Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Des petites nouvelles dans le ton de Laurence Boissier. L’humour est discret, élégant, presque absent. Comme un filigrane sur ces tranches de vie.
Histoires courtes de Laurence Boissier
Instantanés dérisoires et intensément vivants
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Putain ! Encore Josepha avec son putain de sucre ! On s'en fout plein les chaussures ! Elle a encore frappé fort ! Sa montagne de sucre dégouline jusque dans les escaliers.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les Beaux-Arts
La toute petite chemise de nuit
Machines de chantier
Le malentendu
Bérangère
L'école
Mes enfants ont faim
Une balade au parc
Elise
La salade nage toutes feuilles dehors
Le saloon
Si Esther bouillonne de vie à l’aube de ses 18 ans, ses histoires s’épuisent.Les cahiers d’Esther, tome 9 : Histoires de mes 18 ans de Riad SattoufUn ultime tome pour une géniale série qui a vu grandir son héroïne pleine de candeur qui peine à mûrir.
Allez, que la vie lui soit belle et heureuse au pays des gentilles familles, des gentils voisins et des gentilles copines
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La rentrée
Je m'appelle Esther et j'ai 17 ans. J'habite à Paris dans le 17e arrondissement. Je vis dans le même appartement depuis ma naissance.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Esther est en terminale, ça y est !
C'est l'année du bac (cette horreur), des choix d'orientation qu'on ne veut pas faire, de Parcoursup, cette bénédiction (rires), des illusions qui se brisent, de l'enfance qui s'évapore, et des Cahiers d'Esther qui s'arrêtent... Mais c'est aussi l'année des 18 ans, de la liberté de pouvoir enfin faire ce qu'on veut ! Tout ce qu'on veut ! Et peut-être aussi l'année de la fin du célibat éternel, qui sait ?
D'où venons, où allons-nous, et surtout ça sert à quoi la vie en vrai ? Y a-t-il seulement une réponse à cette question qu'en pensez-vous vous avez 4 heures MDR... Esther philosophe et a un peu le vertige au moment du grand envol, mais c¸a va bien se passer, hein, on y croit...
Quelle émotion de retrouver Laurence Boissier en librairie, de découvrir cet impublié et d’y retrouver son humour tout en finesse et légèreté. Certes, c’est avec appréhension que j’ai ouvert ce petit livre, craignant d’y trouver un brouillon inachevé. Mais non, c’est bien l’autrice de Safari et de l’Inventaire des lieux qu’on retrouve ici. Un bonheur qu’il ne fallait pas laisser dans un carton poussiéreux.Londres 13h30 de Laurence BoissierMerci art&fiction, à la famille et à toutes et tous ceux qui ont permis à ce petit bijou de voir le jour.
Des histoires de vies qui se croisent et s’entrecroisent à l’aéroport de Genève, à déguster avec émotion en regardant les cirrus homogenitus dans le ciel
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) En allant chercher ses enfants à l'école à quatre heures, une fois de plus, Émilienne s'étonne. Tom sort très posément, scanne rapidement les environs, puis se dirige vers elle sans hésiter. Elle est émerveillée de voir comment, à chaque fois, il trouve exactement la maman qu'il lui faut.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Assise chaque jour au bar de la halle Arrivée de l’Aéroport de Genève, Émilienne tente de surmonter le plus irréparable des événements: la mort de son père, son papa, passager parmi d’autres du vol de Londres 13h30 et dont l’avion s’est abîmé dans la Manche. Observatrice à l’affût, elle documente dans son journal le passage des voyageurs. « Londres 13h30 » est le premier roman adressé par Laurence Boissier à art&fiction. Le manuscrit a disparu, longtemps, puis a réapparu subrepticement à l’occasion d’un rangement, rappelé à l’existence après la disparition de son autrice.
Combien de fois meurt-on dans une vie ? De faim, de honte, d’ennui, de désir, d’impatience, de jalousie, de culpabilité, de chaud, d’angoisse, de chagrin, de froid, de peur ou de rire ?
Marie-Christine Horn ne mourra en tout cas pas sans y avoir réfléchi, avec un sourire mi-tendre et mi-moqueur et avec beaucoup de talent ! Le nombre de fois où je suis morte de Marie-Christine Horn
Ces nouvelles, parfois graves mais souvent très drôles, portent un regard coquin et acidulé sur des instants de vie de femmes, joyeux ou tristes, drôles ou cruels… … des grandes et petites morts qui rapprochent de la dernière
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il est des peines, comme des joies, qui vous surprennent un beau jour comme un vilain, sans qu'on les ait vraiment choisies, provoquées ou même attendues. Il est des joies, comme des peines, qui vous émeuvent plus ou moins, et dont les larmes ont autant un goût de rire que de chagrin.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Morte de faim, morte de peur, morte d’ennui…Femmes tantôt fragiles, en colère ou désespérées, les protagonistes dansent sur le fil, frôlent les précipices en quête de réponses, d’ailleurs ou de sens.
Treize nouvelles, autant de petites morts. Avec lucidité et humour noir, l’auteure signe un texte puissant dont le fil rouge est l’exploration de la psyché féminine dans toute sa complexité.
Dix nouvelles étasuniennes. Tranches de vies désabusées. Portraits flottants dans une brise légère de perversité inassumée. Daddy de Emma Cline
Des instants inaboutis, polaroids mal cadrés aux couleurs qui bavent. Un peu de drogues, parfois. Des désirs, un peu… mais encore plus de frustration.
Le what the fuck de la vie
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Linda était dans la maison, au téléphone - avec qui, si tôt ? Du jacuzzi, John la regardait aller et venir dans son peignoir et un vieux maillot de bain à motifs tropicaux, décoloré, qui appartenait probablement à une des filles. C'était agréable de se laisser flotter dans l'eau, de glisser jusqu'à l'autre extrémité du jacuzzi, en tenant sa tasse de café au-dessus du bouillonnement des jets.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Une jeune fille devient la cible de la presse à scandale après avoir été la nounou du fils d'une célébrité. Une adolescente séjourne chez son amie, dans le ranch d'une communauté hippie, et découvre la perversité des premiers jeux sexuels. Un rédacteur en chef lâché par tout son réseau de relations et par sa fiancée tente de devenir le prête-plume d'un self-made-man. Une trentenaire se fait passer pour une ado sur des sites de rencontre. Une actrice cherche à percer à Los Angeles et joue à un jeu dangereux. Un père se demande quelle image ont aujourd'hui de lui ses enfants, venus fêter Noël en famille. Un autre, alerté d'un incident dans l'école de son fils, a rendez-vous avec le directeur de l'établissement. Un scénariste divorcé retrouve chez elle sa petite amie dont les addictions cachent un profond mal-être. Un jeune homme qui vit et travaille dans la ferme de son beau-frère se demande quel futur les attend ici, lui, sa femme et leur enfant à naître.
Autant de nouvelles que de décors balayés du regard incisif d'Emma Cline, qui éclaire au passage, d'un rai de lumière implacable, la perversité larvée en chacun de ses personnages, en même temps que leur immense vulnérabilité.
Maud Martha, c’est l’enfance, la jeunesse, le mariage et la famille d’une femme noire à Chicago dans les années 40.
Maud Martha de Gwendolyn Brooks
C’est donc aussi la violence du racisme, l’inexorable patriarcat, la pauvreté, les petits appartements miteux, les boulots avilissants…
Mais aussi, les joies de l’enfance, de la maternité, les rêves de l’amour et l’humour cruel de la vie.
C’est écrit magnifiquement bien, les phrases y sont les bijoux d’un collier et les petits chapitres, des tranches de vies comme des peintures évidentes de réalisme
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ce qu'elle pouvait aimer les bonbons boutons, et les livres, et peindre la musique (do bleu profond, ré délicatement argenté), et le ciel de l'ouest, si changeant, vu des marches de la véranda de derrière; et les pissenlits.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Publié en 1953, Maud Martha est le premier et unique roman de l'immense poétesse américaine Gwendolyn Brooks. Largement inspiré de la vie de l'autrice, Maud Martha retrace en trente-quatre brefs tableaux les différentes étapes de son existence : enfance, jeunesse, mariage, vie conjugale, maternité... Les épisodes de la vie, qui sont les mêmes pour tous, éprouvés par une jeune femme noire de Chicago dans les années 1940.
À partir des petits riens qui forment le tissu de l'existence et épousent la courbe de la mémoire, Gwendolyn Brooks a composé une grande oeuvre littéraire traversée par les questions raciales et leurs violences silencieuses. Un roman magnifique sur une femme qui doute d'elle-même et de la place qu'elle tient dans le monde.
Mais de quelles broderies parle donc Marjane ici ? Broderies de Marjane Satrapi
À Téhéran (et ailleurs) les femmes (aussi) se réunissent et parlent entre elles. Dans la famille Satrapi, ces discussions ont été élevées au rang d’art social. Marjane ouvre la porte et nous invite à pénétrer dans Saint des saints.
Un album peut être un peu moins hallucinant et créatif que Persepolis mais absolument hilarant !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'était vraiment succulent !
Merci.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Chez les Satrapi, lors des fêtes de famille, lorsque le ventre est bien rempli et que les hommes font la sieste, les femmes se réunissent autour d'un samovar et pratiquent la ventilation du coeur, c'est-à-dire qu'elles échangent des anecdotes sur des thèmes comme l'amour, le mariage ou le sexe. Une vision de la place des femmes dans la société iranienne.
Jean est médecin et il voit passer bien des patients. A chaque fois, c’est une fenêtre sur leur intimité qu’ils ouvrent. Une tranche de vie qui se dévoile au travers d’une maladie transactionnelle.
Où vont les larmes quand elles sèchent de Baptiste Beaulieu
Au fil de ce livre d’une grande tendresse, c’est aussi le médecin qui se dévoile avec ses peurs, ses douleurs et ses culpabilités… Mais aussi ses convictions, son féminisme, son homosexualité et toutes ses rages et colères.
Alors oui, c’est parfois un peu mielleux-mélo-sirupeux, mais c’est aussi souvent bien drôle. La vie d’un médecin qui ne peut pas sauver tous ses patients et qui peine aussi à se sauver lui-même
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est un petit cabinet médical. On y accède après avoir traversé un couloir en crépi beige, très beige, puis longé un patio fleuri, très fleuri. Parfois, ça sent les fleurs séchées, parfois rien du tout.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Jean a trente-six ans. Il fume trop, mâche des chewing-gums à la menthe et fait ses visites de médecin de famille à vélo. Il a supprimé son numéro de portable sur ses ordonnances. Son cabinet médical n'a plus de site Internet. Il a trop de patients : jusqu'au soir, ils débordent de la salle d'attente, dans le couloir, sur le patio.
Tous les jours, Jean entend des histoires. Parfois il les lit directement sur le corps des malades. Il lui arrive de se mettre en colère. Mais il ne pleure jamais. Ses larmes sont coincées dans sa gorge. Il ne sait plus comment pleurer depuis cette nuit où il lui a manqué six minutes.
Esther continue de grandir et, ma foi… commence à me lasser un peu. Les cahiers d’Esther, tome 8 : Histoires de mes 17 ans de Riad Sattouf
Certes, à 17 ans, il y a forcément un peu moins de fraîcheur et d’innocence qu’à 10, mais les ficelles m’ont semblé usée, les clichés éculés, le déroulement prévisible, les cases et les planches déjà trop vues. Avec quand-même quelques pleines pages très réussies !
Et que dire de cette auto-promo posée là ?
Non, pas sûr que je me laisserais tenter par le dernier opus
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je m'appelle Esther et j'ai 16 ans. J'habite toujours à Paris, dans le 17e arrondissement avec ma pure famille d'exception et je songe à arrêter mes études.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans ce huitième tome des Cahiers d'Esther, de Riad Sattouf, Esther est en première ! C'est bientôt le bac de français – AKA la condamnation à mort –, et Esther se pose des questions sur son avenir : pourquoi pas arrêter ses études en fait mdr ? Pour devenir libraire ? Vivre au milieu des livres ? Mais ça paie moins qu'Instagrameuse il paraît, c'est chaud... En attendant, elle prépare le BAFA, mais tout ne se passe pas comme prévu non plus...
Toujours accompagnée de son amie d'enfance, Cassandre, sa queen, d'Eva qui organise des grosses teufs sans le dire à ses darons ; et de Léa, en couple avec un dealer (mais " sensible " dans le fond en fait), elle survit au lycée Royal.
C'est alors que Poutine, le dictateur chauve, attaque l'Ukraine, et c'est la guerre. Et si ça nous arrivait ici en France aussi ?
Oleg (alter ego de Frederik ?) est dessinateur de BD et il peine un peu à trouver de l’inspiration.
Oleg de Frederik Peeters
Et il raconte sa vie. Avec des hauts, des délires créatifs, des retombées sur terre, sa femme et sa fille qu’il aime, la maladie, les salons de BD, son métier, les petits et gros soucis… la vie et ses questionnements.
Un album avec des pages très créatives et quelques des longueurs. Un quotidien aujourd’hui
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les récits autocentrés sont très à la mode, mais Peeters a un je-ne-sais-quoi en plus. D’une lecture agréable, Oleg rappelle Pilules bleues, mais avec vingt ans de plus, et la maturité qui l’accompagne. C’est un témoignage sincère sur son travail, son amour, sa fille, et il est génial de pouvoir ainsi pénétrer dans son intimité. D’autant qu’il a su, en superposant des images mentales incongrues à son quotidien, nous rendre curieux jusqu’au bout : voilà un pseudo-journal qu’on a du mal à lâcher !