Un Noël avec Winston

Homme d’état, écrivain, buveur, fumeur, mangeur, hyperactif, brillant, joueur, dispendieux, charismatique… Churchill a marqué l’histoire.

Avant le succès de sa production, d'abord journalistique puis littéraire, dépassant allègrement les honoraires de sa fonction au gouvernement, Winston a eu du mal à faire bouillir la marmite. Cette année 1940 serait sans doute très difficile. Un poulet ? Sauté ou marengo, alors. Quant aux vieux coqs et aux vieilles poules, flanquez-les au pot, gardez le bouillon et donnez la viande à vos ennemis, avec des cure-dents! Mais la providence ou la chance ont chaque fois suppléé. S'il se moque des conventions, Winston vénère la tradition.Le premier dimanche de l'Avent, lors du Stir-up Sunday, le pudding a été remué avec une cuillère, en faisant un vœu, avant de le mettre dans un moule pour lui donner sa forme finale. Et la veille de Noël, les cadeaux ont été déposés dans une housse d'oreiller suspendue au bout du lit.

Un Noël avec Winston de Corinne Desarzens

Corinne Desarzans en dresse une biographie volontairement atypique, sautillant de l’anecdote à la grande histoire tout en passant par des pensées plus personnelles. Tant de choses ont été déjà écrites sur ce personnage hors du commun.Lui qui savait, à 24 ans déjà, qu'il serait un jour Premier ministre : terrible qu'il me reste si peu de temps... Du héros écrasant mieux vaut ne retenir que le vivant. La sève, et les pensées qui la zèbrent. La ténacité. Ce mordant qui incite à voir le monde comme un faucon, sans négliger de vérifier que les accoudoirs de la salle à manger sont à la bonne hauteur.

Et c’est assez sympa même si, il est vrai, je m’y suis parfois perdu. Tant de personnages, d’événements, une vie tellement folle ne se laisse pas facilement apprivoiser.

Reste le ton et le style de l’écriture, et là, c’est quand même très sympa, un vrai bon moment avec l’exubérant Winston

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le meilleur moment, lors d'une fête, c'est l'avant et l'après.
L'avant, plein d'appréhension, à élaborer les étapes des préparatifs, saisi par l'envie de fuir loin des aiguilles de la montre et d'ignorer le coup de gong à l'arrivée des premiers invités. L'après, une cuisse de poulet à la main, très tard, un sourire ruisselant de graisse, se laissant accueillir par la nuit ouverte.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tournant le dos à la biographie linéaire en préférant un montage stylistique libre, Corinne Desarzens accueille les moments décisifs, les anecdotes et les histoires qui dessinent le portrait monstre d’un Winston Churchill éclatant et imprévisible. On découvre ainsi, cheminant par séquences dans sa vie, la tension lors du vote de remplacement de Chamberlain, l’atmosphère de la conférence de Yalta, les méthodes mnémotechniques du vieux lion pour retenir ses mille-sept-cents discours, sa demeure qui est un monde en soi, ses dettes, son combustible...

Ce portrait intime d’un homme excessif décrit, par-delà ses défauts et ses qualités, un sauvage, un phénix, un être que rien n’abat.