MeToo essaie de comprendre les mécanismes culturels, le système de pensée, qui ont permis qu'un Harvey Weinstein se conduise comme un prédateur sexuel, au vu et su de tout le monde, jusqu'en octobre 2017
Sous ce drôle de titre se trouve un bien drôle de livre. Drôle parce qu’il est plein d’humour, mais aussi parce qu’il m’a semblé plus curieux qu’attendu, plus profond, souvent subtil, déconcertant et qui – s’il était trop vite lu – pourrait bien démontrer l’exact contraire de son propos. Oui, Gilles Vervisch semble s’amuser à obliger le lecteur à un minimum de réflexion et de pensée.
Un très bon livre où l’auteur n’hésite pas à rire du pire, à démontrer par l’absurde, à inviter les lectrices-eurs à se faire un avis sans qu’il ne taise le sien. Un livre qui invite au doute et qui décortique wokisme, féminisme, #metoo, moralité et point Goodwin, climatoseptiques et complotistes…
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) « Y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ! »
Tout le monde pense avoir raison ! Vous, moi... Même si moi, c'est vrai : j'ai raison ! Alors que vous... c'est moins sûr. Mes goûts et mes couleurs sont les meilleurs ; mes valeurs morales, mes croyances, mes convictions politiques sont les bonnes.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Tout le monde pense avoir raison. Et s'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, on peut faire confiance à la mauvaise foi de chacun pour défendre ses opinions lors des débats en famille ou sur les réseaux sociaux ; vaccin, pass sanitaire, #MeToo, complotisme, climat, wokisme, politique, religion, etc.
J'y mettrais ma main au feu, ma tête à couper. Mais comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ? D'où nous viennent nos opinions et nos certitudes ? Pourquoi y sommes-nous tant attaché(e)s ? Et dans le fond, faut-il avoir raison ?
Mais comment, mais pourquoi ? Comment et pourquoi un système peut-il exister dans lequel la moitié de la population n’a aucun autre droit que celui de se taire, se voiler et subir ? Dans quels esprits malades une telle organisation a-t-elle pu voir le jour, comment fait-elle pour perdurer ?
Un livre qui, sur le fond, rappelle fortement Les putes voilées n’iront pas au paradis, tout en mixant avec brio l’auto fiction, le documentaire et le roman.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Je ne respecte les règles d'aucun romancier » affirme Chahdortt Djavann. En effet, la voilà qui entre et sort de manière virtuose de son roman, comme si elle franchissait les frontières d'un pays. Narratrice de sa fiction, elle en devient aussi un des personnages.
Après « faute de naissance », un premier chapitre intime où l'auteur confesse son « indélicatesse d'être née sans pénis après un frère mort », elle nous raconte, de Téhéran à Ispahan, le destin de plusieurs femmes qui paient un prix effroyable pour avoir joué autour d'une fontaine, refusé un mariage arrangé en vivant un amour homosexuel, ôté son voile en public ou tenu tête a un mari puissant.
Dans le dernier chapitre aux allures de conte, l'auteur traverse l'Europe, l'Arménie et l'Azerbaïdjan et rentre clandestinement dans son Iran natal, au risque d'être arrêtée comme espionne. Elle y retrouve deux cousines, devenues grandes résistantes, qui vont changer le cours de l'Histoire.
Voici le roman le plus atypique, le plus poétique et le plus audacieux de Chahdortt Djavann dont la plume, limpide et puissante, nous surprend et nous transporte