Madeleine

C’est triste comme le mauvais temps, la solitude et l’isolement. Il y a du sexe, mais sans paroles, il y aurait bien des cris, mais ils ne sortent pas, il y a des pleurs, mais on ne voit que les larmes.

Madeleine de Amanda Sthers
Madeleine de Amanda Sthers

Ça fout un peu le blues quand-même.

Un livre déconseillé aux dépressifs, avec quelques clichés et effets de styles dispensables, mais à l’atmosphère bien rendue.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Il l'a vouvoyée. Il n'a parlé de rien. Ni de maisons, ni de ce lit, ni de cette fois. Est-ce un rendez-vous ? Une deuxième visite ? Il a donné l'heure d'arrivée de son avion. Le même, même jour. Déjà deux mois plus tard. Le souvenir est bien là, brûlant sur les cuisses de Madeleine. Est-ce qu'il faut aller chez le coiffeur ? Du noir, ça mincit mais la peur aussi, le lointain. Du marine ? Du marron ? Du temps, pas beaucoup ? Que dit-elle ? Elle dit oui, je vous attendrai. Le silence est long. "Vous me reconnaîtrez ?" essaie-t-elle. Il ne répond même pas. Elle ne sait pas comment on attrape un homme, ils lui glissent entre les doigts comme du vif-argent, et celui-là est bien plus qu'un homme. Il est celui qu'elle aime, celui qu'elle attendait.»

Je parle à un homme qui ne tient pas en place

Une correspondance parfois à sens unique (comme toutes les conversations ?) et qui se retrouve et s’éloigne comme le bateau de Thomas Coville, à la recherche du record du tour du monde à la voile en solitaire et sans escales.

Je parle à un homme qui ne tient pas en place de Jacques Gamblin
Je parle à un homme qui ne tient pas en place de Jacques Gamblin

Des pensées universelles au milieu des calmes plats et des tempêtes

Une texte qui donne vie à des représentations de Jacques Gamblin où l’émotion des textes submerge les terres.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une correspondance entre l'acteur J. Gamblin et le navigateur T. Coville commencée en 2014, alors que ce dernier, tentant de battre le record du tour du monde à la voile en solitaire à bord de son trimaran, se trouve immobilisé par l'anticyclone à Sainte-Hélène. L'échange épistolaire se poursuit jusqu'en 2016, année où il parvient, au bout de sa cinquième tentative, à accomplir cet exploit

Sérotonine

Le livre ne commence pas dans la franche rigolade… et pourtant, on comprend très vite que ce sera pire après.

Sérotonine de Michel Houellebecq
Sérotonine de Michel Houellebecq

Avec parfois du genre, des effets et du dispensable…

… Et des très bonnes pages avec une vision de de nos humanités, de la société, de l’anéantissement par la solitude et des effets des politiques agricoles d’une grande acuité.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l’amour" écrivait récemment Michel Houellebecq.

Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d’ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un inoubliable personnage de roman – son double inversé), l’échec des idéaux de leur jeunesse, l’espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue.

Ce roman sur les ravages d’un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret

Tenir jusqu’à l’aube

C’est rude, mais pas misérabiliste, le ton est juste. Mais c’est dur, vraiment !

Tenir jusqu'à l'aube de Carole Fives
Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives

Tous les jours, se battre, seule, pour son fils et pour soi. Impossible d’être malade, de payer un avocat, de trouver du temps pour soi…

Et la recherche d’un peu d’air. Pas même un bol, un brise, un souffle.

A lire même juste pour les commentaires sur Internet. Tellement inappropriés, sales, condescendants, humiliants… Criants de vérité !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Et l'enfant ?
Il dort, il dort.
Que peut-il faire d'autre ? »

Une jeune mère célibataire s'occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour mie baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour échapper à l'étouffement, la mère s'autorise à fuguer certaines nuits. À quelques mètres de l'appartement d'abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d'un semblant de légèreté.

Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore ?

Le premier méchant

En voilà un livre étrange, bien costaud et surprenant, qui surnage entre la folie, le glauque et la tendresse.

Le premier méchant de Miranda July
Le premier méchant de Miranda July

Car aussi berzingue soit elle, Cheryl est fascinante et pleine de dialogues intérieurs bien barrés. Et quand elle reçoit la fille de ses patrons pour habiter chez elle, tout son « système » vole éclats.

Rien de prévisible, il y a beaucoup de solitude, du sexe et de la violence, de la tendresse et même de l’amour. J’ai pas tout compris, mais c’est pas le plus important, je me suis attaché.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Cheryl, quadragénaire hypersensible, vit seule avec son globus hystericus : une boule d'angoisse dans la gorge. Elle travaille pour une association spécialisée dans l'autodéfense féminine. Et elle est persuadée qu'un de ses collègues est son âme soeur et qu'ils fileront bientôt le parfait amour.

Quand ses patrons lui demandent si leur fille de vingt ans, Clee, peut s'installer chez elle pendant quelque temps, le monde maniaque de Cheryl la célibataire explose. Et pourtant c'est Clee, la bombe égoïste, blonde et cruelle, qui, à force de persécutions, va précipiter Cheryl dans le monde réel.

Avec ce premier roman surprenant d'originalité et plein de malice, Miranda July s'impose comme une des nouvelles voix les plus inspirées de la littérature américaine

Vers la beauté

C’est une histoire simple avec une construction plutôt subtile. Un roman sur les plaies qui mettent du temps à se refermer… si c’est possible. Une fuite dans l’attente d’une reconstruction espérée.

Il y a toujours un flottement quand on change de vie. Il faut prendre ses marques, comme les gens aiment à le dire. Antoine détestait ces expressions toutes faites ; il était prêt à tuer quiconque lui parlerait de refaire sa vie. Il devait trouver une façon d'aborder les relations humaines sous un angle différent. En d'autres termes, vivre en couple l'avait plongé dans une sorte de mécanique sociale, et il devait maintenant tout réorganiser. La déconvenue avec son ancienne étudiante en était l'exemple type. Antoine n'avait pas été particulièrement grossier ou imbu de lui-même, non, il avait simplement manqué de lucidité. La compréhension des autres, la lecture de leurs comportements, voilà sur quoi devrait travailler Antoine dans sa recomposition émotionnelle.
Vers la beauté de David Foenkinos

Mais de grâce, plus de notes de bas de pages, de grâce !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le musée d'Orsay, à Paris, est une ancienne gare. Le passé dépose ainsi une trace insolite sur le présent. Entre les Manet et les Monet, on peut se laisser aller à imaginer les trains arrivant au milieu des tableaux. Ce sont d'autres voyages maintenant.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Antoine Duris est professeur aux Beaux-Arts de Lyon. Du jour au lendemain, il décide de tout quitter pour devenir gardien de salle au musée d'Orsay. Personne ne connaît les raisons de cette reconversion ni le traumatisme qu'il vient d'éprouver. Pour survivre, cet homme n'a trouvé qu'un remède, se tourner vers la beauté. Derrière son secret, on comprendra qu'il y a un autre destin, celui d'une jeune femme, Camille, hantée par un drame

Eleanor Oliphant va très bien

Ça ressemble à du feel-good… Et c’est quand même un petit peu plus que ça, même si elle va très bien. L’histoire dure, douce et tendre d’une inadaptée sociale au lourd passif. Une vie terne et perdue dans la solitude noyée à la vodka.

Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman
Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman

Avec une jolie dédicace aux amateurs peu soigneux des bibliothèques qui m’a fait bien sourire dans ce livre qui ne manque pas d’humour.

Et une méchante coquille de la traductrice, Aline Azoulay-Pacvoñ qui failli clore cette lecture prématurément. Madame, lorsque les docteurs (esses!) sont des femmes… parlez d’elles, s’il vous plait.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dotée d'une culture générale supérieure à la moyenne, peu soucieuse des bonnes manières et du vernis social, elle dit les choses telles qu'elle les pense, sans fard, sans ambages. Fidèle à sa devise « Mieux vaut être seule que mal accompagnée », Eleanor évite ses semblables et préfère passer ses samedis soir en compagnie d'une bouteille de vodka.

Rien ne manque à sa vie minutieusement réglée et rythmée par ses conversations téléphoniques hebdomadaires avec « maman ».

Mais tout change te jour où elle s'éprend du chanteur d'un groupe de rock à la mode. Décidée à conquérir l'objet de son désir, Eleanor se lance dans un véritable marathon de transformations. Sur son chemin, elle croise aussi Raymond, un collègue qui sous des airs négligés va lui faire repousser ses limites.

Car en naviguant sur les eaux tumultueuses de son obsession amoureuse et de sa relation à distance avec « maman », Eleanor découvre que, parfois, même une entité autosuffisante a besoin d'un ami...

Notre-Dame des égarées

Un amour qui nait avec une enfant, et qui meurt avec elle. Ne reste rien que l’errance, la quête inutile. Un homme qui se perd.

Note-Dame des égarées de Alexandre Voisard
Note-Dame des égarées de Alexandre Voisard

Une écriture délicate et sensible, peut-être parfois un peu précieuse pour accompagner cette dérive aux notes d’un violon qui s’égarent.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Colmar, à l'aube du XXe siècle, Hélène native du Midi et Karel le violoniste venu de l'Est donnent naissance à une petite Stella. Après de courtes années de bonheur, l'enfant meurt soudainement. Puis Hélène disparaît sur les traces de sa fille, qu'elle imagine toujours vivante. Karel décide de rejoindre le Rhône, fleuve de coeur d'Hélène, dans l'espoir de l'y retrouver.

Voisard puise à la double source du conte et de la poésie pour mener ce roman du dépouillement. En compagnie du vagabond walsérien Karel, il nous entraîne à la rencontre des gens qui peuplent la route du Sud, l'abbé Viénot et son « eau de la vie », ou la famille Goldberg, au fils violoniste de génie.

« Voilà ce que tu deviens, Karel, tu sais ou ne sais pas, tu es ce bateau de carton mis à l'eau par bravade, jurant mais à quoi bon qu'il te porterait à la rencontre d'Hélène emportée sur les mêmes eaux dont les remous répliquent aux rameurs par de violents caprices. Tu vas droit devant toi, comme emporté par le courant mais en réalité tu es ballotté et les rives sans fin te rabattent de l'une à l'autre. N'êtes-vous pas, toi et Hélène, des naufragés que votre petite étoile au ciel a égarés ? »

Votre commande a bien été expédiée

Ça commence comme du feel-good, ça continue par de la romance, ça s’invite dans la dénonciation de la société des médias actuels et ça se termine dans du fantastique un peu absurde… Quelle soupe curieuse que l’on trouve dans cette cocotte en fonte rouge.

Votre commande a bien été expédiée de Nathalie Peyrebonne
Votre commande a bien été expédiée de Nathalie Peyrebonne

Malgré des pages sympa, ce ragout d’agneau m’a semblé un poil indigeste.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Commander une cocotte en fonte rouge sur Internet, l'attendre, adresser une réclamation au service clientèle en regardant d'un oeil Senior Story, la nouvelle et déroutante émission de téléréalité, lire, s'inventer une existence, inviter Lucia au Pays basque pour fêter l'arrivée de la cocotte : ainsi va, paisiblement, la vie d'Eugène.

Puis surviennent les premiers incidents. Et le monde entier semble pris de hoquet.

Jubilatoire, inattendu, mordant, le roman de Nathalie Peyrebonne est un conte de fées où les héros prennent leurs désirs pour des réalités