Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel

Incessamment, de nouveaux mots se glissent dans notre langue et bien souvent ceux-ci sont détournés, repris, traduits, malaxés et retournés… Des concepts clairs deviennent obscurs et ce qui semblait lipide vire rapidement à l’incompréhensible et tout prête à la controverse. Tout le monde s’y met, politiques, médias, gauche, droite, populistes, militants et intellectuels et nul ne s’y retrouve plus.

Islam
Juliette Galonnier
L'islam occupe une place croissante dans notre vocabulaire. Des populations auparavant désignées par des catégories nationales, socio-économiques ou légales (Algériens, Maghrébins, travailleurs immigrés, étrangers) sont désormais souvent renvoyées à leur appartenance religieuse réelle ou supposée : on parle de plus en plus de « musulmans ». Cette centralité discursive de l'islam est le fruit de plusieurs évolutions. Une partie de ces populations, en particulier leurs enfants et petits-enfants nés et socialisés en France, investit de plus en plus le référent religieux comme catégorie positive d'identification.
Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel – Islam de Juliette Galonnier

Petit dictionnaire (la liste des termes est dans les mots clés) pour ne plus s’y perdre, cet essai tente de débroussailler cette jungle en faisant appel à nombre de chercheuses et chercheurs pour des mots qui fâchent la France (Car oui, c’est culturel ! Et cette liste ne serait évidement pas la même en Angleterre ou en Allemagne).

Néoféminisme
Martine Storti
Il y a des termes fourre-tout, ils sont bien pratiques, ils permettent de tout confondre et de se dispenser de la complexité. Néoféminisme en est un. Être en désaccord avec tel ou tel courant féministe ou qui s'autoqualifie ainsi et le critiquer est bien sûr un droit indiscutable. Ce qui l'est moins, ce sont les procédés mis en œuvre : homogénéisation, généralisation, simplification, caricature, indifférence aux nuances, aux différences, aux distinctions.
Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel – Néoféminisme de Martine Storti

Essentiellement centré autour des racismes et des exclusions avec quelques (trop rares) incursions dans les genres et les sexualités, voilà un excellent petit guide pour ne plus s’y perdre. Avec un petit bémol toutefois pour certains auteurs qui ne peuvent s’empêcher de faire des mots ou ceux dont les partis-pris militants écrasent le sujet.

Un petit livre qui m’a rappelé Génération offensée de Caroline Fourest, bien moins léger que Les mots immigrés, moins international que ceux qu’on trouve dans Le dico des mots extraordinaires, moins poétique que le magnifique Il nous faudrait des mots nouveaux et que Jean Roscoff aurait évidement du lire dans Le voyant d’Étampe

Avec les participations de Nicolas Bancel, Rachid Benzine, Magali Bessone, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Ahmed Boubeker, Philippe Corcuff, Claire Cosquer, Juliette Galonnier, Sophie Guérard De Latour, François Héran, Philippe Huneman, Monique Jeudy-Baluni, Memphis Krickeberg, Nicolas Lebourg, Éléonore Lépinard, Françoise Lorcerie, Philippe Marlière, Nonna Mayer, Sarah Mazouz, Laure Murat, Alain Policar, Myriam Revault D’Allonnes, Jacob Rogozinski, Haoues Seniguer, Patrick Simon, Martine Storti, Julien Talpin, Michel Wieviorka, Valentine Zuber

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il est temps de mettre un coup d'arrêt à la dégradation des échanges intellectuels et aux controverses toxiques pour la démocratie qui touchent désormais l'université et le monde de la recherche en France.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
D'antisémitisme à wokisme en passant par identité et laïcité, une liste de mots sujets à controverse selon certains camps politiques dans les milieux intellectuel et universitaire français. Les contributeurs dénoncent le climat délétère qui règnerait dans le monde de la recherche où, selon eux, diatribes et invectives ont remplacé débats et échanges au nom de ce qu'ils nomment bien-pensance

Interdiction de publier !

La censure est probablement née avec les premiers écrits… Enfin, sûrement avant… N’est-ce pas intrinsèquement lié à la nature des plus forts que de désirer faire taire les plus faibles.

Interdiction de publier ! de Jean-Yves Mollier

Dans cette revue de la censure fort bien étayée par de nombreux exemples, l’auteur commence par l’histoire avec la religion (dont le fameux Index Librorum Prohibitorum) et déroule jusqu’à aujourd’hui et les nouvelles formes telles que le politiquement correct, les réseaux sociaux, les groupes d’influence, les lanceurs d’alerte, les mafias, les intégristes et créationnistes… En passant, il n’a évidement pas oublié les censures politiques, économiques, d’opinion…

Rien de nouveau, certes, mais c’est très bien dit et documenté !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un essai sur la censure des livres, depuis ses formes passées jusqu'à sa résurgence moderne sous l'influence du politiquement correct et du retour de l'intégrisme religieux. Après avoir dressé un panorama historique de ce phénomène, l'historien met en garde contre les menaces envers la liberté de publier au nom d'un nouvel ordre moral