Un soir d’été

En refermant ce livre, je l’ai trouvé un peu vide… avec pas mal de remplissage…

Quand j'y repense, ces mots, ces mots tout simples, étaient justes, profondément justes. On avait été bien. Il y avait eu le soleil et le sel sur nos peaux. Il y avait eu de l'optimisme, de l'entrain, de la gaieté. Il y avait eu de l'insouciance, de l'indolence, un laisser-aller, un lâcher-prise. Et on avait été ensemble.
Un soir d’été de Philippe Besson

Après réflexion, c’est justement ce qu’il exprime. Le vide de la disparition, du manque. Un ami disparu un soir de fête alors que tout était simple et insouciant. En vacances sur l’Île de Ré, avec une bande copain à jouir de l’amitié, des flirts, de la légèreté des 18 ans.

… un peu vide quand même

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce matin, au détour d'une rue, dans la ville où j'habite désormais, j'ai cru reconnaître son visage et sa démarche.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Nous étions six - cinq garçons et une fille - insouciants, frivoles, joyeux, dans un été de tous les possibles. Pourquoi a-t-il fallu que l'un d'entre nous disparaisse ? »

S'inspirant d'une histoire vécue, Philippe Besson retrace un drame de sa jeunesse, survenu dans l'île de Ré, un soir de juillet, au milieu des années 80.

Mensonges au paradis

Il y a dans ces romans autobiographiques un petit quelque chose qui me dérange. Ne pas pouvoir trancher entre le vrai et l’imaginaire me gène. Pourtant, en quoi cela pourrait-il changer la lecture ? Je ne sais pas trop, mais je n’arrive pas à m’y faire. Certes, pour des questions juridiques, je peux comprendre qu’on s’en tienne au terme « roman », mais même là encore, reste un goût d’inassumé.

En plus, dans ce livre qui explore justement la fiabilité des souvenirs et cette tendance que nous avons tous à remodeler notre mémoire pour la rendre consistante, n’aurait-il pas justement fallu trouver un autre mot ? Un terme indiquant qu’il s’agit d’un livre basé sur des souvenirs, forcément inexacts et remodelés par les années et qui n’engagent en rien de plus ?

J'hésitais.
Si j'avais l'intention de travailler sérieusement, il me fallait réexaminer notre montagne au risque de casser mes illusions. L'ignorance et l'oubli me conviennent bien, écrire un roman suisse m'aurait arrangée. Je devais donc y renoncer, consciente que la réalité aussi cruelle soit-elle était plus intéressante que la jolie histoire que j'avais commencé à imaginer.
Mensonges au paradis de Colombe Schneck

Retour sur des années heureuses dans un home d’enfants en Valais. Heureuses ? Vraiment ? Pour toutes et tous ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est un grand chalet aux fenêtres encadrées par des volets peints en vert foncé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai passé toutes mes vacances, de mes six ans à mes vingt ans, dans un Home d'enfants situé dans une vallée suisse. Comme à tant d'autres jeunes aux familles absentes, ces heures de marche dans la montagne, les punitions et les frites me plaisaient infiniment. Le chalet était tenu par la famille Ammann, les parents et leurs enfants Patou et Vava. Trois décennies plus tard, je suis retournée dans la vallée, que j'ai trouvée intacte. Quand je commence à écrire ce livre, je le rêve pur comme ce passé. Mais j'apprends que Patou est en prison pour escroquerie, que Vava, mon amie d'enfance, est en souffrance psychique et passe ses journées sur les réseaux sociaux.

Sidérée, j'ai enquêté de manière obsessionnelle. Pourquoi ont-ils renoncé à la réalité pour vivre au pays du mensonge ? Mais répondre à cette question n'était pas suffisant : il m'a fallu ouvrir les yeux sur mes propres impostures. »

L’improbable monsieur Owen

Maigret est à l’hôtel, au soleil, à Cannes ! pendant que Madame Maigret est au chevet de sa tante Émilie. Il en profite pour résoudre un meurtre qui a lieu dans l’hôtel durant son séjour. Une résolution aussi improbable que le titre de cette nouvelle !

Il avait une nouvelle preuve de la divergence des avis en matière de beauté féminine. M. Louis lui avait dit :
 - Une jolie blonde...
Et, comme on avait ajouté qu'elle était bien en chair, il l'avait imaginée grassouillette. Or, Mlle Germaine était peut-être belle, mais elle n'était pas jolie. Si ses traits étaient réguliers, ils étaient durs, et ses formes trop nettes étaient loin de donner une impression de faiblesse féminine.
L’improbable monsieur Owen de Georges Simenon

Une nouvelle où l’on apprend que pour Maigret (et Simenon ?), la beauté féminine est « faible ». Je vous laisse ça là.

Une nouvelle introuvable autrement que dans des recueils du type « Tout Simenon »… Et c’est bien dommage. Alors un grand merci à la regrettée Team AlexandriZ.

Maigret 37/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était merveilleux d'être là, les yeux clos, de sentir les paupières picoter sous la caresse d'un soleil filtré par les rideaux jaunes ; c'était merveilleux surtout de se dire qu'il était deux heures et demie, ou trois heures de l'après-midi, peut-être plus, peut-être moins, et qu'au surplus ce rongeur de l'existence qu'on appelle une montre n'avait en l'occurrence aucune importance.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maigret, passe ses vacances sur la Côte d'Azur, dans un palace de Cannes. Le portier du palace, M. Louis, est une vieille connaissance du commissaire. Bien décidé à profiter du soleil méditerranéen, Maigret va cependant devoir se charger d'une enquête, sur la demande de M. Louis: dans une chambre de l'hôtel, occupée par un vieux Suédois toujours vêtu de gris, on a découvert le cadavre d'un jeune homme, noyé dans la baignoire

Maigret s’amuse

Surmené, il est temps pour le commissaire de prendre un peu de repos ! Poussé par son ami Pardon, il se décide à prendre du repos… juste au moment où une affaire éclate à Paris. Saura-t-il laisser Janvier s’en charger, quitter Paris et profiter de ses vacances avec Madame Maigret ?

 - Calvados pour tout le monde ? demanda-t-il en tirant sa pipe de sa poche, au moment où la serveuse en tablier blanc apportait le café.
Il comprit le coup d'oeil que sa femme lui lançait, celui qu'elle lançait ensuite, plus furtivement, à Pardon. Il n'était pas ivre, ni même éméché. Il ne devait guère avoir bu plus que les autres, mais il n'en était pas moins conscient d'un certain pétillement de ses prunelles, d'une façon molle de parler qui ne lui étaient pas habituels.
Deux fois, pendant le dîner, Mme Maigret l'avait observé avec une pointe d'attendrissement, la première quand il avait commandé la friture de goujons, la seconde quand il avait réclamé ensuite une andouille grillée avec des pommes frites.
Maigret s’amuse de Georges Simenon

Un Maigret où ça bouffe et picole pas mal avec, en toile de fond, les impatiences d’un commissaire qui peine à lâcher prise

Maigret 78/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le commissaire à la fenêtre
Le petit vieux à barbichette sortait à nouveau de l'ombre de l'entrepôt, à reculons, regardait à gauche et à droite, avec un geste des deux mains comme pour attirer vers lui le lourd camion dont il dirigeait la manœuvre. Ses mains disaient :
- Un peu à droite... Là... Tout droit... Tout droit... Doucement... A gauche... maintenant... Braquez...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une cardiaque nymphomane et croqueuse de diamants.
Maigret s'est juré cette fois, pour des raisons de santé, de prendre de vraies vacances. Il donne à la PJ son adresse aux Sables-d'Olonne, mais reste à Paris où il compte flâner en compagnie de Mme Maigret. Il apprend, en lisant les journaux, que l'on a découvert boulevard Haussmann, dans un placard du laboratoire du docteur Jave, le corps dénudé d’Eveline, l’épouse du médecin. Maigret est passionné par l'enquête que mène en son absence l'inspecteur Janvier et qu’il suit en lisant les journaux, tout en se promenant dans Paris avec son épouse. Il envoie de temps en temps à Janvier des billets anonymes susceptibles de l'orienter dans ses recherches…

L’étincelle

Pendant les vacances de ses dix-huit ans, Coralie passera de l’innocence de enfance à… à autre chose. Durant ces quatre semaine elle aura mis de côté ses peurs, oublié la culpabilité et laissé la place à la découverte, l’ivresse des corps, de l’alcool et des drogues.

L’étincelle de Karine Reysset

Un livre qui n’est pas sans rappeler les ambiances lourdes et pesantes de Bonjour tristesse, de la chaleur de l’été, des transgressions et de la difficulté de sortir indemne des premiers émois mal négociés.

Un livre qui semble tellement coller à une réalité qu’on ne cesse d’y rechercher quelle en serait la part autobiographique.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Je n'ai plus grand-chose à voir avec la jeune fille que j'étais. Elle m'est devenue presque opaque, comme inaccessible. C'est sans doute pour cette raison que j'ai tant besoin de gratter sous la poussière du temps pour la retrouver intacte.»
Août 1993, Coralie quitte le modeste pavillon de banlieue de sa mère pour la splendide maison de famille de Soline, peuplée d'amis, de parents et d'enfants dont l'aisance et la culture l'émerveillent. Mais derrière les apparences, les amours débutantes virent à la passion, les secrets inavouables des adultes se révèlent, alors qu'au camping voisin une enfant disparaît. Dans cette atmosphère lascive et trouble, ce sera l'été de tous les apprentissages.
Avec L'Étincelle, Karine Reysset livre le roman de cet été brûlant, où une jeune fille en apprendra sur la vie bien plus qu'elle ne l'aurait voulu

Je vais rester

Stupéfiant ! Après un début qui m’a laissé abasourdi et avoir revu plusieurs fois la même case pour être sûr d’avoir bien compris, je me suis retrouvé dans la même sidération que Fabienne.

Je vais rester de Lewis Trondheim et Hubert Chevillard

Et c’est tout le génie de cet album que de nous plonger immédiatement dans le sujet, de nous permettre cette identification surréaliste à cet événement invraisemblable

C’est à Palavas, au bord de mer, Fabienne et Roland qui désirent un enfant vont passer une semaine de vacances bien organisée et…

Une magnifique bande dessinée, un chef d’oeuvre de sensibilité, un scénario millimétré avec un dessin poétique au cordeau !

Splendide !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Non, dans les papiers ils disent bien : "Pas d'accès à la location avant 14h".


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Fabienne et Roland débarquent à Palavas pour passer la semaine. Roland a tout payé, tout organisé et scrupuleusement consigné chaque étape du séjour dans un carnet.
Ils s'apprêtent à déposer leurs bagages à l'appartement.

Soudain, elle se retrouve seule.
Stupeur, déni...
Contre toute attente, elle décide de rester

Bonjour tristesse

Tombé sur la très bonne bande dessinée de Frédéric Rébéna, je me suis dit qu’il serait bon de lire ce livre culte qui propulsa Françoise Sagan superstar !

Bonjour tristesse de Françoise Sagan

Un premier roman de 1954 alors qu’elle n’avait que 18 ans. Plutôt bien foutu malgré quelques passages un peu approximatifs, mais : un très, très bon premier roman ! Subtil, étouffant, plein de culpabilité et de désirs, moite et calculateur. Un bord de mer, une ado désœuvrée, un père en mal de séduction, un triangle amoureux… Si j’étais un peu taquin, un peu le livre que Djian aurait aimé écrire.

Un roman court à la hauteur de sa renommée

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La villa est magnifique, l'été brûlant, la Méditerranée toute proche. Cécile a dix-sept ans. Elle ne connaît de l'amour que des baisers, des rendez-vous, des lassitudes. Pas pour longtemps. Son père, veuf, est un adepte joyeux des liaisons passagères et sans importance. Ils s'amusent, ils n'ont besoin de personne, ils sont heureux.

La visite d'une femme de cœur, intelligente et calme, vient troubler ce délicieux désordre. Comment écarter la menace ? Dans la pinède embrasée, un jeu cruel se prépare.

C'était l'été 1954. On entendait pour la première fois la voix sèche et rapide d'un «charmant petit monstre» qui allait faire scandale. La deuxième moitié du XXe siècle commençait. Elle serait à l'image de cette adolescente déchirée entre le remords et le culte du plaisir

Bonjour tristesse

N’ayant jamais (pas encore) lu le roman de Françoise Sagan, c’est candidement que je me suis lancé dans cette lecture. Une BD qualifiée de très bonne adaptation infidèle du roman par Frédéric Beigbeder.
Comme il l’écrit en préface, Françoise Sagan aurait aimé ce livre car il lui manque de respect, la réveille et lui confère une nouvelle jeunesse.

Bonjour tristesse de Frédéric Rébéna adapté du roman de Françoise Sagan

Et effectivement, c’est jeune et très frais, malgré la grosse lourdeur du propos.

Des sales vacances dans la chaleur moite du bord de mer

PS : c’est fait, j’ai lu le roman, et j’ai bien fait !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Cécile.
Merci de m'avoir permis de lire ton roman.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Anne était un beau serpent, elle se glissait entre nous.
Elle allait nous voler notre bonne chaleur...
Sa froideur était sa forme de vie.
J'entrai par elle dans un monde de mauvaise conscience.
Moi, naturellement faite pour l'insouciance...
Je me perdais moi-même. »

Un été sans maman

Une bande dessinée sans paroles (ou si peu) d’une grande poésie. De la poésie graphique ?

Un été sans maman de Grégory Panaccione

Les vacances d’une petite fille en Italie chez des amis qui ne parlent pas français, des fleurs qui apparaissent, un petit copain sur la plage, des mystères qui surviennent et l’histoire prend un tour fantastique bien amené qui ne se dévoile que petit à petit

Une histoire très touchante et qui peut être lue sans en connaître la référence (expliquée en toute fin du livre)

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Cet été, Lucie va en Italie. Elle est déposée par sa maman chez un couple d'amis qui ne parlent pas français. Des vacances pas ordinaires vont commencer

Un été avec Geronimo

Un livre de souvenirs d’enfance, la découverte du monde sous la tutelle bienveillante du grand-père apache, Geronimo. Ça sent l’herbe, les sous-bois, les vieux tissus rêches, les culottes courtes, le miel, les chiens mouillés, la liberté et l’amour.

J'avais droit aussi à quelques cours pratiques. Un matin de fin septembre, lors d'une pause-pipi nous regardions, assez loin, une silhouette qui fanait les éteules. « Elle est moche, la vieille », j'ai dit. Et j'ai reçu une gifle. La seule qu'il m'ait donnée. Nous étions tous les deux stupéfaits. Il m'en a collé une de bon cœur et m'a dit : « C'est une femme. » Je n'ai pas pleuré. Nous sommes restés muets l'un en face de l'autre, nous avons repris notre marche en silence puis il m'a fait asseoir et m'a demandé pardon. Il a parlé de misère, de temps difficiles, de cette femme qui ramassait les restes de la moisson. Il a parlé de respect et de compassion avec des mots si simples que nous nous sommes pardonné tous les deux.
Un été avec Geronimo de Raoul Pastor

C’est très chou, tendre et sentimental, malgré un style et une construction un peu décousus qui m’ont parfois lassé.

Un livre à déguster comme un album de photos qu’on aurait oublié trop longtemps au grenier.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Pendant cette année qui a duré tant d'étés, il a rangé ses incertitudes d'adulte pour me guider en me laissant la liberté de tomber. [...] Cette année-là, le temps ne s'arrêta certes pas, mais elle lui permit de le croire puisque Geronimo ne s'occupa plus que de s'approcher de mon enfance pour mieux la regarder et la comprendre, oubliant ainsi, pour un instant, de vieillir. »

Un été avec Geronimo n'est ni un livre de souvenirs ni une biographie. Elle serait bien trop courte. C'est un recueil d'impressions, de sensations, de couleurs, de parfums qui ont façonné et conduit la vie d'un enfant et qui, cinquante ans après, sont restitués par un adulte avec l'impérative subjectivité qu'impose le temps. C'est la photographie d'un moment